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14/10/2005
Prostitution : la filière des Blackettes

(MFI) Un documentaire entièrement autofinancé dévoile le fonctionnement, en France, des filières de la prostitution africaine.

A certaines, on a promis le mariage, une belle maison, une nouvelle famille. A d’autres, c’est un travail, fixe et bien payé, qu’on a laissé miroiter : coiffeuse, esthéticienne, infirmière. Difficile de résister depuis Douala, Accra ou Lagos aux lumières européennes : elles sont parties, mais du paradis des Blancs, elles n’ont connu que les nuits poisseuses et les mauvais traitements. Sur le trottoir parisien, elles sont devenues des prostituées, des « Blackettes », comme elles se nomment elles-mêmes. Pour suivre leur piste, démêler ses tenants et aboutissants, les journalistes Olivier Enogo et Romaric Atchourou ont enquêté pendant neuf mois. Les filières de la prostitution est le résultat d’entretiens conduits auprès des prostituées (celles, rares, qui acceptaient de parler), d’associations, d’officiers de police, de fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères.
A en croire les témoignages, la prostitution africaine en France est en pleine expansion. En deux ans, le nombre de réseaux démantelés a doublé, note un officier de police : 6 en 2001 contre 12 en 2003, dont 4 camerounais et 8 nigérians. Selon l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), 27 % des prostituées en France sont d’origine africaine : soit plus d’une sur quatre. Dans le même temps, les conditions de la traite, de même que le traitement des filles, ont dégénéré. Une responsable d’association parle même de criminalisation. On la croit : le film est dédié à « Adèle », vingt et un ans, pute ivoirienne sans papiers, assassinée d’un coup de couteau pendant le tournage par son proxénète : la police n’a pas enquêté.
D’où viennent les filles ? Au village, on a souvent promis à des parents plus ou moins dupes de les faire bénéficier d’une éducation, source, à terme, d’une manne financière souvent indispensable. Où vont-elles ? Trottoir, industrie du porno. Pourquoi restent-elles ? Par crainte, évidemment, et une responsable d’association parle de ces cérémonies lors desquelles quelques rognures d’ongles, des mèches de cheveux, parfois du sang menstruel sont enterrés, maraboutage simulé, mais terriblement efficace dès lors qu’on leur promet qu’en cas de fuite, ce sont leurs proches, au village, qui mourront. Mais peur, menaces, chantage et coups ne sont pas les seuls à entrer en ligne de compte.
Hors du trottoir, peu de pistes de sortie pour ces filles sans diplômes, dont la plupart parlent à peine le français. Beaucoup, note un responsable, disent qu’elles ne peuvent pas quitter la prostitution car elles doivent subvenir aux besoins d’une famille à qui elles cachent le plus souvent leur véritable « métier ». Les plus chanceuses parviennent à quitter leur maquereau et à s’installer à leur compte. Sinon ? « Elles ne cherchent que l’argent, le mec qui pourra les entretenir. Nous avons une mentalité d’une médiocrité… », fustige une militante. Quant aux autorités africaines, elles restent le point aveugle du film. Dans les villes du continent, fleurissent parfois de grands panneaux pédagogiques. Pour le reste, « les Africains sont très peu impliqués. Ils n’ont aucun projet. Il faut juste avoir de l’argent, être bien habillé, et puis ça leur suffit. Rien dans la tête, tout dans le derrière, passez moi l’expression… »

Elisabeth Lequeret


Les filières africaines de la prostitution, Olivier Enogo et Romaric Atchourou.
www.enogo.com



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