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MFI HEBDO: Politique Diplomatie Liste des articles

16/09/2005
L’Amérique latine en 2005 (2)
Les pays du Mercosur (marché commun du Sud) : Fiches-pays


Uruguay

Longtemps considéré comme un modèle de démocratie et de stabilité dans le sous-continent, l’Uruguay est entré à la fin des années 1960 dans une période de stagnation économique, doublée d’une radicalisation politique qui a abouti, en 1973, à l’instauration d’un régime militaire. Elu Président de la République en 1985, M. Sanguinetti, du Parti Colorado, a assuré la transition démocratique. L’alternance traditionnelle entre les deux principaux partis – « Colorado » (libéral, d’orientation laïque), et « Blanco » (droite de type démocrate-chrétien, bien implantée en milieu rural) – a alors repris, tandis que la gauche, regroupée au sein du Frente Amplio, progressait à chaque élection.
Tabaré Vazquez, candidat de la coalition de gauche Encuentro Progresista – Frente Amplio (EP-FA), est élu Président de la République dès le premier tour aux élections du 31 octobre 2004 (50,7 % des voix). Il s’agit d’une première dans l’histoire de l’Uruguay, où jamais un Président de gauche n’avait exercé le pouvoir. Au cours des premiers mois de son mandat, le nouveau gouvernement donne la priorité à la convalescence économique, s’efforçant tant de ménager les interlocuteurs étrangers et les institutions financières internationales que de tenir compte, sous la pression de l’aile gauche de la coalition gouvernementale, des besoins sociaux d’une population durement affectée par la crise : 100 millions USD par an devraient être consacrés à un plan d’aide d’urgence.

L’économie uruguayenne reste dominée par l’agriculture (viande, cuir, céréales, laines et textiles), dont les produits dérivés représentent plus de la moitié des exportations du pays, en dépit de sa faible part dans le PIB (6 %). Elle a été touchée de plein fouet par la crise argentine, avec un chômage qui a atteint le niveau record de 19 % de la population active. Avec le soutien déterminant des Etats-Unis, le FMI a débloqué plus de 1,5 Md USD. Un plan d’ajustement budgétaire et des mesures de relance (secteur de la construction) ont été adoptés. Par ailleurs, le gouvernement a diminué les crédits de la fonction publique et renforcé les programmes d’aide aux populations défavorisées. Si le service de la dette, qui grève lourdement le budget de l’Etat, reste un sujet de préoccupation, la reprise s’est confirmée en 2004, avec une croissance du PIB à 12,5 %.


Paraguay

Alors que le pays était dominé par une junte militaire, le premier président civil depuis 39 ans, Juan Carlos Wasmosy (parti colorado) est élu au Paraguay en mai 1993 avec l’appui de généraux. Des lois adoptées fin 1994 et en 1995 interdisent alors aux militaires de s’exprimer publiquement sur les questions politiques et brisent le lien qui, depuis le Général Stroessner, les liaient au parti Colorado. Entre 1996 et 1999, le pays traverse une phase d’instabilité : tentative de coup d’Etat en 1996, emprisonnement du général Oviedo, candidat du parti Colorado aux élections présidentielles de 1998, assassinat en 1999 du vice-Président de la République, M. Argaña, et démission du président Cubas sous la pression du Brésil et des Etats-Unis, remplacé par le président du Sénat, González Macchi. Seule l’élection, le 27 avril 2003, de Nicanor Duarte Frutos, marque le retour à la stabilité. Journaliste, avocat, ancien ministre de l’Education du gouvernement du président Wasmosy (1993-1998), le nouveau chef de l’Etat s’était tenu depuis deux ans en retrait de la vie publique, évitant ainsi de souffrir de l’image de son prédécesseur, qui avait dû faire face à une tentative de destitution par le Sénat pour corruption et mauvaise gestion.
Il fait preuve, depuis le début de son mandat, d’autorité et de fermeté dans la conduite des affaires de l’Etat, et s’est engagé dans la lutte contre la corruption et la pauvreté, avec des objectifs ambitieux en matière de réformes structurelles (rénovation de la Cour suprême, menée à bien en 2004, réforme fiscale, nouveau régime des retraites, réforme de la banque publique, code douanier ). Il est cependant en butte à de fortes résistances ainsi qu’à des conflits sociaux croissants (problèmes des paysans sans terre notamment).

L’économie paraguayenne reste cantonnée à un petit nombre de secteurs : agriculture, élevage, électricité. Elle est très dépendante des importations de biens de consommation ou d’équipement. Les exportations paraguayennes, peu diversifiées, sont sensibles aux variations des cours mondiaux. La situation économique s’est dégradée au cours des années 1990. La croissance a été négative en 1998, faible en 1999 (+ 0,5 %), et nulle en 2000 sous l’effet d’un environnement extérieur défavorable et de la hausse des taux d’intérêt. La crise argentine a pesé lourdement sur l’économie paraguayenne. Tous les indicateurs se sont dégradés en 2002.
La croissance n’est revenue qu’en 2003. Le FMI a accordé, le 16 décembre 2003, un accord stand-by de 73 millions de dollars pour soutenir le programme économique du gouvernement.


Argentine

Le 24 octobre 1999, Fernando de la Rua, maire radical de Buenos Aires et candidat de l’Alliance de l’opposition (Union civique radicale et Frepaso), l’emporte dès le premier tour de l’élection présidentielle face à M. Eduardo Duhalde, gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires (48,5 % contre 38,5 %). Confronté aux conséquences politiques de la récession économique, le Président De la Rua épuise, en deux ans, trois ministres de l’économie et huit plans d’austérité sans parvenir à relancer l’économie, malgré le soutien massif du FMI. Des émeutes et des manifestations dans la capitale contraignent le gouvernement et le président De la Rua à la démission le 21 décembre 2001. Nommé le 1er janvier 2002 par le Parlement pour achever le mandat de M. De la Rua, le péroniste Eduardo Duhalde, ancien Gouverneur de la province de Buenos Aires, bien que soumis à de très fortes pressions, internes (manifestations de chômeurs, divisions du Parlement) et externes (négociations avec le FMI, entreprises étrangères), parvient à préserver la paix sociale et à amorcer la reprise de l’économie argentine.
L’élection présidentielle d’avril 2003, qui voit la victoire de Nestor Kirchner, a été marquée par l’éclatement du bipartisme traditionnel entre péronistes (PJ) et radicaux (UCR), par une lutte fratricide au sein du péronisme et par l’émergence de nouveaux mouvements politiques. Ancien gouverneur de la province patagone de Santa Cruz, M. Kirchner a formé un gouvernement péroniste marqué au centre-gauche. M. Kirchner, dont le parti dispose de la majorité au congrès et détient les deux tiers des postes de gouverneurs, s’emploie à redonner à son pays la confiance que lui avait ôtée la grave crise des années 2001-2002. Mais, malgré le redressement économique et l’attention portée par le gouvernement actuel à la lutte contre l’impunité et la corruption, l’Argentine n’a pas encore trouvé de réponse aux nombreux défis auxquels elle doit faire face : chômage, endettement, insécurité croissante.

Pays émergent, l’Argentine conserve une économie peu ouverte (9 % du PIB) et ses exportations sont largement d’origine agricole (50 %). A partir de 1998, le pays est confronté à une profonde récession qui l’a contraint en décembre 2001 à annoncer un moratoire sur le paiement de sa dette externe (150 milliards de dollars) et à dévaluer sa monnaie. Un accord transitoire avec le Fonds monétaire international (FMI), en janvier 2003, suivi d’un accord de moyen terme (3 ans) en septembre 2003, permettent un report du paiement de la dette. On assiste depuis le second semestre 2002 à une nette reprise de l’activité économique : croissance du PIB supérieure à 8 % en 2003, forte progression des exportations, amélioration du recouvrement fiscal. Des incertitudes demeurent cependant : l’avenir de l’économie argentine passe par de profondes réformes structurelles, et sur le front social la situation s’est améliorée mais reste très difficile ( la pauvreté touche 44,3 % de la population totale, après avoir culminé à 60 % en 2002), alors que le chômage et le sous-emploi touchent plus du tiers des actifs.


Brésil

A la fin du régime militaire (instauré en 1964), José Sarney est investi président de la République en 1985. Fernando Collor lui succède en 1989, mais, accusé de corruption, il doit démissionner le 29 décembre 1992. Le vice-président, Itamar Franco, lui succède mais doit affronter une série de crises politiques. Cette période d’incertitude s’achève le 3 octobre 1994 avec l’élection de Fernando Henrique Cardoso (réélu en 1998).
L’action du Président Cardoso a permis de stabiliser, moderniser et développer le Brésil au plan économique (investissements étrangers, ouverture de l’économie, contrôle de l’inflation) et politique (consolidation de la démocratie brésilienne, contrôle financier des Etats fédérés, affirmation du rôle international du Brésil). Mais le gouvernement n’est pas parvenu à réduire les inégalités de la société brésilienne ni à empêcher la montée du chômage et de la violence.
Aux élections de l’automne 2002, Luiz Inacio Lula Da Silva remporte la présidence et s’assure, avec les alliés de gauche du PT, une majorité relative au Parlement fédéral. Mais l’opposition conserve le contrôle de la plupart des Etats de la fédération, notamment les plus grands d’entre eux : Sao Paulo et le Minas Gerais. Cette victoire est aussi le résultat d’un recentrage politique effectué par le PT et son candidat, qui ont su répondre à l’aspiration de la société brésilienne à un changement sans rupture politique ou économique.
Le Président Lula Da Silva a pris plusieurs engagements – lutte contre la faim, stimulation des exportations, lutte contre la violence, renforcement du Mercosur – et proposé aux milieux d’affaires et aux classes moyennes un pacte national pour donner au Brésil « sa place dans le monde » en assurant une croissance élevée, des créations d’emplois et une redistribution de la richesse nationale. Sa politique économique orthodoxe, menée avec détermination, a rassuré les investisseurs internationaux et permis d’améliorer considérablement la situation financière du pays. Le gouvernement a mis en œuvre des réformes structurelles (réforme des retraites et réforme fiscale en 2003), mais n’a pu, pour le moment, mener à leur terme des politiques sociales ambitieuses.

Cinquième pays du monde par sa population, dixième économie mondiale, le Brésil fait partie des pays à revenus intermédiaires. Dans le droit-fil des réformes libérales entreprises par le Président Cardoso, la politique vertueuse du président Lula a permis une amélioration impressionnante des paramètres financiers. Mais le Brésil reste fragilisé par le poids de la dette (244,7 milliards de dollars, soit 40,5 % du PIB). L’équilibre financier de l’économie brésilienne est assuré par les investissements étrangers (20 milliards de dollars par an mais en baisse à 9 milliards en 2003, suivie d’une forte reprise en 2004) et par le commerce extérieur qui « tire » la croissance depuis 2001. Les exportations ont fortement augmenté depuis deux ans, ce qui a permis d’obtenir un solde courant légèrement positif, pour la première fois depuis de longues années.
Au plan social, le Brésil est un pays parmi les plus inégalitaires au monde. Les 50 % les plus pauvres recevaient 14,5 % du revenu total en 2 000, alors que les 10 % les plus riches bénéficiaient de 46 % du revenu total. Plus du tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté et la classe moyenne basse (25 % de la population) est très vulnérable. Le Brésil est également marqué par de très fortes disparités régionales. Ainsi la mortalité infantile, bien qu’en forte baisse (de 38 %), reste deux fois plus élevée dans le Nordeste que dans le Sud. Les taux d’équipement en biens durables sont deux à trois fois supérieurs dans le sud du pays.
Depuis 1995, le Brésil connaît une montée du chômage et du travail informel, sous l’effet de l’ouverture économique et des restructurations d’entreprise. Le taux de chômage a atteint 12,2 % en 2003, avant de diminuer en 2004. Le travail dit formel représente seulement 45 % de la population active en 2002 après avoir atteint son niveau le plus bas en 2000 (43 % de la population active). Enfin depuis le milieu des années 90, les effets du trafic de drogue ont contribué à la montée de la délinquance et de la violence criminelle et le Brésil est un des pays d’Amérique latine où le taux d’homicides est le plus élevé (20 fois supérieur à celui de la France).

Fiches-pays réalisées à partir des données disponibles sur le site du ministère français des affaires étrangères : www.diplomatie.gouv.fr



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