Article publié le 03/07/2007 Dernière mise à jour le 03/07/2007 à 17:12 TU
Guillaume Prébois nous fera découvrir l'étape 24 heures avant le peloton du Tour de france...
(Photo: Bruno Murialto-Carpe Diem Foto)
Vendredi 6 juillet
Première étape de Guillaume Prébois sur la route du Tour. Aujourd'hui il est à Londres, rendez-vous avec le medecin pour une prise de sang.
Samedi 7 juillet
Par Guillaume Prébois
«Chaque matin, le geste est toujours le même, à la fois rituel et superstitieux: j'humidifie la pulpe de mon index et je prends le pouls du vent, pour comprendre s'il sera ami ou ennemi, pour ou contre nous.»
Guillaume Prébois accomplit chaque étape du Tour avec un jour d'avance sur le peloton. Il livre quotidiennement une chronique audio pour RFI.
Par Guillaume Prébois
«L'étape a été interminable. La route, rectiligne, tranche les champs de betteraves et de blé comme un coup de couteau, elle monte puis descend, sans répit. Le vent bourdonne dans les oreilles et souffle de trois quarts face.»
Mardi 10 juillet
Par Guillaume Prébois
«Il existe une véritable famille de l'avant-Tour, celle des passionnés qui garent leur camping-car aux meilleurs emplacements la veille du passage des coureurs. On les salue, ils répondent par un geste de la main, un encouragement. Parfois on retrouve la sympathique équipe qui flèche l'itinéraire: un sourire, un clin d'œil, «allez les gars!»
Par Guillaume Prébois
«Quel jour sommes-nous? Je ne sais pas, je ne sais plus. Le Tour m'entraîne dans sa spirale intemporelle, le rythme immuable des journées (lever, déjeuner, étape, douche, massage, repos) m'a fait perdre le compte. Le lundi ressemble au vendredi et le jeudi au mardi.»
Jeudi 12 juillet
Par Guillaume Prébois
«A 22 heures, il n'était plus question de partir le lendemain. En guise de dîner, j'avais avalé une poularde de Bresse et des tagliatelles avec l'estomac noué. Puis, désabusé, j'étais parti me faire masser à minuit.»
Vendredi 13 juillet
Par Guillaume Prébois
«J'aurais pu vous parler du décor paradisiaque de cette étape, des montagnes saupoudrées de neige éternelle en toile de fond, de la chaleur brûlante qui m'a dessiné un masque de mineur sur le visage. Mais je préfère vous raconter une rencontre, celle d'un homme pas comme les autres.»
Dimanche 15 juillet
Repos...
Lundi 16 juillet
Par Guillaume Prébois
« La route du col de l'Iseran, abîmée, s'élève sans parapet. Le vide oppresse et opprime. L'air se raréfie: il suffit de boire une gorgée du bidon pour haleter la minute suivante. Mon cœur bat à 160 pulsations, mes jambes tournent 80 fois par minute.»
Par Guillaume Prébois
«De Tallard à Marseille, j'ai eu l'impression d'être un poulet grillé qui tournait lentement sur une broche. Le soleil au zénith écrasait l'ombre sur le goudron fondant. Ses rayons verticaux frappaient ma nuque avec la vigueur d'un coup de matraque. J'avais la sensation d'être brûlé, calciné.»
Mercredi 18 juillet
Jeudi 19 juillet
Par Guillaume Prébois
«Un cinquième contrôle antidopage inopiné sur mes urines mardi soir et une prise de sang à des fins médicales mercredi matin. L'Autre Tour est transparent comme l'eau de source et n'a rien à cacher. Les passionnés de cyclisme le savent et ils sont de plus en plus nombreux à nous témoigner leur soutien.»
Vendredi 20 juillet
Par Guillaume Prébois
«Mon corps se transforme. Mon buste s'amaigrit. C'est déjà la deuxième fois que je dois resserrer la ceinture qui prend ma fréquence cardiaque. Mes jambes, elles, laissent désormais apparaître par transparence de grosses veines bleutées sur la face interne des cuisses.»
Samedi 21 juillet
Dimanche 22 juillet
Par Guillaume Prébois
«Dans le Port de Balès, le col le plus difficile du Tour 2007, on se sent seul au monde. Je m'accroche au guidon qui dégouline de sueur, je tire autant sur les bras et les reins que sur les jambes, j'invoque la pitié céleste, hagard et sonné, à la recherche d'un zeste de moi.»
Lundi 23 juillet
Par Guillaume Prébois
«Je me sens faible. Pas de forces. Je n'ai pas eu le courage d'aller rouler deux heures. Je n'écoute plus que mon corps qui me murmure par d'infimes vibrations ce dont il a besoin: une grande louche de repos, rien d'autre.»
Mardi 24 juillet
Repos
Mercredi 25 juillet
Par Guillaume Prébois
«Je suis monté sur mon vélo avec un esprit guerrier, pas rasé, le couteau entre les dents, avec la fougue d'un Dimitri Karamasov et l'ambition d'un Julien Sorel.»
Jeudi 26 juillet
Par Guillaume Prébois
« Les mollets qui grincent. Les cuisses qui hurlent. Les rotules qui semblent transpercées par une aiguille à tricoter à chaque tour de pédale. L'étape de l'Aubisque a laissé des traces. J'ai la sensation de sortir du tambour d'une machine à laver après un essorage. Je salue la chaîne des Pyrénées d'un geste furtif en narguant ses sommets meringués de neige éternelle. »
Vendredi 27 juillet
Par Guillaume Prébois
«L'étape est un long fleuve tranquille, sans remous. J'observe la variation de nos ombres sur le goudron surchauffé au fil des heures. En remontant vers le nord, le vent se lève et la campagne mue, elle perd sa pellicule de gaieté méridionale, la végétation s'affadit en superposant des champs mornes. »
Samedi 28 juillet