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Maladie virale

Ebola: la RDC reste très vigilante

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 04/10/2007 Dernière mise à jour le 04/10/2007 à 19:01 TU

Une équipe médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) traite un patient suspecté d'avoir le virus Ebola en République démocratique du Congo.(Photo : Reuters)

Une équipe médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) traite un patient suspecté d'avoir le virus Ebola en République démocratique du Congo.
(Photo : Reuters)

«Le nombre de cas suspects du virus Ebola recensés, depuis la mi-septembre 2007, a diminué ces derniers jours, mais il suffit d'un cas pour que l'épidémie reprenne», a prévenu le Dr Dominique Legros, épidémiologiste de l’OMS. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 25 cas de cette fièvre hémorragique hautement contagieuse ont été confirmés, au total, dans la zone de Kampungu, dans la province du Kasaï occidental (centre), où le Dr Legros a travaillé pendant deux semaines avec les équipes internationales et nationales déployées sur le terrain.

Les cas suspects diminuent et celui des décès également, mais l'épidémie est-elle pour autant sous contrôle ? La fièvre Ebola est très contagieuse et un seul cas pourrait relancer l'épidémie. Et, selon le Dr Dominique Legros, « tant qu' une période de 21 jours (qui correspond à la durée maximale de l'incubation) ne se sera pas écoulée sans aucun nouveau cas, suivie d'une deuxième période de contrôle, on ne pourra pas déclarer la fin de l'épidémie.» « Les sources majeures d'extension, explique le médecin, sont les cérémonies funéraires, où on lave le corps du défunt ainsi que les centres de santé, où la contamination du personnel soignant peut entraîner une nouvelle flambée, comme on l'a vu l'an dernier en Angola avec la fièvre de Marburg, un virus voisin d'Ebola

Une des difficultés du diagnostic de cas d'Ebola tient au fait que les premiers symptômes cliniques de cette maladie ne sont pas guère différents de ceux d'autres maladies comme la shigellose (dysenterie), le paludisme ou même la rougeole. D’où la nécessité de maintenir sur place, à proximité des populations, des laboratoires permettant un diagnostic rapide et offrant une possibilité d’isolement des patients atteints par la maladie ou suspectés de l'être. 

« Il s'agit de l'Ebola de type Zaïre »

Le Dr Dominique Legros pointe le mauvais état des routes comme obstacle à une intervention rapide, mais il se félicite en revanche de la participation active de la population : « On a eu beaucoup d'épidémies dans le passé où la population était hostile. Ce n'est pas du tout le cas ici. La dernière patiente testée positive à Ebola est une mère de famille qui allaitait son enfant. Dès qu'elle a eu les premiers symptômes, elle a laissé son enfant à une autre femme et s'est rendue elle-même au centre de santé. Elle a refusé qu'on la transporte pour éviter les contacts et a fait 10 kilomètres à pied

Aujourd’hui les équipes médicales se penchent méticuleusement sur les registres des dispensaires pour tenter d’identifier l’origine de l'épidémie, étudiant au cas par cas les patients qui ont déclaré des fièvres et des diarrhées, afin de « tenter de retracer l'historique de l'apparition de la maladie

« Un travail long, impliquant qu'on retourne dans les villages pour tenter de reconstruire les arbres de transmission, jusqu'à remonter au premier cas.», explique le médecin de l’OMS. Ce dernier poursuit : « On pense que c'est un chef de village qui est allé chasser du singe dans la forêt et a rapporté la maladie dans la communauté. Mais on ne sait pas d'où vient le virus. Le singe peut être un vecteur mais pas un réservoir car il meurt aussi de la maladie. Une des hypothèses est qu'il vient de chauve-souris. Ce que nous savons, c'est qu'il s'agit de l'Ebola de type Zaïre, le même qui a déjà frappé le pays en 1976 et 1995