HISTORIQUE
CAN 2000 :
Un prestige et une notoriété acquis au fil des éditions
En un peu plus de quarante ans d’existence,
la Coupe d’Afrique des nations est devenue l’une des compétitions
sportives les plus représentatives en Afrique. Elle a permis
l’émergence de grandes équipes et de grands joueurs.
Calquée sur le modèle
de la Copa America qui existe depuis 1916, la Coupe d’Afrique des
nations, qui a vu le jour en 1957, est la deuxième épreuve
du genre, plus vieille de trois ans que le Championnat d’Europe
des nations. Mais la CAN a été longtemps l’affaire
de quelques pays. Pour organiser une coupe réservée
à des nations à la fin des années 50, il fallait
des... nations. Sur le papier, il n’existait qu’une poignée
d’Etats, la décolonisation n’avait à ce moment pas
totalement pris fin en Afrique. C’est pourquoi la CAN ne sera disputée
que par cinq pays (Egypte, Ethiopie, Soudan, Tunisie et Ouganda)
lors de ses trois premières éditions : 1957, 1959
et 1962. C’est à l’occasion de la quatrième édition
au Ghana en 1963, que la compétition va déborder du
cadre des pays qui l’avaient fondée. La plupart des Etats
avaient alors accédé à la souveraineté,
ils pouvaient donc adhérer à la CAF (Confédération
africaine de football) qui organisait le tournoi. En dépit
du nombre croissant d’engagés, seules huit équipes
ont été admises à participer au tournoi final
jusqu’à 1990 en Algérie. En 1992, au Sénégal,
le chiffre sera porté à 12 puis à 16 en 1996,
en Afrique du Sud. Mais l’histoire retiendra que 15 pays ont pris
part à ce tournoi, les autorités politiques du Nigeria
décidant, à la dernière minute, de retirer
de la compétition les Super Eagles, tenants du titre.
Deux pays hôtes : une
première pour l’an 2000
Les vingt et une éditions disputées
à ce jour ont été organisées dans quatorze
pays. La palme revient à l’Egypte et à l’Ethiopie
qui ont chacune accueilli trois fois la compétition. Les
pays du Nord ont organisé huit éditions alors qu’en
Afrique centrale, par exemple, le Cameroun a été le
seul pays hôte de la CAN en 1972. L’édition de l’an
2000 sera la première organisée conjointement par
deux pays (Ghana et Nigeria). Organiser ne signifie pas gagner,
neuf fois seulement le pays d’accueil l’a emporté. Au plan
de la compétition, sur les trente nations qui ont pris part
à la CAN, cinq ont été marquantes. Il s’agit
de l’Egypte, du Ghana, de la République démocratique
du Congo (ex-Zaïre), du Cameroun et du Nigeria. Egyptiens et
Ghanéens détiennent le record de victoires (quatre
pour le Black Star et les Pharaons). Les Egyptiens sont les pionniers,
lauréats des deux premières éditions, ils s’imposeront
plus tard en 1986 et 1998. Les Ghanéens, eux, ont été
les premiers footballeurs de l’Afrique noire à remporter
l’épreuve en 1963, puis en 1965, 1978 et 1982. Ils ont fait
des émules avec les Zaïrois. Imitant N’Krumah qui ne
refusait rien à sa sélection nationale, Mobutu a mis
lui aussi un maximum de moyens à la disposition des "Léopards".
Pour rendre plus disponibles certains joueurs, le chef d’Etat zaïrois
est même allé jusqu’à racheter des contrats
à des clubs belges qui les avaient recrutés. Le Zaïre
pose son empreinte sur la CAN entre 1968 et 1976, gagnant au passage
le trophée à deux reprises (1968 et 1974). Les années
80 de la CAN sont celles des "lions indomptables" du Cameroun
symbolisés par Roger Milla. Ils commencent leur montée
en puissance en 1984 à Abidjan, où ils deviennent
champions pour la première fois. Deux ans plus tard, il sont
finalistes en Egypte et redeviennent champions en 1988 au Maroc.
Les années 90 auraient dû être celles du Nigeria,
si un dictateur comme Sani Abacha ne s’était pas mêlé
de football. La belle démonstration du groupe des Yekini,
Okocha et Cie faite en 1994 en Tunisie n’aura pas de suite. Le boycott
du Nigeria en 1996 est suivi de la suspension par la CAF en 1998.
Quel gâchis !
La CAN n’aurait pas offert le même
spectacle sans les grands attaquants. Les années 60-70 ont
été marquées par le règne des Ghanéens
Wilberforce Mfum, Osie Koffi, de l’Ivoirien Laurent Pokou (record
du nombre de buts avec 14 réalisations), du Marocain Ahmed
Faras, du Zaïrois Ndaye Mulamba (9 buts pendant l’édition
de 1974). La génération des années 80/90 est
mieux connue, elle a profité de l’avènement de la
télévision. C’est à partir de 1982, qu’on assiste
au début de la retransmission des matches de la CAN sur le
petit écran dans de nombreux pays africains. On découvre
alors des buteurs nommés Roger Milla, Abdoulaye Traoré
(Côte d’Ivoire) et Rashidi Yekini.
ALEX SALL
Lire : Les
gagnants et les perdants de la CAN 98
Lire : La
CAN 98 : 93 buts en 32 rencontres
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