par RFI
Article publié le 22/08/2007 Dernière mise à jour le 22/08/2007 à 14:51 TU
La sénégalaise Amy Mbacké Thiam, championne du monde du 400 m en 2001 à Edmonton (Canada).
(Photo : AFP)
Ils sont nombreux les absents africains à Osaka… Pas d’Haile Gebreselassie par exemple. L’Ethiopie lui a demandé de courir le 10 000 m, mais lui préfère se concentrer sur le marathon de Berlin en septembre où il espère battre le record du monde.
De son côté, l’Algérien Djabir Saïd-Guerni va manquer au plateau du 800 m : il a pris sa retraite sportive cette année. Deux championnes sont absentes pour cause de maternité : Docus Inzikuru, l’Ougandaise tenante du titre du 3 000 m steeple et Françoise Mbango-Etone la Camerounaise, qui est maman depuis 2006 et qui n’a pas retrouvé la compétition depuis. Paul Kipsiele Koech aurait bien voulu aller au Japon, mais au Kenya le système de sélection est presque aussi impitoyable qu’aux Etats-Unis et il n’a pas suffisamment bien couru sur le 3 000 m steeple des Trials à Nairobi fin juillet 2007. Et puis il y a ceux qui ont été contraints au forfait : le Mauricien Stéphane Buckland rêvait d’une quatrième finale mondiale consécutive sur 200 m, mais il est blessé au dos et ne peut pas courir.
Enfin, il y a le cas particulier d’Adil Kaouch qui est aux prises avec une affaire de dopage. Le Marocain n’est pas donc dans la sélection de son pays.
Diack-Bubka-Coe, trio gagnant de l’IAAF |
A 74 ans, Lamine Diack a été réélu président de la Fédération internationale d’athlétisme pour un ultime mandat de quatre ans jusqu’en 2011. Le Sénégalais, ancien sauteur en longueur et ministre des Sports de son pays a recueilli 167 voix contre 9. Il souhaite utiliser sa dernière présidence pour relancer l’athlétisme, une discipline qui a notamment perdu de son importance à l’école. L’ancien quatuor de direction n’est plus. Le congrès de l’IAAF a intronisé deux vice-présidents aux côtés de Lamine Diack, Sebastian Coe (50 ans), le double médaillé d’or du 1 500 m aux Jeux de Moscou et Los Angeles et Sergueï Bubka (43 ans) sextuple champion du monde de saut à la perche et toujours détenteur du record du monde de la spécialité avec un saut à 6,14 m. |
Envoyé spécial de RFI à Osaka
«Lamine Diack veut faire de l'athlétisme un sport universel.»
La réélection de Lamine Diack.
L’Afrique de l’Est grand vainqueur ?
L’Ethiopie, meilleur pays africain sur les deux dernières éditions veut maintenir sa position. Le pays, qui était troisième nation du monde en athlétisme derrière les Etats-Unis et la Russie en 2005 à Helsinki, compte particulièrement sur ses deux grandes stars, Bekele et Dibaba. Chez les hommes, Kenenisa Bekele, se réserve pour le 10000 m et chez les dames, Tirunesh Dibaba devra se bagarrer avec sa compatriote Meseret Defar. Jusqu’à l’année 2007, les deux Ethiopiennes étaient amies mais leur rivalité a vraiment tendu leurs relations et le 5 000 m du 1er septembre pourrait bien être l’un des moments forts de ces championnats du monde.
De son côté, le Kenya n’a pas gardé un bon souvenir d’Helsinki : une seule médaille d’or, c’est un résultat peu conforme au statut de ce pays qui va certainement chercher à rectifier le tir à Osaka.
Au Maroc, l’époque d’El Guerrouj est bien révolue. Les chances de podium s’amenuisent : Jaouad Gharib, blessé au marathon à Londres en avril ne pourra tenter la passe de trois après ses victoires de 2003 et 2005. Reste la médaillée d’argent de Helsinki, Hasna Benhassi sur 800 m.
En Afrique australe, il y a avant tout l’Afrique du Sud. Après un bon bilan en 2003 avec 4 médailles, le pays revient bredouille d’Helsinki mais avec des espoirs qui grandissent. Les espoirs reposent sur Louis Van Zyl (400 m haies) et Godfrey Khotso Mokoena à la longueur. Enfin, toujours dans cette partie du continent, au Mozambique, l’éternelle Maria Mutola, toujours « médaillable » sur 800 m à 33 ans.
En Afrique de l’Ouest, on attend confirmation du Ghana avec le sauteur en longueur Ignisious Gaisah et l’heptathlonienne Margaret Simpson, tous les deux déjà médaillés à Helsinki. Le Nigeria est toujours là, avec son sprinteur Olusoji Fasuba et ses relais 4x100 m et 4x400 m.
Vingt médailles ?
Et puis chez les francophones, Amy Mbacké Thiam pourrait « faire » quelque chose sur 400 m car elle a déjà couru trois finales de championnat du monde et elle peut encore le faire car elle est en forme… Une performance à sa mesure, à condition qu’elle arrive à faire abstraction du conflit avec la Fédération sénégalaise d’athlétisme qui l’a affecté. En Afrique centrale, on ne voit guère que la RDC pour un podium : ce serait une première en plein air pour Gary Kikaya spécialiste du tour de piste.
Le continent africain est en mesure d’obtenir une vingtaine de médailles à Osaka. A Helsinki, l’Afrique avait globalement perdu de son influence avec seulement six médailles d’or contre onze aux mondiaux précédents. Un mouvement ardu à enrayer car la fuite des talents du continent vers d’autres horizons continue. Ainsi, Bernard Lagat, l’ancien Kenyan, défend désormais les couleurs des Etats-Unis sur 1 500 et 5 000 m…
Toujours le spectre du dopage |
Faut-il croire l’expert allemand Werner Franke, lorsqu’il dit que les championnats du monde d’Osaka seront « les plus sales depuis 1990 » ? Ce scientifique, très écouté en Allemagne, a en effet estimé, le 21 août, que le système de contrôle mis en place par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) était « inefficace ». Et pourtant, la cellule antidopage de l’IAAF et ses onze permanents est souvent montrée en exemple dans une discipline où la population des athlètes est très hétérogène. Mais la tâche est gigantesque : le groupe cible de 700 personnes qui est soumis aux contrôles inopinés (sélectionné en fonction des performances et des suspicions de dopage) est réparti dans le monde entier. Par ailleurs, même en cas de valeurs hématologiques suspectes détectées, l’IAAF ne peut pas prononcer d’interdiction de départ… Enfin, « Lorsqu’on ne fait aucun contrôle entre six et deux semaines avant le début des compétitions, cela ne sert à rien de procéder à des contrôles durant les compétitions. Aujourd’hui, les athlètes qui se dopent utilisent des produits qui ne laissent aucune traces deux jours après leur utilisation », précise Werner Franke. Les Américains, qui se remettent à peine de l’affaire Gatlin, champion du monde 2005 du 100 et du 200 m et contrôlé positif en avril 2006, ont déjà procédé à 5 124 contrôles sur les six premiers mois de 2007. Est-ce suffisant ? |