Maladie parasitaire
Les Stomoxes, un groupe de mouches capables de tuer un bœuf
par Dominique Raizon
Article publié le 19/11/2007 Dernière mise à jour le 19/11/2007 à 12:41 TU
(Photo : Gérard Duvallet)
Le groupement régional de défense sanitaire du bétail de la Réunion, un réseau d’éleveurs et de scientifiques, se mobilise pour lutter contre ces mouches dites «des étables», vecteurs d’agents pathogènes. Les piqûres de ces mouches hématophages transmettent l’anaplasmose, une maladie mortelle pour les bovins. Pour lutter contre ce fléau, qui a de sévères répercussions sur la productivité en viande et en lait des troupeaux de bovins, éleveurs et scientifiques contre-attaquent sur plusieurs fronts.
Les scientifiques ont identifié 18 espèces de stomoxes, dont 17 tropicales et une, cosmopolite. C’est cette dernière que l’on retrouve dans les régions tempérées. Du grec oksus, « pointu », le stomoxe est une mouche piqueuse, qui ressemble à une mouche domestique dotée d’une trompe rigide, portée horizontalement vers l’avant. Dangereuse pour les animaux, surtout les équidés et les bovidés, elle l’est également pour l'homme, soupçonnée de transmettre de nombreux virus et agents pathogènes en régions tropicales en inoculant des germes infectieux.
Mâles et femelles ont une activité diurne et se nourrissent de sang chaud. Il semblerait toutefois que certaines mouches, comme la glossine, se nourrissent aussi de sang froid en piquant des reptiles. Les chercheurs, qui ont recensé dix-huit espèces de stomoxes, manquent de données précises à ce sujet. Explications de l’entomologiste médical au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS (CEFE), Gérard Duvallet, qui étudie le cycle biologique du stomoxe.
Gérard Duvallet
Entomologiste médical au Centre d'écologie fontionnelle et évolutive du CNRS.
« On aimerait comprendre comment une seule espèce est devenue cosmopolite en suivant l'homme à travers le monde. »
Si les mouches des étables stressent les animaux et leur transmettent des fièvres mortelles, certaines personnes, sensibilisées à la salive de l’insecte peuvent, quant à elles, présenter des réactions allergiques parfois graves, tel l’œdème de Quincke. Ces insectes peuvent également transmettre des maladies virales ou parasitaires. Le point avec Gérard Duvallet.
Gérard Duvallet
« L'impact économique dû au stress des animaux a été étudié en comptant, avec une paire de jumelles, le nombre de mouches sur les pattes. »
Environnementale, biologique et chimique, la lutte contre le fléau a lieu sur tous les fronts.
La lutte environnementale passe, notamment, par l’enlèvement régulier des fumiers et le recouvrement de ces derniers par une bâche plastique. Elle est également effectuée avec la mise en place de stratégies de piégeage et des lâchers de parasitoïdes sur les sites larvaires. Comment piège-t-on les mouches ?
(Photo : Gérard Duvallet)
Gérard Duvallet
« Il faut gérer les effluents de la ferme, les éloigner de l'étable afin d'en augmenter la température pour tuer les pupes. »
Au même titre que l’application de répulsifs sur la peau et les vêtements des humains est efficace, les équidés et bovins peuvent bénéficier d’une protection au moyen de douches d’huiles essentielles. Récemment, des tests d’efficacité de colliers de PVC, imprégnés de géraniol, un répulsif, ont été faits en France, dans le Marais Poitevin.
Gérard Duvallet
« Le géraniol est un extrait de géranium, produit peu coûteux qui, mélangé à l'eau d'arrosage des animaux, est très efficace. »
Pour la première fois, une espèce de stomoxe vivant dans la canopée, a été identifiée au Gabon. Piquant essentiellement les singes, elle pique parfois l’homme. Un rôle épidémiologique de cette espèce reste à démontrer.
Gérard Duvallet
« On travaille parallèlement en forêt équatoriale, au Gabon. »
Pour en savoir plus :
Le film Stomoxes en Réunion, présenté par gérard Duvallet, produit et commercialisé par Cnrs-Images, a reçu la mention spéciale du jury lors de l'édition 2007 du Festival international du film de l'insecte (cliquez ici), à Prades (Pyrénées orientales).
http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier664-1.php
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