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Cyclisme

Dopage : Cofidis dans la tourmente

par Valérie Gas

Article publié le 23/01/2004 Dernière mise à jour le 22/01/2004 à 23:00 TU

Une nouvelle affaire de dopage vient empoisonner le monde cycliste. Quatre membres de l’équipe Cofidis ont été mis en examen pour «infraction à la loi sur les produits dopants», dans le cadre d’une enquête commencée en mars 2003 à la suite de dénonciations. Malgré les mesures prises après la crise provoquée dans le peloton par l’affaire Festina, en 1998, le dopage est toujours aussi présent dans le cyclisme.
Pas d’amalgame : c’est le mot d’ordre dans le monde cycliste après l’annonce de la découverte de nouveaux cas de dopage au sein de l’équipe Cofidis, vite rapprochés de la dernière affaire de ce type mise au jour en 1998 dans l’équipe Festina. Les organisateurs du Tour de France, soucieux de l’avenir de leur épreuve, ont tenu à préciser très rapidement : «Il n’y a aucune commune mesure entre le dopage organisé tel que celui de l’affaire Festina en 1998, véritable trafic mafieux, et les comportements délictueux, récemment découverts, chez certains coureurs ou soigneurs du peloton qui, ayant triché, devront répondre de leurs actes devant la justice».

Pour le moment, seules quatre personnes ont été mises en examen par Richard Pallain, le juge d’instruction chargé de l’affaire. Il s’agit du soigneur polonais de l’équipe Cofidis, Bogdan Madejak, soupçonné d’être «le cerveau» et placé en détention provisoire, de deux anciens coureurs, Marek Rutkiewicz et Robert Sassone, et d'un cycliste Philippe Gaumont, tous trois laissés libres mais placés sous contrôle judiciaire. Le Français Cédric Vasseur, maillot jaune pendant cinq étapes du Tour de France 1997, a quant à lui été placé en garde à vue pendant 48 heures à la brigade des stupéfiants avant d’être relâché. Contrairement aux quatre autres, il ne serait soupçonné que d’usage de produits dopants et non de cession, seule infraction passible de poursuites judiciaires.

Transfusions sanguines et EPO

Mais la police estime que cette affaire pourrait «à terme éclabousser le peloton». L’enquête a permis de recueillir des éléments matériels et des déclarations sans équivoque. Des produits suspects ont, par exemple, été saisis dans les bagages de Rutkiewicz à son retour de Varsovie et au domicile de Robert Sassone. La police dispose aussi d’enregistrements réalisés à l’occasion d’écoutes téléphoniques, dans lesquels des propos sans ambiguïté sont tenus. L’hebdomadaire Le Point en a publié des extraits où deux des principaux protagonistes impliqués dans l’affaire font notamment référence à l’utilisation de transfusions sanguines couplées avec des prises d’EPO (erythropoïetine) lors du dernier Tour de France.

La publication des ces conversations téléphoniques a provoqué une réaction immédiate et courroucée de la part des responsables de Cofidis. Le manageur de l’équipe, Alain Bondue, a accusé les journalistes de se livrer à un «amalgame» et démenti que ses coureurs aient pu se livrer à de telles pratiques : «Combien d’entre vous ont consulté des hématologues ? Imaginez l’infrastructure, la logistique nécessaire. Ce serait visible et nous nous en rendrions compte. Pendant le Tour, je suis allé dans les chambres pendant trois semaines». Le PDG du groupe Cofidis, François Migraine, a pour sa part pris le parti d’attendre : «Pour l’instant, nous n’avons aucune preuve en dehors de ce que disent les médias», et a exclu d’abandonner le parrainage de l’équipe à cause de «comportements condamnables» mais «isolés».

Il n’empêche que la découverte de ces nouveaux cas de dopage dans une équipe cycliste a immédiatement provoqué la réaction du ministre français des Sports, Jean-François Lamour qui a convoqué les principaux responsables de ce sport pour faire une mise au point et discuter de nouvelles mesures de lutte contre le dopage. Il a annoncé l’augmentation du nombre de contrôles, qui seront de plus en plus systématiquement pratiqués de manière inopinée, le retrait immédiat des licences en cas de contrôles positifs, l’exclusion des cyclistes mis en examen des qualifications aux Jeux olympiques et la création d’une «groupe technique national» chargé de rendre l’action des pouvoirs public dans ce domaine plus efficace et de coordonner les interventions avec Interpol pour lutter contre les réseaux internationaux d’approvisionnement en produits dopants.

Car force est de constater que malgré le scandale provoqué par l’affaire Festina en 1998, le procès qui a suivi, et les contrôles plus sévères et plus réguliers mis en place, les mentalités et les pratiques n’ont pas beaucoup changé au sein du peloton. Dans ce contexte, le président de la Fédération française de cyclisme, Jean Pitallier, a demandé que la répression soit plus sévère en matière de dopage : «Il faut donner un grand coup, il faut de la prison ferme pour les coupables. Je réclame des sanctions dissuasives».