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Tunisie-Japon
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La Tunisie paie son manque d'audace
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Le capitaine tunisien Khaled Badra à l'ouvrage face à Hidetoshi Nakata © AFP
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La Tunisie, pour la troisième fois de son histoire, s'est arrêtée dès le premier tour de la Coupe du monde. Son bilan, cette fois, est maigre: deux défaites, un nul, un seul but marqué contre cinq encaissés. Jamis l'équipe n'a donné le sentiment de pouvoir se qualifier.
La Tunisie était confrontée pour son dernier match de poule à une tâche redoutable: rencontrer l'un des co-organisateurs -celui qui abritera la finale - avec l'obligation de gagner par deux buts d'écart pour entrer en huitième de finale. Dès lors on comprend assez mal le choix tactique d'Ammar Souayah qui avait bâti un onze défensif avec un seul homme en pointe, Ziad Jaziri, quatre défenseurs et cinq milieux de terrain. Seul changement, par rapport à la formation qui avait tenu en échec la Belgique, la rentrée de Jose Clayton à la place d'Hassen Gabsi suspendu. A l'vidence, Souayah avait choisi la prudence quand il aurait fallu opter pour l'audace. Il s'attendait à subir et ne s'était pas donné les moyens de jouer la carte de l'offensive.
Et pourtant la pression était du côté des Japonais soutenu par cinquante mille spectateurs, tout de bleu vêtus, dans l'attente de la qualification. D'entrée de jeu, les hommes de Philippe Troussier s'installaient résolument dans la moitié de terrain tunisienne, sans toutefois menacer Ali Boumnijel, hormis une frappe lointaine de Takayuki Suzuki qui passait largement au-dessus de la cage tunisienne. Les Japonais monopolisaient le ballon sans parvenir à déstabiliser une défense tunisienne très bien organisée, avec dans l'axe central, Khaled Badra et Radhi Jaïdi, à gauche Raouf Bouzaiene et à droite Hatem Trabelsi. Le ballon allait d'un Japonais à l'autre, parfois à coup de passes lointaines, mais inéluctablement il revenait vers le centre sans tromper la vigilence du tandem Badra-Jaïdi. La seule occasion de but intervenait à la trente-troisième minute quand Atsushi Yanagisawa obligeit Ali Boumnidjel à une superbe détente horizontale.D'ailleurs, les partenaires de Shinji Ono et d'Hidetoshi Nakata semblaient moins en jambes que lors de leurs deux premières sorties, sans doute déjà un peu fatigués, sous le double effet de la chaleur et de la fatigue accumulée lors des cent quatre-vingt minutes initiales.
Au retour des vestiaires, Ammar Souayah sortait Mourad Melki au bénéfice de Zoubeir Baya, tandis que Philippe Troussier faisait rentrer deux attaquants qui devaient se révéler décisifs. Dans la mesure où au lieu de s'acharner à vouloir passer par le centre, les Japonais allaient déployer leurs ailes. La partie n'avait pas repris depuis plus de deux minutes que le rentrant Morishima bénéficait d'un mauvais dégagement de Raouf Bouzaiene. D'un tir pivotant presque à bout portant, il ne laissait aucune chance à Boumnijel. Le Japon venait de faire un grand pas vers la qualification tandis que les Tunisiens s'en éloignaient. Cinq minutes plus tard, nouvelle attaque nippone, la tête de Morishima frappait le poteau. Les Japonais ne lâchaient rien, se battaient sur tous les ballons, enchaînaient de mieux en mieux sur les côtés, tandis que les Tunisiens poursuivaient à leur train de sénateurs. A la 64ème minute encore une occasion pour les Bleus, le tir de Nakata était bien détourné par Boumnijel. Mais à l'entrée du dernier quart d'heure sur un centre d'Ishigawa, Nakata de la tête marquait le deuxième but de son équipe, alors que Boumnijel n'était pas totalement exempt de reproche sur cette action. Sopuayah se décidait alors à faire entrer un attaquant supplémentaire en la personne du jeune Ali Zitouni qui aurait pu réduire la marque à la 82ème minute si sa tentative n'était venue s'écraser sur la transversale.
La Tunisie ne s'est pas réveillé de sa torpeur lors de sa Coupe du Monde. Non pas qu'elle soit dénuée de qualité. Mais ce football reste beaucoup trop statique, rarement capable d'accélération, impuissante car ne jouant que trop rarement la carte de l'offensive. Les Rouge et Blanc avaient donné beaucoup d'espoirs à la CAN 1996 où, à la surprise générale, ils avaient atteint la finele. Depuis, cette équipe n'a jamais confirmée les espoirs levés en Afrique du Sud. Il lui reste à bâtir une équipe plus audacieuse pour la prochaine Coupe d'Afrique des Nations qu'elle organisera dans deux ans.
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Gérard DREYFUS 14/06/2002
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