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Chine-Brésil

Quand son équipe marquera, la Chine se lèvera



Un supporter chinois et son fils, lors du match contre le Costa-Rica
©AFP


  Chine   (L'équipe)
  Brésil   (L'équipe)


Les supporters chinois seront massés devant leurs postes de télévision pour suivre le match Chine-Brésil. Les chances sont minces, mais l’enthousiasme est là.

De notre correspondante à Pékin

Pour les supporters chinois, le premier match de leur équipe nationale en Coupe du monde était un événement à ne pas manquer. Et peu importe que le match ait eu lieu en milieu d’après-midi: heure de travail ou non, tous étaient au rendez-vous. Ils attendaient depuis 44 ans. Pour être sûrs de ne pas rater le coup d’envoi, ils s’étaient massés plus d’une heure à l’avance dans les bars et les restaurants, groupés devant les écrans géants installés dans les parcs, ou simplement réunis devant leurs postes de télévision.

La défaite 2 à 0 devant le Costa Rica n’a pas douché les enthousiasmes. Le Costa Rica était pourtant statistiquement l’équipe la plus faible du groupe dans lequel évolue la Chine. Après la défaite de mardi dernier, les Chinois risquent fort de rentrer bredouilles de Corée, peut-être même sans entrer le but auxquels tous aspirent. Et les supporters redoutent le match de samedi contre le Brésil: «Si nous maintenons le score en dessous de 5-0, nous serons contents», explique Wang Zhanjun. «Ce sera un match amical Chine-Brésil. Ou plutôt, un match de démonstration», ironise un autre supporter.

«Pour la Coupe du monde on a acheté la télévision jeudi dernier», explique Zhang Peng, jeune architecte responsable d’agence. Peu importe le nombre de plans entassés sur son bureau, peu importent les retards accumulés par son agence depuis le début de la semaine. Lui regardera tous les matchs, et ses collègues, tout aussi fanatiques, rejoindront les employés d’une autre entreprise du bâtiment pour savourer en commun le match de la Chine contre le Costa Rica. «Bien sûr, le travail s’en ressent, mais cela m’est égal», affirme Zhang Peng. «Le boulot, on peut le faire tous les jours, la Coupe du monde, ce n’est qu’une fois tous les quatre ans!».

Sentiment partagé par les millions de supporters chinois, qui se sont unanimement mobilisés pour le premier match de leur équipe. Dans le «Jardin des mille bonheurs», haut lieu footbalistique pékinois, près de 200 personnes étaient entassées deux heures avant le match contre le Costa Rica. La bière coulait à flot malgré la canicule, et l’ambiance y était survoltée.

Fierté et manque de fair-play

Mais au-delà des résultats espérés, c’était surtout la fierté qui dominait mardi dernier chez les supporters. Fierté de participer enfin à cet événement jusqu’alors hors de portée. Fierté nationale exprimée par un hymne chanté à pleins poumons, la main sur le cœur, par de vastes drapeaux chinois déployés en bannière ou posés sur les épaules. La moindre touche de balle de l’équipe chinoise, aussi modeste soit-elle, se déroulait sous les ovations de la salle simplement heureuse de voir ses joueurs évoluer aux côtés des meilleurs mondiaux. Ambiance bon enfant aussi, même si elle manquait parfois un peu de fair-play : les supporters chinois ont sifflé l’hymne du Costa Rica et salué par des concerts d’applaudissements les cartons jaunes attribués aux joueurs adverses, voire un coup de pied un peu haut d’un joueur chinois, heurtant le visage d’un adversaire.

Satisfaits des performances de leur équipe, les supporters ont maintenu l’ambiance durant toute la première mi-temps. Le but tant attendu tardait à rentrer, mais la confiance régnait. Une rumeur commençait à se propager dans les rangs des spectateurs en confiance: en cas de victoire, ils investiraient la place Tiananmen. Un 4 juin, anniversaire toujours tendu des événements de 1989, le symbole aurait été fort. Mais l’histoire n’a pas poussé son ironie jusqu’à permettre aux Chinois de marquer le but tant attendu.

Quel qu’en soit le résultat de la rencontre face au Brésil, la Chine aura malgré tout accompli son rêve: côtoyer les meilleures équipes internationales, faire enfin son entrée sur la scène du football mondial. Une occasion de faire progresser son niveau national, et surtout, sur un plan plus général, de faire reconnaître la Chine comme le grand pays de football qu’elle aspire à devenir. «Le monde connaît très mal la Chine, et encore plus mal le football chinois », explique Zhang Yan, membre du club des supporters d’un club de Pékin, la veille de son départ en Corée. «Cette Coupe du monde est aussi une bonne occasion de faire mieux connaître notre pays».
Séverine Bardon.
08/06/2002




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