par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 19/06/2008 Dernière mise à jour le 19/06/2008 à 14:45 TU
Les zones humides ont perdu 30% de leur superficie en France entre les années 60 et 90 mais elles couvrent encore 7,5% du Nord/Pas-de-Calais. Dans cette région, elles bénéficient curieusement de l'héritage industriel : l'affaissement des zones d'exploitation minière et l'abandon de carrières ou d'anciens bassins de décantation de l'industrie agroalimentaire ont créé avec le
temps d'excellents réservoirs de biodiversité. Paradoxalement, les marais historiques comme celui de Roussent (Pas-de-Calais) dans la basse vallée de l'Authie -qui compte pas moins de 200 espèces végétales et 70 espèces d'oiseaux sur 70 hectares- doivent faire l'objet d'interventions humaines suivies telles que débroussaillage et curage, pour préserver leur richesse patrimoniale.
« Extrapolations les plus alarmistes non confirmées »
« Après sept ans d'observations, on note un maintien encourageant dans ces zones des espèces d'oiseaux patrimoniales mais il est difficile de dire si cette tendance est robuste », soulignait prudemment au cours du séminaire le chargé de mission des Espaces naturels régionaux (ENR) Fabien Brimont.
Romain Juliard, du Muséum national d'histoire naturelle a souligné que comme pour les autres biotopes, « ce sont les oiseaux très spécialisés qui pâtissent des perturbations du climat ou du paysage, alors que ceux qui sont généralistes s'adaptent ».
Résultat, en plein centre de Lille, une promenade matinale le long de la Deûle permet de dénombrer quatre ou cinq hérons guettant patiemment leurs proies à bonne distance les uns des autres.
Evaluation de l'état des zones humides …
Toutefois, José Godin, qui a coordonné ces observations des oiseaux de la famille des ardéidés -lesquels harponnent leurs proies dans les eaux peu profondes- a, en revanche souligné la « régression à la limite du seuil d'extinction » du butor étoilé, qu'on ne voit pratiquement jamais mais dont on entend quelquefois le bizarre mugissement dans les roselières. Le blongios nain, quant à lui, qui ressemble à ce dernier, « régresse à l’échelle nationale mais reconstitue ses effectifs régionalement, même si c'est sur un nombre de sites plus réduit », relève l’ornithologue.
Ces études correspondent à la démarche de la coordination nordiste des ENR, qui a expérimenté depuis sept ans l'observation des oiseaux comme méthode d'évaluation de l'état des zones humides. Celles-ci sont en effet menacées par les activités humaines alors qu'elles épurent les ressources aquatiques, régulent les cours d'eau et
préservent la biodiversité.
Chaque zone s’est vue attribuer un indice en fonction de la diversité des oiseaux observés par un réseau de connaisseurs et surtout de leur « valeur patrimoniale », plus forte pour les espèces rares et menacées. L'évolution annuelle de cet indice permet de tirer des conclusions sur l'état de santé des milieux humides.Pour en savoir plus :
Consulter le site des ENR à l'adresse suivante : http://www.enr-lille.com/
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