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27/02/2004
Micro-finances, l’avenir des pauvres

(MFI) Les micro-crédits, qui permettent aux pauvres d’accéder aux capitaux, sont devenus un facteur important de l’aide au développement fournie par les ONG et, plus récemment, par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. Ces derniers cherchent de plus en plus à associer le secteur privé à cette entreprise, en expansion non seulement en Asie et en Amérique latine mais aussi en Afrique.

Plus de 60 millions de personnes à travers la planète, dont 60 % de femmes, bénéficient de la micro-finance, accédant ainsi à l’épargne et au crédit, les prêts pouvant varier en moyenne de 25 à 1 000 dollars. S’il est difficile d’avancer un chiffre global, les experts estiment que le montant total des micro-crédits accordés oscillent entre 500 millions et un milliard de dollars par an. Une réunion organisée à la mi-février à Paris, en présence notamment de Mark Malloch Brown, administrateur du Programme de développement des Nations unies (Pnud), Jean-Michel Séverino, directeur général de l’Agence française de développement (AFD) et Elizabeth Littlefield, responsable du Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP) a permis de faire le point sur l’efficacité de cette aide, au terme de revues croisées sur la micro-finance.
Unité parrainée par la Banque mondiale, le CGAP regroupe 28 agences de développement intervenant dans la micro-finance et a pour vocation de coopérer avec le secteur en travaillant à fixer les normes nécessaires, fournir des services de conseil, entreprendre des recherches et concevoir des systèmes innovants en matière de financement et de développement. Il fournit ces services aux prestataires de services financiers, aux agences donatrices, aux Etats et à d’autres instances dans plus de 60 pays. Les revues croisées de la micro-finance ont permis de réfléchir sur le bon fonctionnement de ce type d’aide qui souffre encore de la dispersion des efforts, de l’absence d’expertise et jusqu’à récemment, de l’absence du secteur privé ou des institutions financières qui, en général, « voient plus grand ».


« Les hommes et les femmes pauvres sont plus solvables que d’autres »

« Les hommes et les femmes pauvres sont plus solvables que d’autres, car ils honorent leurs dettes quand on leur fait crédit et qu’on leur permet d’améliorer leurs conditions de vie », n’hésite pas à souligner le responsable du Pnud. Pour Mark Malloch Brown, « les bailleurs de fond doivent unir leurs forces pour construire un secteur financier ouvert à tous. Le processus des revues croisées est un bon départ. » Jean-Michel Séverino précise pour sa part que plus de 1,5 million de personnes bénéficient déjà de concours de l’AFD dans la micro-finance, précisant que la majorité de la population pauvre n’a pas accès à des services financiers.
Le secrétaire général des Nations unies est lui aussi un chaud partisan de la micro-finance. Pour Kofi Annan, « la dure réalité reste que la plupart des populations les plus pauvres n’ont pas encore accès à des services financiers pérennes et viables, qu’il s’agisse d’épargne, de crédit ou d’assurances. L’enjeu essentiel sera donc pour nous d’éliminer les contraintes qui excluent les plus démunis d’une pleine participation au secteur financier ».
Les micro-crédits ont vu le jour au Bangladesh au milieu des années soixante-dix et sont devenus une des composantes de l’aide au développement depuis une vingtaine d’années. Fondée au Bangladesh à la suite de la famine qui y sévit en 1974, la Grameen Bank (Grameen signifie village), considérée comme l’ancêtre de la micro-finance, a pour vocation d’accorder des crédits aux exclus du système bancaire, c’est-à-dire les plus pauvres, jusque-là dépendants des usuriers. Par ailleurs, la nécessité d’un financement des activités productives était réelle et celui-ci favorisait l’émancipation des femmes, dans un pays où elles sont souvent dépendantes des hommes. Son fondateur, Mohamad Yunus, était parti du principe qu’une somme minime – par exemple le montant nécessaire à l’achat d’une machine à coudre – est souvent suffisante pour permettre le démarrage ou le développement d’une activité, particulièrement dans les campagnes : le micro-crédit était né.


Pour financer une formation

Dernière arrivée sur ce terrain, l’Afrique se mobilise à fond. Le continent, qui connaît déjà le système de la tontine (fonds d’épargne commun entre un groupe d’individus, qui tient son nom d’un banquier italien, Tonti) et le secteur informel, caractérisé souvent par une sur-épargne qui n’entre pas dans les circuits financiers classiques, multiplie les projets de micro-finance. Ainsi la République démocratique du Congo a décidé de créer une Direction de l’économie informelle afin de mobiliser le secteur pour la relance de l’économie du pays, sinistré par la dictature et les guerres. Des micro-crédits seront notamment octroyés aux opérateurs du secteur informel qui solliciteront une aide à la formation. Des femmes se sont regroupées pour former de petites entreprises et des associations et remboursent fidèlement leurs crédits. Plus à l’ouest, où les femmes, là aussi, tiennent le petit commerce, l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest a décidé de créer une Banque de la solidarité régionale pour favoriser les micro-crédits ; ceux-ci se sont par ailleurs multipliés en Ouganda ou au Kenya après la démocratisation du régime, au Maroc…
Parmi les projets de l’AFD en Afrique figure la création d’une institution de micro-finance à Madagascar, l’Adefi, qui regroupe des micro-entreprises urbaines d’artisanat et de services. En 2002, Adefi a même mis en place un guichet PME destiné à financer les besoins d’investissements de micro-entreprises ayant grandi. De plus, une banque locale a décidé de rentrer dans le capital d’Adefi qui se transforme en société anonyme. L’AFD participe également, aux côtés d’autres institutions comme la Banque mondiale, au financement de la société privée Edu Loan qui prête les ressources financières nécessaires pour accéder à une formation aux salariés sud-africains n’ayant pas accès aux banques traditionnelles en raison de la faiblesse de leurs revenus.


Marie Joannidis

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