accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Sport Liste des articles

31/05/2001

Le pari insensé du Mali

(MFI) Le Mali honorera ses engagements. A sept mois du coup d’envoi de la 23e Coupe d’Afrique des Nations, Ibrahima Sory Makanguilé, président du COCAN (Comité d’organisation), affiche une belle confiance. La tâche est d’envergure. C’est sans doute le pari le plus incroyable jamais engagé par le Mali, mais impossible, assure-t-on désormais à Bamako, Kayes, Mopti, Ségou, et Sikasso, n’est pas malien.

Victorieux d’un vote mémorable en janvier 98 à Ouagadougou, face à l’Algérie et à l’Egypte, le Mali s’est lancé dans une aventure d’abord laborieuse, hésitante, presque insurmontable en regard d’un manque considérable d’infrastructures susceptibles d’accueillir une compétition non seulement forte de seize équipes participantes, mais désormais – selon la volonté de la CAF – dispersée dans quatre sites différents.

L’incroyable défi

Le Mali avait tout à faire, tout à rénover, tout à construire, tout à mettre en place, tout à imaginer. Dans tous les domaines. Bâtir des hôtels, des villages de la CAN, à l’image de celui que les Burkinabé avaient édifié à Bobo Dioulasso, mettre en place des infrastructures sanitaires, construire des stades, tel celui du 26 mars dans la capitale, doter chaque ville de terrains d’entraînement, imaginer des moyens de transport, implanter des aéroports à Kayes et à Sikasso, mettre en place des programmes de sécurité, enfin - et ce n’est pas le moins coûteux – assurer la retransmission audio et télévisuelle de tous les matches. Un énorme chantier dont on connaît aujourd’hui le prix : soixante milliards de francs CFA, financés pour moitié par le budget de l’Etat, à raison de dix milliards de francs chaque année pendant trois ans.
« Nous voulons organiser une grande fête, une grande rencontre des Nations africaines », assurent les hauts responsables maliens. Ce qu’ils ne disent pas, ou à mots couverts, c’est qu’ils veulent tout autant profiter de l’opportunité pour donner un coup de fouet à l’économie malienne et au développement du pays. L’organisation d’un événement d’une telle ampleur est souvent l’occasion de désenclaver un pays et de devenir un instrument de fierté nationale. Nous pouvons le faire et nous le ferons, dit-on depuis de nombreux mois à Bamako.

Aux normes de l’Afrique

Dans l’esprit des organisateurs, la CAN 2002 ne doit pas être un événement surdimensionné, au-delà des possibilités du pays. Inutile de construire des installations qui ne serviront plus au lendemain de la Coupe d’Afrique. Pas question, par exemple, d’installer des hôtels luxueux qui se révèleraient par la suite des gouffres financiers. La formule qui a été choisie est celle de villages de la CAN – 42 à 50 villas de trois à quatre chambres par site – financés par le secteur privé. Ces villages seront opérationnels fin septembre, à peu près au même moment que l’ensemble des installations. Deux avions seront, en permanence, stationnés à l’aéroport de Bamako-Sénou. Ils feront la navette quotidiennement avec les sites de compétition et transporteront les officiels et les journalistes. Pour ce qui concerne les équipements de télévision, ils seront, en principe, loués, avec toutes les équipes pour les faire fonctionner, à une société espagnole, Media Pro. Reste que le coût de cette opération demeure particulièrement élevé (2,8 milliards de francs CFA) et qu’il a tendance à augmenter. Pourtant, sans télévision, point de CAN. Mais on savait, dès le départ, que ce serait un des postes les plus lourds de l’organisation. Il a fallu encore se conformer aux exigences de la CAF en matière de sécurité sanitaire ; à cet effet, chaque hôpital des villes concernées sera doté d’un bloc neuf. On l’a compris, depuis des mois et des mois, le Mali est un vaste chantier. Tellement gigantesque que beaucoup, dans le pays, ont pensé que le Mali finirait par être contraint de renoncer. Et pourtant, promis, juré, tout sera prêt courant novembre.

Défi relevé, pari à gagner

Oui, le défi est gigantesque. Aucun autre pays n’avait été autant mis à contribution avant d’organiser une Coupe d’Afrique des Nations. Et le Mali est loin d’être parmi les pays les plus riches du continent. Avec du retard, ce qui confère à l’aventure encore plus de périls, le pays s’est lancé avec acharnement dans son incroyable pari, dont il accroît les difficultés en décidant, par exemple, de faire jouer les équipes dans des sites différents lors de la première phase, comme cela avait été le cas lors de la Coupe du Monde 98 en France, ce qui risque de provoquer un véritable casse-tête en matière de transport et d’hébergement.
On demande à voir. C’est légitime. Parce que, répétons-le, aucun pays n’a jamais eu, avant le Mali, un tel effort à fournir. Aventure sportive avant toute chose, la CAN est presque autant une aventure humaine. Si le Mali honore pleinement son ambition, c’est toute l’Afrique qui aura gagné le pari de l’ingéniosité, de la volonté et du savoir-faire. Dans l’hypothèse contraire, la CAN devra limiter son territoire de pays organisateurs aux pays du Nord, à l’Afrique du Sud et à un ou deux autres Etats. Le Mali est en train de se battre pour le reste du continent.

Gérard Dreyfus





retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia