L’Ethiopie premier pays d’Afrique au tableau des médailles
(MFI) Comme il y a quatre ans à Séville où avec deux médailles en or et trois en bronze, l’Ethiopie occupe à Paris la première place africaine au nombre de médailles (trois en or, deux en argent et deux en bronze). Sur les trois derniers championnats du monde, le pays de Haïlé Gebrselassié a effectué des progrès constants. Il y a deux ans aux Championnats d’Edmonton, l’Ethiopie avait enlevé deux médailles en or, trois en argent et autant en bronze. L’athlétisme éthiopien a repris son rang d’avant les années 1980 où pour des raisons idéologiques, le régime politique d’Addis Abeba avait imposé aux athlètes éthiopiens le boycott des Jeux olympiques de Los Angeles 1984 et de Séoul 1988. Cette politique de la chaise vide avait affaibli le niveau du demi-fond et du fond. Explication du renouveau de l’Ethiopie : les athlètes bien encadrés par la fédération ont privilégié la préparation au lieu de courir les cachets dans les meetings. K. G.
Kenya : les meetings ont tué les sélections nationales
(MFI) L’athlétisme kenyan a montré les limites de son organisation à Paris. Ce pays qui s’est distingué depuis les années 1960 par la qualité de ses athlètes n’est plus une référence. Depuis 1968 aux Jeux Olympiques et 1991 aux Mondiaux, le Kenya règne sur le 3 000 steeple. Cette fois, c’est un Kenyan mais revêtu des couleurs du Qatar qui a régné sur son épreuve fétiche. C’est Stephen Cherono devenu Saïf Saeed Shaheen pour quelques paquets de pétrodollars. Tout un symbole, c’est justement la recherche effrénée du gain qui tue l’athlétisme de compétition du Kenya. Le moteur de l’athlétisme kenyan est devenu l’argent. Les athlètes ne courent plus pour la gloire du drapeau. Conséquence : ils sont démotivés. C’est un illustre inconnu, un junior de 18 ans sur 5 000 m et la marathonienne Catherine Nderebe qui ont sauvé le premier athlétisme africain de l’humiliation en enlevant deux médailles d’or lors de l’ultime journée des Championnats de Paris. Premier pays africain au classement des médailles aux Mondiaux de 1987, 1991, 1993, 1995, 1997 et 2001, le Kenya n’est que deuxième à égalité cette fois avec l’Afrique du Sud (deux médailles en or, une argent et une en bronze). K. G.
La calvaire des équipes de relais africaines
(MFI) Le relais est une épreuve collective par excellence. Il ne suffit pas d’additionner des athlètes rapides pour composer une équipe de qualité. Il faut aussi que les athlètes s’entraînent longtemps, trouvent ensemble des repères. Les Africains l’ont appris à leurs dépens lors des Mondiaux de Paris. Certains engagés ont renoncé à prendre le départ à la dernière minute (cas du Nigeria dames au relais 4 x 100) ou ont été disqualifiés lors de l’épreuve (équipe du Sénégal en finale du 4 x 400 dames ou celle du Nigeria en 4 X 400 messieurs). Comme la plupart de ces athlètes ne vivent pas dans le même pays, ils n’ont pas eu le temps de peaufiner leur préparation. Exemple : le relais féminin des Sénégalaises avec une équipe disparate composée de Tacko Diouf (qui vit en Espagne), Amy Mbacké Thiam (installée au Canada), Fatou Binetou Fall (pensionnaire du Centre international d’athlétisme de Dakar) et Aminatou Diouf qui s’entraîne en France. Même schéma avec les Camerounais (messieurs et dames). K. G.
La Mozambicaine Mutola, au superbe palmarès, se rapproche de son pays
(MFI) Il faudra une Africaine exceptionnelle pour faire mieux à l’avenir que la Mozambicaine Maria Mutola (800 m dames) qui a ajouté un énième titre à son palmarès aux Championnats de Paris. Le troisième après ceux de 1993 et 2001. Depuis le début de sa carrière en 1988, pas un titre en salle ou en plein air ne manque à son impressionnant tableau de chasse. A 31 ans en octobre prochain, la championne olympique de Sydney pense de plus en plus à sa retraite. Elle s’est rapprochée de son pays et de ses parents, en quittant l’Oregon aux Etats-Unis où elle a séjourné pendant une dizaine d’années pour vivre entre Johannesburg et Pretoria, en Afrique du Sud, à une heure d’avion et quatre heures de route de Maputo. Un moyen pour elle aussi de préparer sa reconversion. Elle a créé dans son pays une fondation pour venir en aide aux jeunes athlètes. Elle est aussi dirigeante puisqu’elle a été cooptée comme membre du comité olympique mozambicain. K. G.
JO 2012 : Paris marque des points grâce aux Mondiaux d’athlétisme
(MFI) Cinq cent cinquante mille spectateurs pour un taux de remplissage du stade de France de 93 %, une belle ambiance, une organisation sans couac, un public enthousiaste qui a su apprécier les performances de tous les athlètes même si les Français ont davantage, évidemment, bénéficié de leur soutien… : les neuf jours de Championnats du monde d’athlétisme ont non seulement été une belle fête mais un argument supplémentaire pour convaincre le Comité olympique international (CIO) que Paris est apte à recevoir les Jeux 2012. Les médias français ne se sont pas gênés pour le faire remarquer mais la presse étrangère a elle aussi félicité l’organisation. Selon le très sérieux quotidien anglais Financial Times, ce succès « ne passera pas inaperçu » auprès du CIO. Toujours dans les arcanes du pouvoir, l’ex président du gouvernement mondial du sport, Juan Antonio Samaranch, n’a pas hésité lui non plus à taper dans ses mains. « Pour qu’une compétition soit un succès, il faut un beau stade, de grands athlètes et un public enthousiaste. Durant ces championnats, la France a réuni les trois.»
Des membres du CIO, actifs ceux là, ont même été jusqu’à confier, sous couvert d’anonymat, que « Paris méritait les Jeux ». Il ne faut évidemment pas accorder trop d’importance à ce genre de déclarations très ponctuelles et peut-être un peu démagogiques… Mais dans la course à 2012, chacun se place et la vitrine du Mondial a été éclatante. Même la chaîne américaine NBC, qui est le principal bailleur de fonds du CIO via les droits télés, a reconnu que la capitale française avait désormais un temps d’avance sur ses concurrents. Au cas où New York ne tiendrait pas la distance, bien sûr… Côté français, on reste évidemment très prudent après la claque d’il y a deux ans, quand Pékin fut nommé pour 2008. « Ne soyons pas arrogants, a déclaré le maire Bertrand Delanoë. Gardons les pieds sur terre. Continuons à construire notre projet (…). En réussissant la coupe du monde, considéré comme le second événement sportif mondial, et le troisième événement sportif que sont les mondiaux d’athlétisme, nous montrons notre capacité à recevoir le premier d’entre tous : les JO. Encore faut-il avoir le meilleur dossier, celui qui servira le plus les valeurs olympiques ». M. R.
Athlétisme : le HSI ne veut pas mourir
(MFI) Mi club-mi entreprise, le HSI, c’est la structure d’entraînement la plus célèbre de la planète, celle de Green, Drummond, Boldon… Depuis la fin des Mondiaux d’athlétisme, c’est aussi la plus vexée. Heureusement que Allen Johnson a remporté nettement le 110 m haies pour sauver l’honneur de son grand manitou John Smith parce que le bilan a de quoi le plonger dans un abîme de réflexions: Maurice Green et Ato Boldon éliminés en demi-finale du 100 m, John Drummond exclu après un faux départ puis grotesque dans son refus de quitter le stade, Inger Miller absente, les coureurs de 400 m sortis également en demi-finales… Habitué à ramener entre cinq et neuf médailles depuis 1997, le clan Smith est retourné en Californie avec un profil nettement plus bas que d’habitude. Il n’y a eu que les médailles d’argent sur 100 m et de bronze sur 200 m de Torri Edwards pour adoucir légèrement la pilule. La fin d’une hégémonie ? « Nous avons eu de meilleurs championnats mais je ne peux pas être abattu ou triste, tente de se convaincre John Smith. L’important est de tirer les leçons de ses échecs et de se remettre au travail, en changeant peut être certaines choses, en retournant étudier s’il le faut. A la limite, cette perspective est excitante. Mon enthousiasme est intact. Nous ne sommes pas finis ». Très américain dans sa volonté de faire face à l’adversité, Smith annonce déjà la revanche de son clan, à Athènes. « Maurice pense déjà aux Jeux. Je suis sûr qu’il est capable d’être champion olympique à nouveau. Ato Boldon sera très fort. Il a retrouvé la forme et l’envie. Il a faim. » S’il le dit… M. R.
Athlétisme : Tommie Smith toujours debout
(MFI) C’était il y a trente cinq ans, en octobre 1968. Tommie Smith brandissait, aux côtés de John Carlos, un poing noir ganté sur le podium olympique du 200 m, pour protester contre la conditions des Noirs aux Etats Unis. Un geste qui allait le mettre au ban de la société américaine, exclu à vie de l’équipe américaine et de l’université de San José, resté longtemps un anonyme laveur de voitures, entre autres… Invité à Paris, à l’occasion du Mondial d’athlétisme, Smith revenait sur ce geste qui a bouleversé sa vie. « Il fallait que nous montrions ce que nous ressentions par rapport aux meurtres, aux lynchages, à la guerre du Vietnam, à toutes ces horreurs de l’époque. » Aujourd’hui, à bientôt soixante ans, il ne regrette rien malgré une vie bien compliquée. « Même mes copains noirs me voyaient d’un mauvais œil. Ils se contentaient de survivre à l’intérieur du système. Moi, je n’ai pas dévié et je me suis accroché pour obtenir un diplôme universitaire en sociologie du sport, seul, séparé des autres étudiants. Aujourd’hui, je reçois toujours des lettre de menaces, des courriers électroniques d’insultes de gens qui me désapprouvent et me disent de retourner dans ma jungle… Mais je n’ai jamais regretté mon choix. Mon acte a été pesé, calculé, réfléchi. Dans ma tête, j’y songeais encore en courant la finale du 200 m. » Un acte utile ? « Les droits élémentaires de l’homme continue d’être violés, y compris dans le sport. Trente cinq ans après, je constate que l’autre monde dont nous rêvions reste à construire. Les sportifs américains n’ont pas la même conscience civique que nous, malheureusement. Ils travaillent dur, gagnent leur vie, ça s’arrête là ». M. R.
Football : La Juventus de Turin et son encombrant sponsor
(MFI) Il en est qui doivent surveiller de très près les tractations franco-américano-anglo-libyennes à l’Onu, ces temps-ci… Pendant que le gouvernement français réglait la questions des indemnités dues par la Libye aux victimes de l’attentat du DC10 d’UTA, en 1989, la Juventus de Turin constatait que son équipementier Nike refusait de commercialiser ses maillots, marqués au sigle de la Tamoil, la filiale pétrolière du conglomérat d’Etat libyen, la LAFICO. Equipé par la société italienne Lotto la saison dernière, la Juve vient en effet de changer de fournisseur en lui déléguant complètement la commercialisation de ses produits dérivés sans en mesurer tout à fait les conséquences. Entreprise américaine sise à Portland, Nike tombe sous la loi américaine qui interdit tout commerce avec la Libye, toujours considérée comme un Etat terroriste. Un sacré manque à gagner pour le club italien. Heureusement pour la Juventus, la Libye étant prête à payer quelques milliards de dollars pour dédommager les victimes d’attentats et donc s’acheter une virginité diplomatico-commerciale toute neuve, l’Onu devrait arranger ça très vite en levant son embargo… M. R.
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