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14/11/2003
La chronique de Gérard Dreyfus :
Rien que pour le plaisir


(MFI) Voilà une belle histoire qui témoigne que le sport a des vertus qu’il a su préserver en dépit des agressions de toutes sortes dont il est la victime. Qu’il n’est pas ce que l’on en dit. Qu’il ne mérite pas les opprobres qu’on déverse sur son dos quotidiennement. Et que ses valeurs sont éternelles, inaliénables.

Valises bouclées

La Française Amélie Mauresmo s’est inclinée en finale des Masters de tennis (qui réunissent chaque fin d’année les huit meilleures joueuses de la planète), à Los Andeles, face à la Belge Klim Clijsters. Mais cette finale, la Française n’aurait, en réalité, jamais dû la disputer. Elle avait même pratiquement bouclé ses valises pour rentrer en France à l’heure du dernier match du tour initial. Elle était restée à l’hôtel pour regarder d’un œil distrait la rencontre entre l’Américaine Chanda Rubin et la Russe Elena Dementieva. Il ne lui restait qu’un tout petit espoir de qualification pour les demi-finales, disons 10 % en étant généreux. Il fallait impérativement que l’Américaine soit battue par la Russe. Elena Dementieva n’avait rigoureusement rien à gagner dans cette partie. Il lui était impossible d’entrer en demi-finale. Quatrième elle était, quatrième elle resterait.

L’incroyable scénario

Mauresmo avait vu juste. Tout se déroulait comme prévu. Rubin effectuait un aimable parcours de santé sur le court. 6-4 au premier set. 5-2 au deuxième set, service à venir pour l’Américaine. Brusquement, patatras. Le bras de Rubin ne répond plus. 5-2, 5-3, 5-4, 5-5. Dementieva amorce une remontée fantastique. Finalement 5-6 et 5-7. Un incroyable renversement de situation. Alors que Mauresmo pliait ses derniers effets dans sa valise. Le dernier set ne sera qu’une simple formalité pour Dementieva. A 5-2 en sa défaveur, Dementieva s’était dit, confiera-t-elle après le match, qu’avec un peu de chance elle aurait le temps d’attraper le vol de cinq heures pour Moscou. Dans sa tête, elle était déjà dans l’avion. Alors que cette partie ne représentait plus rien pour elle, même pas l’occasion de mettre un peu plus d’argent dans sa poche.
De telles histoires se déroulent épisodiquement sur les courts de tennis, tout aussi rarement dans les autres disciplines. C’est ce que, par convenance, nous appelons la glorieuse incertitude du sport. Un concurrent qui a partie gagnée subit brutalement une défaillance imprévisible ; son adversaire qui s’est résolu à son sort de perdant reprend confiance et retrouve un désir de vaincre inopiné. De façon totalement désintéressée. Uniquement pour le plaisir de se faire plaisir et de gagner, objectif suprême de tout champion.
Les exégètes des « tous tricheurs, tous dopés, tous pourris » font trop fréquemment profession d’hyper exagération et finalement de malfaisance. Le sport n’est pas ce qu’ils nous en disent avec autant d’aplomb que de mauvaise foi.


Gérard Dreyfus

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