par Dominique Raizon
Article publié le 17/09/2008 Dernière mise à jour le 17/09/2008 à 13:34 TU
On connaissait déjà la fourmi « bulldog » de Tasmanie, la fourmi magnan d’Afrique centrale, la fourmi charpentière très commune au Canada etc … mais « une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête, ça n'existe pas, ça n'existe pas (...) et pourquoi pas !» s’amusait le poète Robert Desnos.
Voici qu’une fourmi pâle, dépourvue d’œil, dotée de larges mandibules et qui mesure de deux à trois millimètres, vient enrichir l’inventaire des biologistes : Christian Rabeling en a découvert un spécimen en 2003, dans un collecteur de feuilles mortes à Manaus, une ville au coeur de l'Amazonie, alors que son existence n’était même pas supposée. Telle une fourmi venue d’une autre planète, parce qu'elle combine des caractéristiques jamais observées auparavant surtout pour vivre dans le sol, les biologistes l’ont alors baptisée « la fourmi de Mars ».
L’étude morphologique et génétique de Martialis Heureka et plus précisément l’analyse de l'ADN de ses pattes de a confirmé sa position à la base même de l'arbre phylétique de l'évolution des fourmis. L’équipe scientifique qui s’est penchée sur ce cas d’espèce a conclu qu’elle appartenait à une espèce inconnue et à son propre sous-groupe de famille -sur 21 déterminés.
L’ancêtre de Martialis Heureka devait ressembler à une guêpe
« Cette fourmi est probablement la descendante des plus anciens ancêtres de ces insectes et a été la première à évoluer », estime Christian Rabeling, qui précise : « Basée sur nos données de fossiles, on suppose que l'ancêtre de cette fourmi devait ressembler à une sorte de guêpe, peut-être similaire à la guêpe fourmi primitive ‘Sphecomyrma’, aujourd'hui éteinte retrouvée dans de l'ambre fossilisée datant du crétacé (145,5 à 65,5 millions d'années) ».
« La Sphecomyrma est très largement considérée comme étant le lien manquant dans l'évolution entre les guêpes et les fourmis », précise Christian Rabeling. Cette découverte devrait donc aider les biologistes à mieux comprendre la biodiversité et l'évolution des fourmis, insectes dits « sociaux », de petite taille, qui vivent sous toutes les latitudes, des régions froides aux zones tropicales.
Pour en savoir plus :
L’Institut national de recherche agronomique (INRA) leur a consacré un site (cliquez ici)
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