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La pomme de terre, «un trésor enfoui»

par Dominique Raizon

Article publié le 09/03/2009 Dernière mise à jour le 13/03/2009 à 10:58 TU

 Larves de Tecia, insecte ravageur, sur une pomme de terre. <a href="http://www.ird.fr/indigo" target="_blank">(Photo : IRD/ André Pollet)</a>

Larves de Tecia, insecte ravageur, sur une pomme de terre.
(Photo : IRD/ André Pollet)

Après une année consacrée à la promotion de la pomme de terre dans le cadre de développement de systèmes agricoles durables par la FAO, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a réalisé une étude sur la répartition de vers parasites de ce tubercule, qui l'a conduit de manière originale à découvrir certains phénomènes géologiques et la trace du soulèvement des montagnes andines.

Afin que la pomme de terre garde un rôle important dans le renforcement de la sécurité alimentaire et l’éradication de la pauvreté, l’IRD participe à la lutte contre les principaux ravageurs à travers une triple approche écologique, virologique et génétique pour mieux comprendre l’interaction plantes-insectes ravageurs-antagonistes. C’est précisément cette dernière approche génétique qui a montré que des passerelles fécondes pouvaient être crées entre les sciences de la vie et les sciences de la terre.

« Les hautes Andes sont nées dans la région de la Cordillère »

Les scientifiques ont en effet étudié, « à partir de marqueurs moléculaires », la reconstitution de l’histoire de l’invasion de lépidoptères -connus sous le terme générique de teignes de la pomme de terre. Ils se sont intéressés aux « mécanismes d’adaptation aux environnements nouveaux, avec un accent sur l’adaptation au froid » car les régions concernées sont situées entre 2000 et 2500 mètres d’altitude.

De l'étude d'un ver à des découvertes géologiques

Ils ont découvert l’existence d’un ver parasite, appelé nématode, dont l’évolution tout comme celle de son hôte, est conditionnée par l’environnement. La pomme de terre et ce ver co-évoluent au-dessus de l’altitude seuil et le parasite est incapable de se développer sur d’autres plantes. Cette découverte a permis aux chercheurs de mettre en évidence que « le sud du Pérou andin abrite des lignées ayant la plus grande variabilité génétique et que les populations se sont ensuite différenciées à mesure qu’elles colonisaient les régions situées plus au nord. »

Ils ont alors émis l’hypothèse que « si la colonisation des Andes péruviennes par ce parasite s’est propagée du sud vers le nord [c’est que] l’altitude seuil a été progressivement acquise et [qu’on peut en conclure que] les hautes Andes sont nées dans la région de la Cordillère où celle-ci est actuellement la plus large et le volume montagneux le plus important. »

Culture de la pomme de terre.<a href="http://www.ird.fr/indigo" target="_blank">(Photo : IRD/ Sonia Arfaoui)</a>

Culture de la pomme de terre.
(Photo : IRD/ Sonia Arfaoui)

Facile à cultiver, principale entrée non céréalière au monde, la pomme de terre joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire et elle est revenue sur le devant de la scène après des émeutes de la faim dans différents pays en développement. La pomme de terre fait l’objet de toutes les attentions par les chercheurs qui étudient comment lutter contre les parasites ravageurs du précieux tubercule aux qualités biologiques et nutritionnelles intéressantes. De fait, ce charançon (gorgojo en espagnol) est, aux côtés du mildiou, le plus grand ravageur de la pomme de terre dans les Andes et le Centro Internacional de la Papa (CIP), situé à Lima (Pérou), a entrepris depuis longtemps de faire valoir la lutte intégrée pour combattre cet insecte nuisible.

La Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) s’était fixée en 2008 la promotion de la recherche et le développement de systèmes agricoles durables basés sur la pomme de terre.

Les Incas l’appelaient papa

Le berceau de la pomme de terre, actuellement cultivée partout dans le monde, est le Pérou. Il aura fallu attendre le 16ème siècle et la découverte des Amériques par les conquistadors pour que ce tubercule terreux soit introduit en Europe par les missionnaires et qu’il devienne progressivement, au cours des deux siècles suivants, l’aliment populaire par excellence.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites

       - de l’IRD 

-         du Centre de recherches pour le développement international : Idris qui consacre différents articles au sujet

-         L'année internationale de la pomme de terre © FAO, 2008.

Lire

- Le développement durable, de Sylvie Brunel  (PUF, 2007).