par Marion Urban
Article publié le 18/01/2008 Dernière mise à jour le 18/01/2008 à 09:53 TU
Le réchauffement climatique concerne toute la planète. Mais les effets de celui-ci ne seront pas également répartis. Les pays les plus touchés devraient être les pays situés dans les basses latitudes, où vivent déjà les plus pauvres.
Aux canicules et sécheresses devraient s'ajouter les problèmes d'accès à l'eau et la salinisation des nappes phréatiques. De nouvelles maladies et de nouveaux insectes pourraient apparaître et causer de graves dégâts à des cultures essentielles dans l'économie des pays.
La Révolution verte ne se fera pas avec des pesticides ou des engrais comme dans les années 50-70 -on en a vu les limites- mais avec des superplantes, capables de résister aux extrêmes climatiques.
Les sociétés de biotechnologie et les laboratoires d'agronomie dépensent actuellement des fortunes pour mettre au point cette nouvelle génération de plantes : 1,3 million d'euros par jour pour Monsanto et un peu plus d'1 million pour DuPont-Pioneer.
Le nouveau marché
Depuis 2002, l'Australie connaît des sécheresses à répétition. Pour la première fois depuis 40 ans, elle a enregistré une baisse dans sa production de blé.
En 2005, en France et en Espagne, la sécheresse a détruit une bonne partie de la récolte de maïs. Un an plus tard, c'était au tour des États-Unis d'enregistrer une baisse de sa production de 5%.
Le Centre international d'amélioration du maïs et du blé (Mexique) a prédit que les céréaliers d'Amérique du Nord devront abandonner leurs terres méridionnales d'ici quelques décennies.
En revanche, ils pourront cultiver 10° plus au nord que leurs limites actuelles.
Si les phénomènes de sécheresse ou d'inondations devenaient répétitifs pour l'Asie du Sud-est ou l'Afrique sub-saharienne, la situation serait catastrophique : 4 personnes sur 5 vivent de l'agriculture dans ces régions.
Équiper les plantes
Pour préparer les plantes au stress des extrêmes climatiques, il existe plusieurs solutions : l'hybridation, l'introduction de nouvelles pratiques agricoles et les manipulations génétiques.
Le mécanisme de résistance à la sécheresse d'une plante ne tient pas uniquement compte des mécanismes décrits ci-dessus, il dépend aussi de ses gènes.
Les sociétés de biotechnologie, promptes à se saisir de la future demande agricole, étudient 3 domaines particuliers : le stockage de l'eau dans la tige ou les feuilles de la plante, la réorientation du mécanisme du développement (privilégier le grain par rapport aux feuilles) et le rallongement des racines afin de chercher l'eau plus profondément.
En 2002, une équipe de l'université de Cornwell (États-Unis) a introduit un gène qui synthétise la tréhalose, (sucre) dans le riz, Indica. Celui-ci redonne du tonus à la plante, après la période de stress due au manque d'eau.
En décembre 2007, des scientifiques américains et japonais rapportaient une expérience réussie sur les plants de tabac, avec une hormone qui permettait de retarder le processus de vieillissement de la plante, que déclenche la pénurie d'eau.
Le maïs est l'objet de toutes les attentions en raison de ses multiples débouchés : alimentation animale, matière première pour les produits alimentaires et la production d'ethanol.
Les sociétés de biotechnologie sont convaincus que la mise au point d'un maïs résistant à la sécheresse vaincrait toutes les oppositions à sa commercialisation, notamment celle des Européens. Elles ont donc décidé d'y consacrer d'énormes moyens.
Monsanto (États-Unis) espère mettre sur le marché sa première semence de maïs résistante à la sécheresse en 2010.
Syngenta (Suisse) a annoncé qu'elle commercialisera un maïs économe en eau en 2011.
DuPont (États-Unis), associé avec Evogene (Israël), a obtenu des droits exclusifs sur plusieurs gènes pour améliorer la résistance à la sécheresse sur le maïs et le soja, en octobre 2007.
En 2006, les cultures OGM représentaient une superficie de 101 millions d'hectares répartis dans 22 pays.