par Dominique Raizon
Article publié le 11/09/2007 Dernière mise à jour le 11/09/2007 à 15:44 TU
Leishmaniose cutanée, début de cicatrisation (formation de croûte). San Borja, Département du Béni, Bolivie.
(Photo : IRD)
Quelque douze millions de malades sont victimes d'une forme de leishmaniose. Cette maladie se manifeste cliniquement par l’apparition d’une petite papule prurigineuse, qui se transforme en nodosité rouge foncé, recouverte par une croûte adhérente. Cette papule est communément appelée bouton d'Orient ou d’Alep, bouton de Gafsa, bouton de Biskra et les soldats américains, exposés à cette maladie en Irak, l’ont rebaptisée « furoncle de Bagdad ». Ces différentes appellations désignent communément le signe clinique de la leishmaniose. Explications de Bernard Surugue, expert des maladies tropicales à l’OMS.
Expert en santé publique à l'OMS et directeur de recherche à l'IRD.
« La femelle du phlébotome a besoin de sang pour développer ses oeufs. Très active à la tombée du jour, elle se met en quête de sang qu'elle trouve sur des animaux et même des hommes, réservoirs du parasite. »
Porc épic, un réservoir potentiel de l'agent de la leishmaniose.
(Photo : IRD)
Il est plus juste de parler de « leishmanioses » car la pathologie recouvre différentes formes dont certaines sont mortelles, les autres laissant des cicatrices qui défigurent. Environ 400 000 nouveaux cas de leishmaniose cutanée apparaissent chaque année, ce qui amène l’OMS à classer cette pathologie au sixième rang des plus importantes maladies tropicales. Elle touche essentiellement les enfants qui n’ont pas achevé leur construction immunitaire, et les personnes âgées dont la protection immunitaire est affaiblie.
Réalisateur du film « La mouche des sables en Syrie » (IRD)
« C'est une maladie de la pauvreté liée à l'environnement et au comportement.»
La prévention demeure la stratégie de première ligne. Elle consiste à sensibiliser les populations à risque pour les inciter à mieux gérer l'environnement et surtout à se protéger au moyen de moustiquaires, d'insecticides et de produits répulsifs, comme on le fait pour lutter contre le paludisme qui cohabite très souvent avec les leishmanioses.
Une autre objectif de sensibilisation du public est d'inciter au diagnostic précoce de la maladie auprès des centres de santé. Car si les médicaments existent le traitement est d'autant plus lourd et douloureux que la maladie est étendue. Des recherches sont en cours pour identifier de nouvelles molécules plus efficaces, économiquement accessibles et plus faciles à supporter pour mieux répondre à ce grave problème de santé publique très contemporain.
« La co-infection kala-azar (une leishmaniose viscérale)/sida est de plus en plus fréquente. »
Pour en savoir plus :
La mouche des sables de Syrie, réalisé par Bernard Surugues
Film produit par IRD audiovisuel/ OMS (France) 2005