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20/12/2002
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Le sport il y a 20,25 ou 30 ans
Février 1983 : Samaranch, élu président du CIO depuis trois ans, effectue une tournée en Afrique
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Du 21 février au 5 mars 1983, le président du comité international olympique (CIO) entreprend une tournée dans onze capitales africaines. Dans l’ordre, Juan Antonio Samaranch va se rendre à Yaoundé, Luanda, Kinshasa, Libreville, Abidjan, Lagos, Monrovia, Conakry, Banjul et Dakar. Il rencontre lors de ce périple les responsables des comités nationaux olympiques, les ministres des Sports et est reçu par les chefs d’Etat. C’est l’occasion pour Samaranch, dont c’est le premier voyage en Afrique en tant que président du Comité international olympique, de renouer les fils distendus du dialogue avec le continent.
Car l’Afrique et l’institution olympique ont eu les dernières années avant l’avènement de l’Espagnol des relations assez troubles. Les pays africains avaient boycotté les deux derniers Jeux olympiques. En 1976, 27 pays africains avaient renoncé à la participation des JO de Montréal après la visite quelques semaines auparavant de rugbymen néo-zélandais en Afrique du Sud, au moment même où les forces de police réprimaient brutalement des manifestations de populations noires à Soweto.
Quatre ans plus tard, une dizaine de pays dont le Kenya, puissance de l’athlétisme mondial, décidait de suivre le mot d’ordre de boycottage lancé par Washington qui entendait protester contre l’occupation de l’Afghanistan par des troupes soviétiques. Ces deux événements ont eu lieu alors que la présidence du CIO (1972 à 1980) était assumée par l’Irlandais Lord Killanin qui n’avait aucune tendresse particulière pour l’Afrique et qui s’est battu contre l’exclusion de l’Afrique du Sud raciste, imitant en cela l’Américain Avery Brundage (président de 1952 à 1972), suspecté d’avoir des sympathies très droitières. Les membres africains de l’institution olympique avaient d’ailleurs le sentiment de ne pas servir à grand chose au CIO car ils n’étaient consultés sur presque rien par ces deux hommes, sous les présidences desquels la quasi totalité des pays africains a fait son entrée au sein du mouvement olympique international.
Craignant de voir se perpétuer le même type de rapports lorsque Samaranch fut élu président en 1980, l’un des Africains, en l’occurrence le juge sénégalais Keba Mbaye, avait voulu démissionner du CIO. Mais il restera finalement sur l’insistance de Samaranch qui entendait s’ouvrir à l’Afrique et aux Africains et qui fera d’ailleurs plus tard du Sénégalais son conseiller très écouté. Samaranch va se rendre compte lors de sa tournée africaine des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les comités nationaux olympiques. Pour la plupart, ils ne sont que pure fiction car ils n’ont aucun moyen pour fonctionner même s’ils sont dirigés parfois par des responsables qui jouissent d’une grande respectabilité dans leurs pays.
Les promesses du nouveau président de l’institution olympique d’appuyer les comités nationaux olympiques seront tenues une dizaine d’années plus tard. Avec l’afflux de l’argent, grâce aux gains considérables engrangés en droits de télévision, les comités nationaux olympiques africains vont recevoir quelques subsides. Mais cet effort financier de Samaranch a été jugé dérisoire par certains spécialistes au regard de la masse d’argent récupérée par le CIO.
La tournée de Samaranch de février 1983 n’empêchera pas les amis africains de l’Union soviétique dont l’Ethiopie marxisante du président Mengistu de boycotter un an plus tard les Jeux olympiques de Los Angeles. L’Espagnol n’en tiendra apparemment pas rigueur aux Africains qui vont entrer en grand nombre au sein du comité national olympique. Ils seront une bonne vingtaine de dirigeants africains membres du CIO avant la crise de décembre 1998 qui quitteront la représentation, certains étant accusés d’avoir accepté ou demandé des faveurs pour soutenir la candidature de la ville américaine de Salt Lake City pour les Jeux d’hiver de 2002.
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Kouassi Guesdet
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