par Marc Verney
Article publié le 03/07/2007 Dernière mise à jour le 03/07/2007 à 16:43 TU
Le périple de trois semaines de Guillaume Prébois sur le parcours du Tour de France est l’occasion de tenter d’étudier les conséquences d’un tel effort sur l’organisme d’une personne normalement entraînée. Six à sept heures au quotidien, 24 heures avant le passage des coureurs, Guillaume Prébois va pédaler sur le trajet exact suivi par la compétition officielle. «Le problème du Tour, c’est qu’il est impossible de le préparer dans les conditions réelles. Pour l’affronter, il faut juste tenter d’arriver en forme optimale au départ. Ensuite, c’est comme un premier saut en parachute», explique-t-il lors de la phase préparatoire.
La préparation intensive : devenir un «forçat» de la route
De novembre 2006 à janvier 2007, Prébois travaille sa musculature pour développer la puissance et la résistance des quadriceps mais aussi les lombaires et les abdominaux. Parallèlement, le journaliste et cycliste amateur multiplie les entraînements routiers : deux sorties de 6 h, deux sorties de 4 h et une de 2 h30 par semaine. Un instrument précis, le SRM, véritable ordinateur de bord, surveille toute la manœuvre : travail développé, énergie dépensée, cadence de pédalage et vitesse : la machine dit tout.
En mai, commence la préparation spécifique : trois sorties de 6 h alternent avec deux journées de repos. Guillaume Prébois se donne pour objectif d’arriver à Londres avec 15 000 km à son compteur personnel : «J’ai préféré la qualité à la quantité. Pour le Tour, il fallait que je devienne un diesel capable de rouler fort et longtemps». Un entraînement qui ne se déroule pas sans casse. Dans la descente du Tanneron, sur la Côte d’Azur, une flaque d’huile provoque une chute qui aurait pu être grave. «Une broutille peu tout compromettre. Le coude frappe le sol. En une fraction de seconde, on peut tout perdre», c’est là que Guillaume Prébois appréhende l’angoisse des pros et la complexité de ce singulier métier : «Une chute au Dauphiné ou au Tour de Suisse, et c’est un an de gâché».
«Manger, manger, manger…»
Durant sa préparation, Guillaume Prébois a dû également améliorer la qualité de son alimentation. Finis le fromage, les sucreries, le beurre, la crème, et la charcuterie… le corps doit être capable de nettoyer seul le foie et les reins. Gain de rendement : 10%. Le menu quotidien a donc fortement changé : légumes crus et cuits midi et soir, pâtes ou riz le midi et viandes, œufs ou poisson le soir. Un régime obligatoire pour être d’attaque : «Quand on ne triche pas avec les perfusions de glucose pour remplir les réservoirs de carburant, souligne Prébois, qui est aidé par Didier Rubio, un nutritionniste du XV de France de rugby, il n’y a qu’une solution pour pouvoir repartir le lendemain : manger, manger, manger…».
Les épreuves sportives de longue haleine imposent une stricte discipline en matière de récupération. Sur le Tour, se reposer est une obligation. Chaque minute compte : aussitôt douché, Guillaume Prébois est massé afin de drainer les toxines accumulées et favoriser l’élimination de l’acide lactique. Boire beaucoup également : le journaliste a toujours à portée de sa main une bouteille d’eau minérale. La réhydratation de l’organisme est fondamentale car tous les échanges cellulaires du corps se font à base de liquide.
Etudié sous tous les angles
Guillaume Prébois sera étudié sous tous les angles au cours de ces trois semaine de cyclisme. Son équipe va travailler avec l’Agence française antidopage et le CHU de Toulouse avec l’appui d’un médecin présent sur place. L’idée est de faire au quotidien le suivi clinique, biologique, nutritionnel et psycho comportemental du cycliste. Le tour professionnel a-t-il encore un avenir hors dopage ? La Grande Boucle «à l’eau claire» que réalise Guillaume Prébois ne prétend pas répondre à la question… C’est aussi et surtout toute une histoire humaine, un carnet de route inédit sur 3 550 km de bitume qui va nous entraîner au cœur des difficultés d’une grande épreuve sportive comme le Tour de France.