Mondial de rugby 2007
La joie des Sud-Africains
par Valérie Hirsch
Article publié le
15/10/2007
Dernière mise à jour le
15/10/2007 à 10:46 TU
La joie des supporteurs à Edenvale, non loin de Johannesburg.
(Photo : Reuters)
Les Springboks sont donc en finale de la Coupe du monde de rugby 2007 après avoir facilement battu les Argentins par 37 à 13. Ils rencontreront les Anglais dès le samedi 20 octobre prochain au Stade de France (Saint-Denis). A Johannesburg, les fans de ballon ovale, majoritairement des Blancs s'étaient réunis devant des écrans géants afin de suivre la partie.
De notre corrrespondante en Afrique du Sud
Sur une place de Johannesburg, au milieu d’un centre commercial imitant un village toscan, 2 500 supporteurs ont suivi la rencontre sur un écran géant. A l’annonce de la victoire, les spectateurs –portant pour la plupart le maillot vert et or des Springboks- ont sauté de joie, se sont embrassés ou ont fermé leurs poings sur leur poitrine pour exprimer leur ferveur patriotique. «Quelle joie ! s’exclame Mark, un Afrikaner venu avec son épouse. J’étais très nerveux au début de la rencontre. Mais nous avons fait tellement de progrès en deux ans». Alors que la foule se dispersait, les haut-parleurs ont diffusé Shosholoza, une chanson populaire noire, chantée de manière symbolique après la victoire des Springboks à la Coupe du monde en 1995.
Douze ans après, le rugby a encore de la peine à s’imposer comme un sport national en Afrique du sud. Les fans restent à 90% blancs. Le rugby est même devenu depuis les années 20 le sport emblématique du nationalisme afrikaner. «Dans les townships, beaucoup ne savent même pas qu’il y a une demi-finale ! », note l’un des rares spectatrices noires. «Je suis aux anges, lance Thabo, un étudiant de 21 ans. Avant, le rugby était le sport des Blancs. Mais il y a de plus en plus de jeunes Noirs qui le pratiquent, surtout ceux qui, comme moi, ont fait leurs études dans les écoles autrefois réservées aux Blancs. Regardez, je suis venu ici avec un copain blanc. Nous sommes tous fiers d’être Sud-Africains !».
«Ils auraient pu mieux jouer...»
Chez certains, la victoire des Springboks était toutefois tempérée par une certaine déception : « Ils auraient pu mieux jouer, note Andrew, un agent d’assurances d’une quarantaine d’années. Nous perdrons samedi prochain, mais avec la tête haute !». Son épouse, une jolie brune, espère que «Mandela viendra à Paris. Avec sa magie, nous aurons une chance !».
Dans la foule, beaucoup de femmes –le rugby ne semble pas pratiquer de discrimination entre les sexes en Afrique du sud- et une minorité de métis, venus soutenir leurs cinq joueurs dans l’équipe des Springboks : «Bryan Habana a été une nouvelle fois été formidable !, se félicite Peter, un ex-joueur des Eldoradians, un club local, qui affirme n’avoir «jamais souffert de racisme». «Dans le passé, le problème racial nous a causé beaucoup de tort et les arbitres, le public international ne nous aiment toujours pas, croit Boikie, un Afrikaner taillé comme une armoire à glace. Mais nous allons les surprendre. Notre pays a besoin d’une victoire en sports. Comme en 1995, cela aura un effet très positif pour l’unité nationale !».