par Dominique Raizon
Article publié le 16/07/2008 Dernière mise à jour le 18/07/2008 à 14:24 TU
Depuis janvier 2008, l'Andra assure gratuitement la collecte et la prise en charge d’objets suspectés de radioactivité, même faible, l'idée étant d'éviter systématiquement qu'un objet qui émet de la radioactivité se trouve dans le public. Car, peu dangereux s'ils restent intacts, ces objets peuvent le devenir s'ils sont endommagés : ainsi, « un enfant qui jouerait avec les aiguilles d'un vieux réveil peut se brûler », explique-t-on à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. Les vieux paratonnerres, qui parfois tombent et se cassent, présentent les mêmes risques et pourtant, « il en reste encore 40 000 qui ont été installés dans les années 1950 ».
En avril, les pompiers sont intervenus au domicile d'une habitante de Marcilly-sur-Tille (centre-est) qui avait acheté la veille dans une brocante une « fontaine à radium », « un bel objet du début du siècle dernier ressemblant à une cafetière », raconte Marie-Claude Dupuis, directrice générale de l'Andra. Intriguée par la mention « générateur à radium » figurant sur sa nouvelle acquisition, l'acheteuse avait effectué des recherches et découvert que l’existence de ces fontaines à radium (appareils destinées à rendre l'eau radioactive) remontait à la fin du XIXème siècle, alors que la radioactivité, fraîchement découverte, était considérée comme bénéfique pour l'homme … dans certains cas et à faible dose. L’acheteuse avait alors alerté les pompiers et, « bien que tout risque de contamination soit exclu, l'Andra s'était chargée d'enlever la fontaine à radium en vertu du principe de précaution », explique Marie-Claude Dupuis.
Les plus suspects sont les objets à usage médical
Les vieux modèles de montres, réveils, boussoles, cadrans d'avions et autres systèmes de visée nocturne dotés d'aiguilles et de cadrans luminescents sont suspects: la luminescence était obtenue en ajoutant du radium, puis du tritium, à la peinture. Aujourd'hui, tout un bric-à-brac d'objets radioactifs est encore en circulation chez les particuliers, oubliés dans les greniers et les caves ou réapparaissant dans des brocantes. Le radium a suscité un véritable engouement à partir des années 1920. Des produits de beauté « irradiants », tel que le rouge à lèvres « Tho-radia » par exemple, étaient même proposés aux femmes et les médecins prescrivaient des pommades et des comprimés à base de radium.
Au delà de ces objets courants, les minéraux détenus par des collectionneurs, des géologues, des écoles, peuvent être radioactifs. L’Agence attire plus précisément l’attention sur les roches qui « présentent de remarquables structures cristallographiques et de superbes couleurs ». L’Andra a également répertorié comme objets suspects les vieux bocaux de sels naturels radioactifs qui étaient utilisés dans les cours de chimie, pour les travaux pratiques, et par les particuliers qui s'étaient constitués de petits laboratoires à domicile : « Tous ces objets peuvent émettre des radiations plus ou moins intenses, dans la plupart des cas, les conséquences sont faibles mais, dans le doute, il est préférable de les confier à un organisme spécialisé et de ne pas les toucher directement », indique l’agence.
« Les plus dangereux, selon l’Andra, ce sont les ‘Orum’, les objets au radium à usage médical --boîte à aiguilles radioactives, tube, gaine-- conservés aujourd'hui comme curiosités ou objets de collection. On en trouve chez les particuliers quand il y a eu un médecin radiologue dans la famille ».
Quelle vie pour ces objets après leur collecte ?
« Une dizaine de communes ont déjà manifesté leur intérêt pour un projet de création d'un centre de stockage des déchets faiblement radioactifs », a indiqué jeudi François-Michel Gonnot, président de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Ce centre, qui devrait ouvrir en 2019, doit permettre de stocker des déchets radioactifs « de faible activité à vie longue » (FAVL), dont la durée de vie est estimée à au moins 5 000 ans. Le lieu d’implantation n’est pas encore déterminé : le ministère de l'Ecologie a lancé le 5 juin dernier un appel à candidatures afin d'identifier les sites volontaires.
Selon l'Andra, quelque 3 000 communes, dans vingt départements, disposeraient d'un terrain géologique a priori compatible avec l'accueil d'un centre de stockage de déchets radioactifs « de faible activité à vie longue ». Les maires intéressés doivent faire connaître leur intérêt pour ce projet d'ici au 31 octobre 2008 et donner leur accord pour que des forages soient effectués sur leur territoire afin de vérifier la faisabilité de l'implantation du centre.
Une consultation locale sera effectuée entre 2009 et 2010
Une fois l'étude de faisabilité menée, un, deux ou trois lieux possibles seront sélectionnés et la commune devra alors confirmer sa candidature. Une consultation locale sera effectuée entre 2009 et 2010 avec la Commission nationale du débat public afin de recueillir les attentes des populations locales. Et, c'est le gouvernement qui arrêtera le choix du site fin 2010.
Les FAVL comprennent, entre autres, les déchets graphites, provenant de l'exploitation et du démantèlement d'anciens réacteurs EDF arrêtés et les déchets radifères (pour radium), que l'on trouve dans les composants électroniques ou les pots catalytiques. Un volume de déchets évalué à environ 170 000 m3.
L'Andra étudie également la possibilité de prendre en charge dans ce futur centre d'autres déchets FAVL tels que les déchets bitumés ou des objets radiologiques à usage médical, représentant un volume supplémentaire de 50 000 m3.
Pour en savoir plus :
Consulter le site de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)
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