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Afrique de l’Ouest/ Biosphère

L’homme au cœur de l’environnement

par Agnès Rougier

Article publié le 17/02/2009 Dernière mise à jour le 24/02/2009 à 16:00 TU

Les réserves de biosphère ont été créées par l’Unesco, depuis 1974, dans l’objectif d’associer les populations à la gestion de l’environnement. Elles sont conçues pour répondre à une des questions essentielles qui se pose aujourd’hui, à savoir comment concilier la conservation de la biodiversité et des ressources biologiques avec leur utilisation durable ? En effet, l’histoire de la conservation nous apprend que ces endroits, où la biodiversité est importante mais fragile, ne peuvent exister qu’avec ceux qui y vivent. Le réseau compte aujourd’hui 531 sites répartis dans 105 pays.

La meilleure saison de pêche se situe en octobre et novembre.(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

La meilleure saison de pêche se situe en octobre et novembre.
(Photo : Agnès Rougier/ RFI)


En Afrique, depuis la colonisation, la conservation de l’environnement s’est surtout pratiquée en écartant les hommes des aires protégées. Les choses ont changé depuis 1974 avec le concept de réserve de biosphère qui rétablit la place de l’homme au sein de son environnement puisque le programme repose sur la participation active des populations (* ).

Le programme régional Unesco-Man And Biosphere / Pnue-Fonds pour l’Environnement Mondial(Pnue-Femréunit six pays d'Afrique de l'Ouest qui ont proposé chacun une réserve de biosphère sur leur territoire : la Pendjari (Bénin), la Mare aux Hippopotames (Burkina Faso), la Comoé (Côte d'Ivoire), la Boucle du Baoulé (Mali), le W du Niger (Niger) et le Niokolo Koba (Sénégal). Ces sites, qui se trouvent dans des pays limitrophes, partagent les mêmes caractéristiques climatiques et écologiques. Ils représentent ainsi un sous-réseau régional qui permet plus facilement d'échanger des expériences et des idées.

Les six réserves de biosphère d’Afrique de l’Ouest sont situées pour la plupart sur les lieux des anciens parcs naturels ou réserves de chasse, créés dans les années 1950. Dans chacune, le développement durable a été mis en œuvre pour répondre aux mêmes objectifs mais avec des solutions différentes et adaptées.

Tour d’horizon

Palme de ronier.(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Palme de ronier.
(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

La plus grande des réserves de biosphère est le parc transfrontalier du W. Le Parc du W couvre au total un territoire de plus de 1M d'hectares, répartis entre les états du Bénin (550 000 ha), du Burkina Faso (250 000 ha) et du Niger    (220 000 ha), auxquels il faut ajouter les Zones de Chasse de l'Atacora, du Mekrou et du Djona. Mais il s’agit, en réalité, d’un territoire encore plus vaste puisque le sud du parc W -situé au nord-ouest du Bénin- jouxte la réserve de la Pendjari qui, avec le parc d’Arly, fait partie du complexe W-A-P. Avec quelque 19 200 hectares, la plus petite de ces 6 réserves de biosphère est la Mare aux Hippopotames, au Burkina Faso.

Le paradoxe du long terme

La préservation de l’environnement repose obligatoirement sur un travail de long terme. Or, les politiques -qu’elles soient intérieures ou extérieures- pensent volontiers le court terme électoral avant le long terme. Les financements associés suivent donc le même chemin, ce qui crée un véritable paradoxe lorsque l’on pense environnement.

Aigrettes garzettes de la mare des Hippopotames.(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Aigrettes garzettes de la mare des Hippopotames.
(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

En effet, les résultats des changements de mode d’exploitation de l’environnement sur lui-même sont rarement immédiats. Et quand on les constate rapidement, cela ne présume pas de leur pérennité. Si, par exemple, on implique les braconniers dans la défense de la réserve, le nombre d’herbivores remontera rapidement ; mais encore faut-il financer les équipes de surveillance de façon pérenne ; sinon, le braconnage reprendra le dessus et le nombre d’animaux chutera à nouveau.

C’est la raison pour laquelle l’Unesco, le Fonds français pour l’Environnement mondial (FFEM), et le FEM, se sont donné pour mission d’aider les populations à construire leur propre autonomie, par la création de filières autogérées, ce qui devrait, à terme, les mettre à l’abri des changements politique et des baisses de financement.

L’environnement, parent pauvre de la crise financière mondiale

Fleur de bougainvillée (Parc du W.).(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

Fleur de bougainvillée (Parc du W.).
(Photo : Agnès Rougier/ RFI)

L’objectif des programmes de soutien aux populations des réserves de biosphère est de leur donner les moyens d’agir en toute indépendance sur les écosystèmes dans lesquelles elles vivent tout en les préservant sur le long terme.

Des solutions d’exploitation durable des ressources naturelles sont entrain de voir le jour, et les solutions sont diverses. L’échange de savoirs et d’expériences entre les réserves  - qui est une composante importante du réseau MAB- est très enrichissant.

Ces solutions devraient permettre aux populations des villages de ne plus dépendre de financements internationaux, qui ont tendance à se raréfier en période de crise. Mais le processus n’est pas terminé, et tout le monde espère qu’il se prolongera suffisamment pour arriver à terme.

Dominique Potvin

« C'est vraiment étonnant de voir les similitudes et les mêmes enjeux ici en Afrqiue et dans les autres réserves de biosphères comme au Canada. »

24/02/2009 par Agnès Rougier

 
© Pendjari.net

© Pendjari.net

Pour en savoir plus :

Consulter les sites de

- l'Unesco

- du Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM)