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19/04/2001

Bonfrere… mauvais frère

(MFI) Johannes Bonfrere, l’homme qui était un héros national après le titre olympique des Super Eagles à Atlanta en 1996, n’est plus en odeur de sainteté depuis plusieurs semaines au Nigeria. Les mauvaises prestations de l’équipe nationale ont littéralement pourri le climat entre l’entraîneur néerlandais, le ministre de tutelle et la fédération. Tout le monde aimerait bien le voir partir, mais personne ne veut payer les 200 000 dollars qu’il faudrait lui verser en cas de rupture de contrat.

Ancien joueur puis entraîneur de l’équipe de Maastricht, aux Pays-Bas, Johannes dit « Jo » Bonfrere débarque au Nigeria en 1990 dans les bagages de son compatriote Clemens Westerhoff. Il est son adjoint jusqu’au lendemain de la Coupe du Monde 94. Partagés entre la satisfaction d’avoir été une des grandes révélations de l’épreuve, et la déception d’une élimination qui aurait pu se transformer en victoire contre l’Italie en huitième de finale, les responsables nigérians décident de ne pas renouveler le contrat de Westerhoff et offrent le poste à son adjoint. Bonfrere accepte ; il sait ce qu’il fait. L’équipe est encore jeune et de nouvelles étoiles à l’instar du prodige Nwankwo Kanu pointent à l’horizon. A la surprise générale de ceux qui tiennent le football africain pour quantité négligeable et qui ont déjà oublié la performance des Nigérians aux Etats-Unis, les « Green Eagles » qui vont devenir « Super Eagles » après leur succès, remportent le titre olympique. Jo Bonfrere est un homme adulé. Son avenir paraît assuré dans son pays d’adoption. Mais, pour des raisons d’abord financières, il décide de répondre à l’appel du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Ce qui n’est que moyennement apprécié du côté de Lagos, où son départ est assimilé à un pur lâchage. Qu’importe, lorsque le Nigeria cherche un successeur à Bora Milutinovic, venu faire une pige pour le Mondial 98, il lui demande, non sans avoir beaucoup hésité, de reprendre l’équipe en mains avec pour objectif immédiat la CAN 2000. La vainqueur d’Atlanta échoue en finale contre le Cameroun. Il n’y est pour rien – une faute d’arbitrage lors de l’épreuve des tirs au but a peut-être privé le onze nigérian d’une troisième couronne continentale – mais la situation commence à se dégrader. Pour les Nigérians, la magie Bonfrere a été mise en échec.

Objectif Mondial 2002

Jo Bonfrere, instruit de ses premières années passées au Nigeria dans le sillage de Westerhoff, a fait établir un contrat en béton. Faute d’être payé dans les délais (30 000 dollars mensuels), il fait la gueule et part en vacances de longue durée dans son pays. Pour revenir. Il a le droit pour lui. Première sortie : le Nigeria bat la Sierra Leone sans convaincre. Mais le 9 juillet, grosse désillusion, les Super Eagles rentrent du Libéria avec une défaite. Inattendu, certains disent inadmissible. Trois mois plus tard, nouvelle déconvenue : la bande à Bonfrere n’a pu obtenir qu’un résultat nul à Antananarivo contre Madagascar, cette fois en éliminatoire de la Coupe d’Afrique. Les résultats du premier trimestre 2001 ne valent guère mieux avec une courte victoire face à la Zambie et un match nul contre le même adversaire à Chingola. Entre temps, les relations de Jo Bonfrere avec le ministre des Sports et la fédération n’ont cessé de s’envenimer. On ne se parle plus que par presse interposée. Bonfrere reproche leur incompétence à ses employeurs. Ces derniers ne voient plus en lui qu’un mercenaire responsable de la médiocre qualité du jeu produit par le onze nigérian. Tantôt, on lui fait grief de ne pas tout faire pour réunir les meilleurs joueurs souvent retenus par leurs clubs en Europe lors des matches de l’équipe nationale ; tantôt, on le condamne pour ne pas faire confiance aux joueurs du cru. Tous les arguments, même les plus contradictoires sont bons pour l’abattre, pour le pousser à la démission. Quand il demande à aller superviser le Soudan à Khartoum, la fédération lui fait savoir que s’il veut voyager, il devra le faire avec ses propres fonds ; quand il demande à faire une rapide tournée en Europe afin de parler avec les sélectionnés, même réponse. Jo Bonfrere n’a plus la cote au Nigeria. Si on pouvait le chasser à grands coups de pied, ce serait fait depuis plusieurs mois, mais le dédit à lui verser serait trop important, alors chacun campe dans sa forteresse. On verra bien qui gagnera la guerre d’usure.

Quel entraîneur, quels footballeurs

La situation de Jo Bonfrere au Nigeria peut faire sourire, tant elle paraît caricaturale. Elle ne l’est pas ; en réalité, à des degrés divers, elle est un peu celle de tous les pays qui font confiance à leurs joueurs expatriés. Dont on ne sait jamais à l’avance s’ils seront libérés par leurs clubs, quand ils arriveront, dans quel état de fatigue ils seront, comment ils auront voyagé. Combien de fois n’a-t-on pas vu les « pros » débarquer à quelques heures seulement du coup d’envoi des rencontres, sans vraie préparation, ayant tout juste le temps d’enfiler leur maillot et de lacer leurs chaussures. Il est évident que la marge de manœuvre de l’entraîneur devient très étroite. Au point que certains s’interrogent sur la nécessité d’avoir un entraîneur sur place. Ne vaudrait-il pas mieux, préconisent-ils, le laisser s’établir en Europe ; il aurait tout loisir de voir les joueurs, de leur parler, de les réunir régulièrement pour des regroupements de courte durée. Le premier à avoir organisé un tel rassemblement, en dehors d’une période d’avant-match, c’est l’ancien entraîneur du Cameroun, Pierre Lechantre, qui avait convoqué en France ses internationaux, dont une poignée à peine venait de Yaoundé. C’est bien à ce type de problème que n’a cessé d’être confronté Jo Bonfrere, sans compter l’indiscipline notoire des « Super Eagles ». Aujourd’hui, faute de résultats probants, le Bonfrere passe pour un faux frère. Ses jours au Nigeria sont comptés.

Gérard Dreyfus





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