(MFI) Chaque fin d’année – et le nouveau siècle n’y échappe pas – apporte sa large hotte de vœux mais aussi de promesses. A l’heure de cette distribution de largesses, le continent africain arrive bien souvent en tête des citations. La manne est on ne peut plus généreuse. Pourtant l’expérience prouve que la méfiance est la règle. Car lorsque l’on vient réclamer son dû, bien souvent la porte se referme sur un : «Ce n’est pas cela, vous n’avez pas bien compris ce que nous vous avions promis». Les marchands de rêve ont encore de beaux jours devant eux. Il faut éviter de prendre leurs déclarations au pied de la lettre. Jacques Rogge, élu au mois de juillet dernier président du Comité International Olympique en remplacement de Juan Antonio Samaranch, a récemment souhaité que les Jeux olympiques soient accessibles à tous les continents, en particulier à l’Afrique. Belle profession de foi qui a été aussitôt été interprétée comme une volonté à très court terme. Mais en lisant l’entretien accordé au journal L’Equipe il y a peu, on pouvait relever un mais…de taille. « Une ville candidate aura toujours besoin de 24 000 chambres d’hôtel de 4 et 5 étoiles, 14 milliards de francs en infrastructures et d’un budget d’organisation équivalent ». Quelle capitale d’Afrique peut imaginer qu’elle sera désignée dans les deux prochaines décennies ? Non seulement aucune ne dispose de tels moyens, mais si tel était le cas, il y aurait mille autres choses à réaliser avant. Le régime de la douche écossaise : un premier jet doux, suave, bienfaiteur, un deuxième bien glacé destiné à dissiper toute illusion, tout malentendu. Voilà quelques semaines, le président de la FIFA, Sepp Blatter, était heureux de pouvoir annoncer à l’Afrique que la retransmission de la Coupe du Monde 2002 serait libre de droits, à l’exception de l’Afrique du Sud (en fait une disposition arrêtée entre son prédécesseur, Joao Havelange et le président de la CAF, Issa Hayatou, il y a quelques années, et qui court jusque 2006). Or, dans les faits, il semble qu’il y ait eu une erreur d’interprétation. La société ISL qui avait acquis, avant sa banqueroute, ces droits pour l’Afrique, les a vendus à Entertainment International pour l’Afrique du Nord, et à TV Africa pour l’Afrique sub-saharienne. En clair, cela signifie que les télévisions africaines pourront transmettre les images du Mondial sans bourse délier, mais auront l’obligation de diffuser de larges écrans publicitaires avant, au milieu et après les matches. Alors qu’elles pouvaient, de leur côté, démarcher des annonceurs qui auraient mis un peu de beurre dans leurs épinards. Apparemment, il n’en est rien. Problème de sémantique : c’est gratuit mais… car il y a un mais ! Entre mensonges et vérités, le continent africain mérite un peu plus de respect. Il ne tend pas la main. Il demande à être traité en adulte. Il demande qu’on renonce, une fois pour toutes, aux effets d’annonce. Entre mensonges et vérités, il préfère la réalité au leurre. C’est de toute façon le meilleur service à lui rendre. Parce que des promesses sans cesse reportées aux calendes grecques, l’Afrique n’a que faire !
Gérard Dreyfus
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