par Agnès Rougier
Article publié le 11/04/2008 Dernière mise à jour le 11/04/2008 à 15:32 TU
Vingt-deux chercheurs de six pays différents sont partis pendant 3 ans sur le terrain, sous l’égide du département de biologie et de conservation de l’université de Berkeley en Californie, pour établir une carte qui recense pas moins de 2 315 espèces de faune et de flore à protéger dans le meilleurs délais. Parmi celles-ci, des lémuriens, des papillons, des grenouilles, des fourmis ou des caméléons.
Espèces menacées d’extinction avant même d’être identifiées
Il existe quelques 13 000 espèces endémiques d’animaux et de plantes connues à Madagascar, dont 90% d’amphibiens, de reptiles et de mammifères. Mais aujourd’hui, moins de 10% de leur habitat original est encore en l’état, et nombre de ces espèces uniques sont en danger d’extinction.
Avant d’initier ce programme de 3 ans, l’Académie des sciences de l’Université de Berkeley envoyait déjà des chercheurs sur place, depuis 1978. Brian Fisher, entomologiste, l’un des responsables du programme actuel, a découvert, à lui seul, durant ces dernières années, plus de 800 nouvelles espèces de fourmis malgaches, comme la fourmi dracula, un maillon important pour l’étude de l’évolution croisée des fourmis et des guêpes.
Disparition des forêts et des écosystèmes
Durant les 3 dernières années, 50 nouvelles espèces ont été découvertes ; mais les chercheurs craignent de ne pas avoir assez de temps pour les étudier avant de les voir disparaître.
En effet, la pauvreté de la population malgache et les modifications climatiques en cours accélèrent la disparition des forêts. Or, parmi les découvertes récentes des chercheurs, des espèces rares ont été repérées dans des zones forestières très restreintes. De facto, leur existence se trouve aujourd’hui menacée.
Programmes informatiques américain et finnois
Jusqu’à présent, les actions de préservation des espèces, à Madagascar comme ailleurs, se sont concentrées sur une espèce ou sur un groupe d’espèces particulier, mais dans la bataille pour éviter l’extinction, cette approche est loin d’être assez efficace, car protéger une espèce ne défend pas les autres.
Pour cette raison, le programme de l’Université de Berkeley a développé un volet informatique : des logiciels spécifiques ont été conçus pour estimer le nombre d’individus par espèce. Puis, l’Université d’Helsinki, en Finlande, a mis au point un programme informatique permettant d’identifier les régions où le risque de disparition des espèces est le plus important.
Les résultats de ces travaux ont permis de tracer une grande carte des espèces malgaches, ce qui est une première dans l’étude de la biodiversité de l’île. Ces données devraient permettre au gouvernement malgache de mettre en application, sur des bases solides, la politique de conservation qui avait été initiée en 2003.Sur le même sujet