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Chikungunya

Assiste-t-on à une mondialisation de l’épidémie ?

par Dominique Raizon

Article publié le 07/09/2007 Dernière mise à jour le 07/09/2007 à 12:26 TU

Selon l’expert français Antoine Flahault, interrogé dans le journal des professionnels de la santé, le Quotidien du Médecin, les cas groupés de chikungunya signalés en Italie du nord constituent une « première mondiale » hors de la zone intertropicale. Le virologue Antonio Cassone, directeur du département des maladies infectieuses à l'Institut supérieur de la santé (ISS) a déclaré « cent-soixante cas confirmés de chikungunya dans la région de Ravenne [nord-est de l'Italie] et une trentaine de cas dans des communes limitrophes de cette zone ».

 

(Photo : AFP)
(Photo : AFP)

Les personnes revenant de la région de Ravenne et d'Emilie-Romagne, dans le nord-est de l'Italie et présentant dans les 7 à 12 jours suivant leur retour une fièvre élevée associée à des douleurs articulaires, « doivent consulter un médecin », a déclaré le ministre italien de la Santé « afin d'éviter une possible transmission à leurs proches », et les voyageurs se rendant dans cette même région sont invités à se protéger efficacement contre les piqûres de moustique. La situation dans la région de Ravenne est désormais sous contrôle, a affirmé cependant l'expert de l’ISS, Antonio Cassone : « Toutes les mesures ont été mises en oeuvre pour contrôler et réduire drastiquement le nombre de moustiques ». Mais, oui, on peut parler d’épidémie. Explications d’Antoine Flahault.

Antoine Flahaut

Président de la cellule française de recherche sur la dengue et le chikungunya, au micro de Caroline Lachowsky

« Aujourd'hui on peut parler d'une épidémie de chikungunya en Italie, dans la mesure où on pense qu'un voyageur est revenu d'une zone infectée, qui était très probablement l'Inde, avec le virus du chikungunya

Un voyageur étranger venu d'Inde, en visite à Castiglione (Italie), et porteur du virus du chikungunya, serait à l'origine de l'épidémie qui a touché ce bourg pour la première fois le 23 juin dernier. « Dix jours plus tard, le 4 juillet, le premier cas de chikungunya était constaté à Castiglione », ont expliqué les autorités sanitaires italiennes. Piqué par un moustique mais ignorant qu’il était contaminé, ce voyageur a lui-même permis la propagation de la maladie.

Propagation favorisée par « la très grande densité de moustiques dans la région à la mi-août », a précisé le virologue Antonio Cassone : « Les moustiques vecteurs de cette maladie sont présents depuis des années en Italie. Nous savons tous que la hausse des températures et de l'humidité rend le climat plus tropical et favorise la prolifération des moustiques ». Pour autant, il n’a pas été jusqu'à établir un lien direct entre les moustiques porteurs du virus et le réchauffement climatique.

Phénomène « inquiétant sans être alarmant »

« La souche responsable est très probablement la souche africaine partie du Kenya en juin 2004 », selon le professeur Antoine Flahault, coordonnateur de la cellule française de recherche sur le chikungunya . Ce dernier a relevé que l'épidémie, qui était confinée dans l'océan Indien, s'étendait. Il juge ce phénomène « inquiétant sans être alarmant » et pointe le fait que des maladies autrefois dites « tropicales » sont devenues beaucoup plus universelles, favorisées par toutes sortes de facteurs liés aux échanges commerciaux et aux déplacement des populations  comme l’explique Antoine Flahault.

Antoine Flahaut

Président de la cellule française de recherche sur la dengue et le chikungunya, au micro de Caroline Lachowsky

« L'idée que ces maladies sont des maladies tropicales, comme on disait autrefois, est une idée qui a vécue. Aujourd'hui il n'y a plus de maladie tropicale.»

La maladie, qui ne se transmet pas directement d'homme à homme, se traduit par une forte fièvre (plus de 39°C), des éruptions cutanées, des courbatures dans les articulations, souvent celles des doigts et des genoux, qui peuvent persister plusieurs semaines et s'avérer parfois invalidantes, obligeant le malade à se déplacer courbé, d'où le nom chikungunya (« celui qui marche courbé » en swahili).

L'Aedes albopictus, un des moustiques vecteurs présent dans le nord-est de l'Italie est avec Aedes aegypti, « un très bon vecteur, présent sur l'ensemble des continents », note cet expert. Pour autant, « il ne semble pas qu'il puisse survenir de sitôt des épidémies de l'ampleur de celle de la Réunion qui a touché 40% d'une population ». Egalement présent dans certaines zones du sud de la France, ce moustique qui fait l'objet d'une surveillance entomologique, « n'a pas transmis à ce jour le virus du chikungunya dans l'Hexagone », a précisé la  Direction générale de la Santé en France.