(MFI) De sales rumeurs ont circulé en Côte d’Ivoire, la semaine qui a précédé le déplacement des Eléphants à Pointe Noire. Selon ces bruits incontrôlés, les joueurs ivoiriens se seraient laissés acheter par les Tunisiens et se seraient engagés, par ce contrat avec le diable, à ne pas défendre leur chance dans un groupe où ils étaient les seuls à pouvoir remettre en question la qualification des Nordistes.
Les Ivoiriens n’ont pas gagné à Pointe Noire. Non pas parce qu’ils se sont mis pendant quatre-vingt dix minutes aux abonnés absents. Mais tout simplement parce que les Diables Rouges, qui n’avaient rien à gagner dans cette partie, ont joué crânement leur chance comme s’ils étaient encore en course pour la qualification. Et lorsqu’ils ont été menés à quelques minutes de la fin de la rencontre, ils se sont rués vers le camp ivoirien pour obtenir une égalisation largement méritée.
Responsables
En vérité, ce sont eux qui, pour parler crûment, auraient pu « vendre » le match. Ils ne l’ont pas fait, bien déterminés à respecter l’esprit de la compétition jusqu’au bout. Une attitude qui a pareillement été celle de l’Algérie dans une dernière rencontre capitale face à l’Egypte. On se souvient qu’avant cette rencontre, les Sénégalais s’étaient démenés auprès de la FIFA pour que le duel à distance se déroule à la même heure. Beaucoup redoutaient une entente entre Nordistes, oubliant que pour être toutes deux du Nord, l’Algérie et l’Egypte n’ont jamais entretenu les meilleures relations sur un terrain de football. Qu’importe les rumeurs allaient bon train, là aussi. Frères ennemis ils étaient, frères ennemis ils resteraient. N’en déplaisent aux spécialistes des sales rumeurs. Qui ignorent l’histoire. Et qui ignoraient que les Algériens n’avaient pas digéré leur lourde défaite du match aller et qu’ils n’entendaient pas concéder pour la première fois une défaite chez eux face aux Egyptiens.
Oui, Algériens et Congolais ont joué le jeu… jusqu’au bout, se sublimant lors de leur dernier match, respectant à la perfection l’esprit de fair-play, toujours loué, parfois, hélas, piétiné.
A l’attitude responsable des Diables Rouges et des Fennecs, comment ne pas opposer le comportement inadmissible des Etalons du Burkina Faso. A la veille de se rendre à Harare, les joueurs de l’équipe nationale se sont mis en grève, refusant de se déplacer au Zimbabwe, tant qu’ils n’auraient pas touché les primes de leurs matches précédents. Au tout dernier moment, devant l’intransigeance des joueurs, la fédération a mis dans l’avion les footballeurs de l’équipe cadette. Qui ont tenu tête à l’équipe A du Zimbabwe, s’inclinant par le plus petit des écarts.
Irresponsables
Que les sélectionnés aient des griefs à l’endroit de la fédération et du ministère de tutelle, c’est monnaie courant en Afrique. Que des joueurs aient des droits légitimes, nul n’en disconvient. Qu’ils prennent l’équipe nationale en otage, c’est tout simplement lamentable et inacceptable. Une attitude inqualifiable qui aurait pu mettre sur la touche l’ensemble du football burkinabé pendant de longs mois. Outre qu’elle aurait lourdement pénalisé financièrement la fédération, elle aurait eu pour conséquence immédiate la non-qualification de l’équipe cadette pour le Mondial de Trinidad et Tobago, au mois de septembre, et l’éviction de l’équipe A de la CAN 2002. C’est un véritable coup d’arrêt qui aurait stoppé les efforts du football burkinabé. Jamais une telle rébellion n’avait été aussi loin. Il faudra s’en souvenir lorsque viendra l’heure de procéder à la sélection des joueurs appelés à défendre les couleurs nationales au Mali.
En quelques jours, le football africain nous a offert le meilleur et le pire. Deux attitudes se sont opposées. Celles de joueurs responsables et d’autres qui ne l’étaient pas. On ne gardera en mémoire que les premiers qui contribuent à donner à l’extérieur du continent une image très positive d’un football africain souvent décrié. Algériens et Congolais se sont comportés comme des seigneurs. Vaincus avant l’échéance finale, ils ont été capables dans un match sans enjeu mais décisif pour leur adversaire, de combattre dans l’honneur et la dignité.
Gérard Dreyfus