Les progrès du football
africain
Le consultant de RFI
Joseph-Antoine Bell, interrogé par Philippe Zickgraf, dresse le bilan
de la Coupe d'Afrique des Nations 2000.
Philippe Zickgraf :
C'est l'heure du bilan, parlons tout d'abord de cette finale, une
rencontre de rêve qui a tenu toutes ses promesses.
Joseph-Antoine
Bell : Oui, une finale qui a tenu toute ses promesses. C'étaient,
face à face, les meilleures équipes de la phase finale et on ne pouvait
en attendre que du spectacle. Elles avaient déjà marqué beaucoup de
buts en qualifications et il n'y avait aucune raison qu'elles n'en
marquent pas le jour de la finale. De plus, elles nous ont gratifié
d'un très joli spectacle.
Ph Z : Cette énorme
erreur de l'arbitre assistant dans la série des tirs aux buts est
malheureusement ce que l'on retiendra de cette finale 2000…
JAB : C'est vraiment dommage qu'on soit obligé de retenir une
erreur de ce match. Mais c'est vrai qu'elle a eu des conséquences.
Peut-être que Marc-Vivien Foe aurait pu "racheter" cette erreur s'il
n'avait pas raté son penalty. Il y aurait alors eu deux réussites
d'avance pour le Cameroun et pas de regrets de la part des Super Eagles.
Mais bon, des erreurs dans le foot, les joueurs en commettent, les
arbitres aussi. Les joueurs nigérians ont digéré cet épisode avec
beaucoup de sportivité et de sang froid. Ce sont de grands champions
et nous allons faire l'effort, nous aussi, de tourner la page sur
cet incident. C'est à la CAF, à sa commission d'arbitrage de juger
ses arbitres. Chacun juge les siens.
Ph Z : La logique
a été respectée dans cette CAN, puisqu'en demi finales, ont retrouvait
quatre mondialistes, seul le Maroc n'ayant pas passé le cap du premier
tour. C'est une CAN conforme aux positions établies sur le continent
?
JAB : C'est une CAN tout à fait conforme. Et c'est heureux
qu'il en soit ainsi, parce que nous avons toujours fustigé l'inconstance
du football africain, et là, on a retrouvé ceux que l'on estimait
être les meilleurs dans le dernier carré. C'est donc très bien et
cela veut dire que nous commençons peut-être à prendre conscience
que le football est suffisamment sérieux, et que ceux qui sont en
haut veulent s'y maintenir et se battent pour pouvoir y rester. Les
phases finales étaient entre mondialistes, la finale était entre mondialistes,
le meilleur a gagné.
Ph Z : Comment jugez-vous
le niveau de cette CAN ? Une moyenne de 2,27 buts par match, ce n'est
pas beaucoup…
JAB : Ce n'est pas mal non plus. Cela veut dire que l'on a
vu au moins deux buts par match. On aurait pu espérer davantage, mais
je pense que ce petit score vient du fait que nous n'avons pas en
Afrique de bons tireurs de coups de pieds arrêtés.
Ph Z : C'était donc
la première fois que la CAN était organisée dans deux pays différents.
Une coorganisation à l'origine de quelques problèmes, notamment de
transports pour les joueurs.
JAB : On doit dire que cette expérience n'est pas à renouveler.
Tout le monde savait que le Nigeria et le Ghana auraient du mal à
collaborer. Franchement, ils ne sont pas limitrophes et ça ne facilite
pas les déplacements. Même si le président de la CAF ne va pas le
reconnaître, je sais que cette expérience-là ne sera pas renouvelée.
En revanche, une coopération entre deux pays limitrophes est possible,
et j'ai toujours pris l'exemple du Togo et du Bénin, voilà une coorganisation
intelligente. On ne peut pas nous dire que les pays africains ne sont
pas capables d'organiser une coupe d'Afrique dans sa formule à 16
nations. Le Burkina Faso n'a pas plus de moyens que le Nigeria et
le Ghana… Cette CAN 2000 était une exception, on ne recommencera plus
cela.
©
RFI
S. Bartlett
©
AFP |
CLASSEMENT
FINAL
DES BUTEURS
Avec cinq réussites, l'attaquant
Sud Africain Shaun Bartlett est le meilleur buteur de cette
CAN 2000. Bartlett joue à Zürich en Europe.
(lire la
suite du classement)
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