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Biodiversité

Haro sur le charançon rouge !

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 17/01/2008 Dernière mise à jour le 22/01/2008 à 16:49 TU

 Larve de coléoptère du genre "Alurnus" qui ronge les bases foliaires. <p>(Photo : IRD/ <a href="http://www.ird.fr/indigo" target="_blank">www.ird.fr/indigo</a>)</p>

Larve de coléoptère du genre "Alurnus" qui ronge les bases foliaires.

(Photo : IRD/ www.ird.fr/indigo)

« On estime que toute la côte varoise est contaminée [par le charançon rouge]», s’inquiète Céline Vidal, du Service régional de la protection des végétaux (SRPV) de Provence-Alpes-Côte d'Azur (sud de la France) : une course contre la montre est engagée sur la côte méditerranéenne française pour tenter de prévenir l'explosion d'un nouveau ravageur des palmiers du littoral, plus invasif et plus destructeur que ses prédécesseurs.

Détecté pour la première fois sur l'île méditerranéenne de la Corse en septembre 2006, puis dans le Var (sud de la France), en novembre dernier, l'insecte est désormais considéré comme installé. Il gagne même du terrain car sa présence a été observée dans deux autres départements du sud-est de la France en 2006. « Nous n'avons découvert aucun foyer en 2007 dans le département, mais on ne se fait pas d'illusion, il y a de fortes chances qu'il soit présent. D'autant qu'il a été détecté en Italie, près de la frontière », rapporte François Bertaux, un autre responsable du SRPV.

Cette détection reste très aléatoire, rendant la lutte difficile: « l'attaque du charançon est invisible durant des mois, voire des années car il mange le palmier de l'intérieur. Quand les symptômes extérieurs apparaissent, c'est trop tard, l'arbre est condamné », explique le chercheur Didier Rochat. Outre son travail invisible, le charançon se distingue par sa reproduction très active tout au long de l'année.

« 2008 va voir l’insecte exploser ! »

Papillon <em>Paysandisia archon</em> ravageur des palmiers.Domaine public

Papillon Paysandisia archon ravageur des palmiers.
Domaine public

Insecte tropical originaire d'Asie, ce ravageur de quelques centimètres au corps orange vif a voyagé jusqu'au Moyen-Orient et au nord de l'Afrique dans les années 80-90 avant d'aborder l'Europe via l'Espagne et l'Italie : autant de zones contaminées d'où la France a importé des palmiers, sains d'apparence, et ce pendant des années durant.

La réglementation européenne a imposé en mai 2007 une quarantaine très stricte aux palmiers importés. Mais pour les spécialistes, le ver est déjà dans le fruit. « On est pessimiste. 2008 va voir l'insecte exploser », prédit Céline Vidal. Le pessimisme est renforcé par l'observation des dégâts dans les pays touchés. Ainsi, à « Palerme et Naples (Italie), comme à Valence ou Malaga (Espagne), il n'y a plus un seul palmier debout », poursuit-elle. Et, souligne Didier Rochat, « les zones contaminées ont connu une modification radicale de leur environnement végétal ».

Aucun protocole de lutte chimique

Aucun traitement efficace n’a encore été mis au point pour lutter contre ce fléau ravageur, mais « on peut essayer de juguler son invasion par la prévention », explique François Bertaux. La prévention passe par la lutte intégrée avec la mise en place de pièges, composés de substances attractives, permettant de débusquer le charançon plus vite que par une surveillance visuelle. Une centaine de pièges ont été installés en région Provence-Alpes-Côte d'Azur en 2007. Le dispositif doit être reconduit en 2008.

Il n’en demeure pas moins que le contrôle des dizaines de milliers de palmiers de la Côte d'Azur est  compliqué par le nombre d'arbres plantés sur des propriétés privées : « Il faut sensibiliser le grand public à cette menace et le convaincre que la seule solution est l'abattage total des arbres contaminés qui doivent être emballés puis brûlés. Ce n’est pas évident quand on sait que cette opération coûte entre mille et deux mille euros par palmier », témoigne le SRPV de Nice.

Une centaine d'arbres ont déjà été abattus dans le Var. La ville de Nice, comme d'autres communes du littoral, a décidé fin 2007 de stopper toute nouvelle plantation de l'arbre emblème de la douceur de vivre.