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24/01/2003
France-Afrique : RDC : le chemin vers la paix semé d’embûches

(MFI) La communauté internationale a certes été soulagée par la signature, en décembre 2002 à Pretoria, en Afrique du Sud, d’un accord de paix entre toutes les parties en guerre en République démocratique du Congo (RDC), prévoyant un partage du pouvoir pendant une période de transition avant des élections générales. Mais le chemin reste semé d’embûches.

Tout n’est pas gagné. L’insécurité et la violence continuent à régner dans l’est de la RDC, malgré le retrait officiel de toutes les troupes étrangères appuyant soit le gouvernement soit la rébellion de l’est du pays, et le tiraillement entre les différentes parties sur les modalités pratiques d’application de l’accord persiste. Selon de nombreux observateurs diplomatiques européens, l’Angola et le Zimbabwe, venus aider Laurent-Désiré Kabila, assassiné en janvier 2001, puis son fils Joseph qui lui a succédé, ont bien retiré leurs contingents.
En revanche, le Rwanda, toujours obsédé par la sécurité de ses frontières et les visées des extrémistes hutus (Interahamwe), responsables du génocide de 1994 et réfugiés en RDC, maintiendrait toujours quelques milliers d’hommes qui ont troqué leur uniforme pour d’autres tenues, du côté de la rébellion du RCD-Goma. De même, des soupçons pèsent sur le départ effectif de tous les Ougandais, qui soutiennent d’autres rebelles, en particulier le MLC de Jean-Pierre Bemba.

Plus de trois millions de victimes

« Toute la communauté internationale s’est mobilisée pour que la paix revienne dans cette région stratégique, à l’énorme potentiel », a souligné un diplomate chevronné. Il s’est également félicité de la teneur du dernier rapport des experts des Nations unies (Onu) sur le pillage des ressources de la RDC, « qui n’a pas hésité à mettre au pilori des gens de tous les bords », précipitant la recherche d’un accord. Le Rwanda et l’Ouganda ainsi que leurs alliés congolais y sont particulièrement épinglés mais aussi le Zimbabwe et des complices côté gouvernemental. La RDC est en effet riche en diamants, en or, en cuivre, cobalt et d’autres minerais précieux convoités par les industriels à travers le monde.
En fait l’Onu mais aussi les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Belgique, ancienne puissance coloniale, notamment, ainsi que l’Union africaine, l’Afrique du Sud et l’Angola se sont mobilisés pour mettre fin à cette guerre. Le conflit, qui a succédé à des années de mauvaise gestion, de népotisme et de corruption sous la dictature de Mobutu Sese Seko, a non seulement fait plus de trois millions de victimes par les armes, la maladie et la malnutrition, mais aussi déstabilisé toute cette région d’Afrique centrale à la lisière de l’Afrique australe.
La mobilisation internationale a permis au président congolais Joseph Kabila, qui bénéficie désormais du soutien des principaux bailleurs de fonds, de signer des accord de paix séparés avec le Rwanda et l’Ouganda, le premier à Pretoria, sous la houlette de l’Afrique du Sud, fin juillet 2002, puis le deuxième à Luanda en Angola, pays qui vient de sortir d’une guerre civile de vingt-sept ans et veut désormais assumer un rôle de médiateur à la mesure de sa puissance dans la région.

Les efforts de Moustapha Niasse

Le président américain George Bush a donné son aval officiel à l’accord de Pretoria alors que la France et la Belgique encouragent les efforts du jeune président congolais. La RDC a d’ailleurs bénéficié d’un allègement substantiel de sa dette au sein du Club de Paris, présidé par la France qui réunit ses créanciers publics. Le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin s’est rendu à Kigali et à Kinshasa en septembre 2002, dans le cadre d’une tournée dans la région des Grands Lacs qui l’avait mené également en Tanzanie et au Burundi. Il avait à cette occasion insisté sur les « nouvelles perspectives » offertes par l’accord de juillet 2002, souhaitant « que le dialogue politique puisse prendre le pas sur les armes ».
L’accord global de Pretoria a pu être obtenu grâce aux efforts du Sénégalais Moustapha Niasse, envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, qui a fait des navettes incessantes entre les régions et capitales concernées. En janvier 2003, Kofi Annan a renouvelé le mandat de Moustapha Niasse « pour une période indéterminée ». Ce dernier a exprimé l’espoir que les élections pourraient être organisées d’ici vingt-quatre à trente mois. Auparavant, l’ancien président du Botswana, Ketumile Masire, médiateur international pour le dialogue inter-congolais doit clôturer formellement celui-ci avant qu’un gouvernement de transition soit formé…

Pour une mise en place rapide du gouvernement de transition

Les forces de l’Onu sur place – la Monuc –, rejointes par des observateurs sud-africains, tentent de se déployer dans les zones sensibles. En vertu d’une résolution adoptée en décembre 2002, leur nombre doit passer de 5 500 à 8 700 hommes. Mais il n’est pas question que leur mandat soit modifié, même à la lumière des violents combats et des exactions toujours en cours. Ce mandat prévoit la surveillance du retrait des troupes étrangères et du désarmement des miliciens Interahamwe ainsi qu’une aide à la réinsertion des combattants, mais non pas le maintien de l’ordre ou une intervention armée entre combattants.
Si la persistance des violences inquiète l’Onu et les principaux bailleurs de fonds de la RDC, personne ne pense qu’un retour en arrière est possible à ce stade. « L’élan vers la paix paraît irréversible », affirme un diplomate européen en poste à Kinshasa, qui s’inquiète toutefois des velléités de l’Afrique du Sud, qui a parrainé les accords de Pretoria, de vouloir tout régenter, d’autant plus qu’elle s’intéresse de près et depuis longtemps aux richesses minières de la RDC. Il estime donc qu’il faut rapidement mettre en place le gouvernement de transition car seule une présence progressive de l’administration congolaise à travers un immense territoire pourra rétablir une paix véritable.

Marie Joannidis

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