par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 01/05/2009 Dernière mise à jour le 01/05/2009 à 11:22 TU
Cette race rustique de vache anglaise est la plus répandue au monde des races bovines à vocation bouchère.
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La vache est le troisième animal domestique dont le génome est entièrement séquencé, après celui du poulet et du chien. L'Inra précise que les connaissances acquises par l’étude du génome de la vache livrent une masse importante de données fondamentales qui devraient avoir des « implications considérables pour les filières bovines » : amélioration de la production de lait et de la qualité de la viande ; amélioration, également, en matière de reproduction ou d'adaptation des espèces en ce qui concerne, par exemple, la robustesse de la race, les techniques d'élevage et leurs impacts environnementaux.
« L'industrie de l'élevage est très importante pour le secteur agricole aux Etats-Unis avec un cheptel de plus de 94 millions de têtes estimé à 49 milliards de dollars », a souligné par ailleurs le ministre américain de l'Agriculture, Tom Vilsack et toute maladie menaçant un cheptel a des implications économiques importantes. Le décodage des séquences du génome bovin devrait permettre aux scientifiques de comprendre les causes génétiques de ces maladies et « de produire de la viande et du lait plus sains tout en réduisant pour les éleveurs la dépendance des antibiotiques utilisés pour préserver la santé des animaux », explique-t-il.
L’analyse de quelque 500 animaux de 19 populations (dont la race française Limousine) révèle également que les bovins constituaient il y a des siècles une population originelle très diverse qui se serait appauvrie sous l’effet de la domestication, il y a 8 000 à 10 000 ans. La diversité bovine aurait diminuée depuis la divergence d'avec les populations originelles d'aurochs, le «boeuf ancestral», et depuis les débuts de ce phénomène, l’élevage des bovins par l’homme aurait produit plus de 800 races différentes.
Citée par le quotidien Le Monde, la paléo-généticienne Eva-Maria Geigl (Institut Jacques-Monod), qui ressuscite l'ADN fossile pour écrire la préhistoire commune du bétail et de l'homme, n'est pas totalement convaincue. « Cette réduction de diversité génétique a-t-elle eu lieu lors de la domestication et des migrations au néolithique, lors des épidémies de peste bovine du Moyen-Age et de la Renaissance, ou à la suite de la pratique intensive de sélection dès le milieu du XIXe ? Les données, très riches, devront être complétées pour pouvoir répondre », note-t-elle.
La vache plus éloignée de l’homme que le singe mais … plus proche que le rat
Ce séquençage génomique a mis par ailleurs en évidence une grande similitude dans l'organisation des chromosomes de la vache et de l'homme. En d’autres termes, le génome de la vache est beaucoup plus proche de celui de l'homme que peut l'être celui de la souris et du rat ... mais plus éloigné que celui du singe. La cartographie complète du génome du bovin comprend au moins 22 000 gènes, celle de l'homme environ 25 000 gènes et les deux espèces en auraient environ 80% en commun.
La majorité des chromosomes bovins correspondent à de grands fragments de chromosomes humains, parfois même des chromosomes entiers. Une conservation du génome entre les deux espèces qui s'expliquerait par l'existence d'un ancêtre commun à l'homme et au bovin, il y a environ 95 millions d'année.
Rats et souris sont fréquemment utilisés dans les laboratoires pour tester des médicaments destinés aux hommes... Désormais serait-t-il plus pertinent de les tester sur les vaches? … De ces comparaisons pourront naître d'éventuelles avancées thérapeutiques. « Ces analyses commencent tout juste », précise André Eggen, chercheur à l’Inra.
Pour en savoir plus :
Les résultats du programme baptisé, Bovine Genome Sequencing Project , ont été publiés dans la revue américaine Science
Voir le communiqué de l'Inra
(*)Centre de séquençage du Baylor College of Medicine à Houston (Etats-Unis)