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25/11/2002
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Le sport il y a 20, 25 ou 30 ans
Janvier 1973 : Lagos abrite les 2èmes Jeux africains après la défection de Bamako
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Près de huit ans après le lancement des Jeux africains à Brazzaville en juillet 1965, c’est Lagos qui accueille la deuxième édition. En principe, c’est tous les quatre ans que ces joutes devaient être organisés. Ainsi, Bamako avait été choisi pour 1969 mais le rendez-vous est annulé. Le régime de Moussa Traoré qui s’est installé au Mali en novembre 1968, suite à un coup d’Etat militaire, qui a évincé le président Modibo Keita, a renoncé à les organiser en dépit des dispositions qui avaient été prises avec le soutien de l’Union soviétique comme la construction d’un stade, d’un hôtel et d’une piscine.
Le bureau exécutif du Conseil supérieur du sport en Afrique (CSSA) se réunit le 24 février 1969 à Khartoum pour désigner un autre pays hôte. Le Soudan propose de tenir les Jeux en octobre 1969 mais l’offre est paradoxalement repoussée, il a été décidé de confier l’organisation au Nigeria qui doit les abriter en décembre 1971.
Les autorités de Lagos débloquent une enveloppe de 2 milliards de livres nigérianes pour édifier les installations sportives nécessaires, notamment une cité sportive et un stade de 50 000 places. Le gouvernement militaire nigérian annonça que « les Jeux auraient lieu, même si la guerre civile continuait à sévir dans le pays ».
Mais les événements allaient contredire cet engagement. Avec la guerre du Biafra qui venait de s’achever, des tâches plus urgentes interpellaient Lagos qui demande qu’on « lui accorde un délai supplémentaire au-delà de l’année 1971 ». Le CSSA n’a pas le choix, il exige toutefois du Nigeria qu’il choisisse le mois de janvier 1973 afin d’éviter la proximité des Jeux olympiques de septembre 1972 à Munich.
Le 7 janvier 1973 à Lagos, les 2èmes Jeux africains voient enfin le jour après bien des péripéties. Une quarantaine de pays sont là, seuls le Zaïre et la Libye ont déclaré forfait. La Tunisie, le Maroc et le Soudan aussi sont très peu représentés.
L’ordonnancement des Jeux laisse à désirer, l’organisation confiée à des militaires est loin d’être au point malgré les moyens importants dégagés par les autorités nigérianes.
Les athlètes et leurs entraîneurs sont mal logés et mal nourris. Les onze jours de compétition (11-18 janvier) sont un calvaire et un mauvais souvenir pour la plupart d’entre eux.
En dépit des impairs de l’organisation, la compétition est pourtant d’un bon niveau. L’athlétisme, principale discipline des Jeux, offre des épreuves âprement disputées.
Temps fort, le passage de témoin en demi-fond entre la jeune génération incarnée par le Tanzanien Filbert Bayi (20 ans) et la légende déclinante, le Kenyan Kip Keino sur 1 500 m. C’est l’unique défaite du Kenya dont l’une des étoiles montantes Ben Jipcho réalise un record du monde sur le 3 000 m steeple. Deux athlètes féminines dominent les joutes : la « golden girl » du Nigeria Modupe Oshikoya (trois médailles d’or sur les concours) et la vedette ghanéenne Alice Annum qui décroche le même nombre de médailles sur le sprint court.
Le Nigeria est lauréat dans le tournoi de football mais pour nombre de spécialistes, la révélation est la sélection nationale de Guinée qui a produit un jeu offensif de bonne facture.
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Kouassi Guesdet
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