Rugby : Coupe du monde
Le monde de l’ovalie en Australie
par Gérard Dreyfus
Article publié le
09/10/2003
Dernière mise à jour le
08/10/2003 à 22:00 TU
Coup d’envoi ce vendredi de la 5ème Coupe du monde de rugby. Vingt équipes réparties en quatre poules de cinq, deux qualifiés par poule. Le titre se jouera comme d’habitude entre l’Australie, qui accueille la compétition, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre. La France vient juste derrière.
Née en 1987, avec autant de partisans que d’adversaires, la Coupe du monde de rugby n’a, sans doute véritablement pris son élan qu’en 1995 et son organisation par l’Afrique du Sud. Le pays sortait d’un long bannissement pour cause d’apartheid et avait tout mis en œuvre pour que l’opération soit autant une réussite politique que sportive. Qui ne se souvient de Nelson Mandela arborant fièrement la tenue des «Springboks» le jour victorieux de la finale. Ce petit coup de pouce de l’homme, à l’époque, le plus populaire de la planète, a probablement contribué à asseoir définitivement le rayonnement d’une épreuve qui offre le handicap majeur d’être interminable. Cette année, elle s’étalera sur quarante-quatre jours, soit sept semaines, avec quelques rencontres intéressantes, à partir des quarts de finale, et beaucoup qui ne le seront pas et qui ne passionneront que les supporteurs des équipes sur le terrain.
Donner à l’élite une sensation de masse
Difficile, en effet, de s’enthousiasmer pour un Géorgie - Uruguay, un Italie - Tonga ou un Fidji - Etats-Unis. La discipline est tellement dominée par les pionniers que personne n’est en mesure de leur contester leur domination exercée depuis 1871 et le premier match officiel entre l’Ecosse et l’Angleterre. Le rugby est un sport né en Angleterre dont la plus belle conquête extérieure a été la France. Le reste du monde s’y est plus ou moins essayé, sans beaucoup de réussite, hormis l’Argentine et les îles rayonnant dans l’hémisphère austral autour de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. On pense en premier lieu aux Samoa occidentales dont la plupart des joueurs évoluent dans le championnat néo-zélandais, aux Fidji ou à Tonga.
Pour sa cinquième édition la Coupe du monde accueille vingt équipes, une manière de donner à l’élite une sensation de masse. Personne n’est dupe : la véritable épreuve commencera le 8 novembre avec les quarts de finale. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un regard sur les quatre éditions qui ont précédé le rendez-vous australien : l’Australie a signé deux victoires en 1991 et 1999, la Nouvelle-Zélande (1987) et l’Afrique du Sud (1995) une chacune. A ces trois nations il faut ajouter la France, deux fois finaliste et l’Angleterre qui l’a été une fois. L’élite est restreinte même quand on lui adjoint l’Ecosse, l’Irlande et le Pays de Galles. Il y aura peut-être une ou deux déceptions concernant l’un ou l’autre de ces trois derniers pays, sûrement pas de bouleversement ou de révolution.
Car les précurseurs sont aussi les pays les plus en avance. Le professionnalisme installé depuis à peine dix ans n’a fait qu’accentuer les différences. Cependant les organisateurs ont tout lieu d’être satisfait de l’audience de l’épreuve. La première année, il y avait eu, selon leurs estimations, 600 millions de téléspectateurs ; il y a quatre ans on avait atteint les 3 milliards. Ils espèrent naturellement faire mieux cette fois-ci. Les conditions semblent réunies dans la mesure où l’Australie est passionnée pour ce sport comme pour tous les autres, que la lutte pour la victoire est très ouverte, et que le rugby avec l’introduction de nouvelles règles est devenu plus spectaculaire, avec un gommage assez efficace des temps morts. L’impression générale est que le ballon est constamment en mouvement et qu’il se passe toujours quelque chose ou qu’il va se passer quelque chose. Le rendu télévisé est devenu plus séduisant. Le rugby possède désormais un réel pouvoir attractif, même pour les non-initiés.
44 jours de compétition, 48 matches. Plus long que la Coupe du monde de football. Bien plus long que les Jeux Olympiques. Le rendez-vous quadriennal du rugby aura pour principal adversaire sa durée dans un monde quotidiennement placé sous le signe de la vitesse et de l’éphémère.
Les équipes et les groupes
Groupe A : Australie, Argentine, Irlande, Roumanie, Namibie (matches à Sydney, Gosford, Brisbane, Adélaïde, Launceston, Melbourne)
Groupe B : France, Ecosse, Fidji, Japon, Etats-Unis (matches à Brisbane, Townsville, Sydney, Gosford, Wollongong)
Groupe C : Afrique du Sud, Angleterre, Samoa, Uruguay, Géorgie (matches Perth, Sydney, Melbourne, Brisbane)
Groupe D : Nouvelle-Zélande, Pays de Galles, Italie, Canada, Tonga (matches à Melbourne, Canberra, Brisbane, Wollongong, Sydney)