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Aux frontières de l'information

Des médias en accusation

par Thierry Perret

Article publié le 14/08/2008 Dernière mise à jour le 21/08/2008 à 10:18 TU

Les «mafias» italiennes (en rouge).© RFI

Les «mafias» italiennes (en rouge).
© RFI

La presse, les médias - napolitains, italiens -  surtout ces derniers, lorsqu’ils traitent de la Camorra, sont souvent très critiqués. On reproche ainsi aux journalistes de rester à la surface des choses, de ne considérer que les faits divers, les homicides, arrestations, procès… et ne rien faire pour combattre réellement le mal.

Écoutons sur ce thème, parmi beaucoup d’autres, le sociologue Amato Lamberti, ancien président de la Province de Naples,  qui a beaucoup publié sur le crime organisé.


Un autre écho à cette critique des médias : Gino Frezza, spécialiste du cinéma, est chercheur à l’université de Salerne…

Gino Frezza, chercheur à l'Université de Salerne

«Peu de journalistes ont écrit sur le rapport de la Camorra et de la société en général»

écouter 1 min 5 sec

14/08/2008 par Thierry Perret

<em>La Gazzetta del Sud</em>, quotidien de Calabre.

La Gazzetta del Sud, quotidien de Calabre.

De ces critiques, certains journalistes et responsables de médias sont aujourd’hui très conscients. Ils tentent alors d’approfondir leur traitement de l’actualité ; et ils s’engagent dans le combat social contre la Camorra ; c’est l’exemple du Corriere del Mezzogiorno où travaille Vito Faenza et de la création de l’Observatoire sur la Camorra et l’illégalité ; ou encore du grand quotidien napolitain Il Mattino.



Titti Marone, journaliste à Il Mattino


«En 1901, au temps du rapport Saredo – rapport parlementaire sur l’administration de Naples-, on a accusé Scarfolio, le directeur du "Mattino", de cacher certains aspects de la vie politique pour favoriser certains intérêts de la Camorra, intérêts liés à l’administration municipale. C’est un fait. Mais aujourd’hui le journal est totalement engagé dans la bataille de dénonciation du péril de la Camorra, et aussi dans les efforts d’éducation civique. C’est une préoccupation commune dans la presse, mais le "Mattino" est le plus important, donc sa responsabilité est plus grande. Par exemple, le journal a lancé un Manifeste pour la légalité, une initiative du philosophe Aldo Mazzulo, qui a eu un grand soutien dans l’université, et parmi un grand nombre d’intellectuels dans la ville : c’est un manifeste qui appelle à une vigilance constante, et veut encourager l’éducation  pour contrebalancer le phénomène proprement culturel de la Camorra.

Le problème, pour la lutte contre la Camorra, est social et culturel. Il est que le personnage du "Camorriste", dans notre société, propose un modèle très attractif, spécialement auprès de la jeunesse, auprès des personnes sans travail et sans revenu.

On peut prendre un exemple, avec l’arrestation en janvier 2006 de Cosimo Di Lauro, dont le père était le boss d’un clan très important dans la zone de Scampia. Lors de son arrestation, il a été abondamment filmé, photographié, et à vrai dire c’était un très beau garçon, des cheveux d’ange, une élégance, etc…, comme un personnage des Télénovelas. Il y a une grande force symbolique attachée à ce type héroïque qui propose une vie facile, une vie belle, beaucoup d’argent, très attractive pour les personnes de Scampia qui n’ont rien. Et on a pu voir que beaucoup de jeunes avaient fait circuler la photographie du jeune homme sur leurs téléphones mobiles. C’était vraiment un symbole…»

        


On notera par ailleurs que Rosaria Capacchione, journaliste au quotidien Il Mattino, a reçu un prix pour son travail sur la Camorra.

(DR)

Silvio Perrella est le président de la Fondation Premio di Napoli qui lui a décerné cette récompense.

Silvio Perrella, président de la Fondation Premio di Napoli

(traduction assurée par Livia Apa)

écouter 1 min 33 sec

14/08/2008 par Thierry Perret

 
La Fondation Premio di Napoli est une institution très caractéristique de Naples, dont une des fonctions consiste à produire des travaux de réflexion sur le regard porté par les écrivains, intellectuels, chercheurs etc., sur Naples et sur le Sud de l’Italie. Un regard souvent déformé par les préjugés et les lieux communs, considère son président.

Silvio Perrella, président de la Fondation Premio di Napoli

(traduction assurée par Livia Apa)

«La vision de Naples proposée par les médias est un "désastre"»

écouter 2 min 29 sec

14/08/2008 par Thierry Perret

 

Cette image négative de Naples, souvent associée à un grand nombre de clichés sarcastiques sur la pauvreté, la criminalité, la mauvaise gestion et le sous-développement, est un problème souvent évoqué, qui irrite beaucoup de Napolitains. Et constitue un phénomène typiquement italien.

Au point qu’un universitaire américain, Thomas Nelson Moe, a longuement travaillé sur la question, et publié un livre d’histoire qui fait référence : La vision du Vésuve, la culture italienne et la question du Sud (publié en anglais -  University of California Press - et en italien). Où l’on relève notamment comment, au XIXe siècle, Naples était décrit comme une contrée africaine…

L'émission

Aux frontières de l'information

Des médias qui nous éclairent sur l'état de la société européenne.

La médiatrice

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