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04/07/2002
G8-Nepad : encore des promesses

(MFI) Le sommet du G8 à Kananaskis au Canada devait être celui de l’Afrique. En fait, il a été dominé par la lutte contre le terrorisme international et la crise au Moyen-Orient, même si les huit pays les plus industrialisés du monde ont adopté un plan d’action pour soutenir le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).

Présenté comme la réunion de la « dernière chance » pour les Africains, sollicités depuis un an pour préparer des projets susceptibles de réussir l’examen de passage des bailleurs de fonds, ce sommet a surtout été celui des promesses, qui devraient être tenues à condition que les pays du continent respectent la bonne gouvernance économique et politique. « En appui aux objectifs du Nepad, nous nous engageons à mettre en œuvre des partenariats renforcés avec les pays africains dont les résultats correspondent aux engagements pris », indique ainsi le communiqué final des dirigeants des huit pays – Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie, devenue désormais un membre à part entière de ce groupe. « Nos partenaires seront choisis en fonction de résultats mesurables. Cela nous amènera à concentrer nos efforts sur les pays qui se montreront attachés politiquement et financièrement à la bonne gouvernance et à la primauté du droit, qui investiront dans leur capital humain et qui poursuivront des politiques propres à stimuler la croissance économique et à réduire la pauvreté », ont-ils souligné.
Les Africains qui ont élaboré, certes dans un certain désordre, mais activement avec l’aide des représentants du G8, de nombreux projets à caractère régional et continental, avaient espéré davantage que ce Plan d’action pour l’Afrique dont les résultats seront examinés au prochain sommet du G8, qui se tiendra dans un an en France. Malgré les propos « optimistes » de leurs quatre représentants au sommet – les chefs d’Etat algérien, nigérian, sénégalais et sud-africain – ils ne peuvent que constater qu’ils ne bénéficieront que d’une partie – et sous condition – des nouveaux concours promis lors de la conférence sur le financement du développement à Monterrey au Mexique. « D’ici 2006, ces nouveaux engagements se traduiront par une augmentation de l’aide publique au développement (APD) de 12 milliards de dollars américains par an, au total. Chacun de nous décidera, en fonction de nos priorités et procédures respectives, de l’affectation des fonds supplémentaires que nous avons promis », ont souligné encore les pays les plus riches dans leur déclaration.


Un milliard pour alléger la dette, 20 milliards à la Russie

« En partant du principe que les pays africains prendront des engagements politiques solides, et étant donné les tendances récentes en matière d’aide, nous avons bon espoir qu’en tout la moitié ou plus de notre nouvelle aide au développement pourrait aller aux nations de l’Afrique qui sont gouvernées avec justice, qui investissent dans leur capital humain et promeuvent la liberté économique, ont-ils ajouté. De cette façon, nous appuierons l’objectif du Nepad. Nous contribuerons ainsi à faire en sorte qu’aucun pays qui s’attache vraiment à lutter contre la pauvreté, à instaurer une bonne gouvernance et à engager des réformes économiques ne se voie refuser la chance de réaliser les objectifs du millénaire faute de moyens financiers. »
A propos de l’allégement de la dette, les leaders du G8 ont promis une enveloppe supplémentaire d’un milliard de dollars dans le cadre de l’initiative PPTE pour les pays pauvres très endettés. Mais des ONG spécialisées dans le développement notent que les pays africains remboursent plusieurs milliards de dollars par an à leurs créanciers. Ils notent aussi que la Russie a bénéficié à Kananaskis d’une aide de 20 milliards de dollars pour détruire progressivement son arsenal d’armes chimiques, « en fait pour empêcher qu’il ne tombe entre des mains hostiles », a estimé l’un d’eux, pour qui cette mesure démontre bien que la principale préoccupation du G8 a été la lutte antiterroriste, sous l’impulsion des Etats-Unis.


Refus d’ouvrir véritablement les marchés aux produits africains

Les détracteurs du sommet, tenus à bonne distance des réunions, ont aussi déploré le refus d’ouvrir véritablement les marchés aux produits africains, puisque le G8 envisage toujours des négociations dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) où l’Afrique ne fait pas le poids face aux riches, qui n’arrêtent pas de subventionner leurs propres produits agricoles.
Par ailleurs, les 8 ont fait quelques annonces concrètes sur des initiatives déjà en cours : soutien aux initiatives de paix en Afrique, pour résoudre notamment les conflits en RDC et au Soudan et consolider la paix en Angola et au Sierra Leone. Ils promettent ainsi leur appui à la création et la formation de forces de maintien de la paix africaines.
Les dirigeants africains présents à Kananaskis – que ce soit le Sud-Africain Thabo Mbeki, chantre du libéralisme et du secteur privé ou le Sénégalais Abdoulaye Wade qui courtise les investisseurs tout en insistant sur l’importance de l’aide publique au développement – ont estimé qu’un « pas important » avait été franchi. « Il faut maintenant continuer à faire le ménage chez nous tant sur le plan politique qu’économique afin d’obliger les pays riches à tenir leurs engagements, puisqu’ils ont promis d’accompagner nos efforts », souligne un haut fonctionnaire international africain, quelque peu désabusé.


Marie Joannidis

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