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Tchétchénie

Eltsine et Poutine en accusation

Depuis la publication, le 3 avril, d'un rapport de la FIDH et de l'organisation russe Mémorial sur les crimes perpétrés par les Russes en Tchétchénie, et les propos de Mary Robinson, haut commissaire des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, la Russie est en proie à de nouvelles pressions internationales.
Alors que Mary Robinson, le haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme dénonçait le 4 avril à Moscou "de sérieuses violations des droits de l'Homme" en Tchétchénie suite à sa visite, la veille dans la république indépendantiste, la FIDH (la Fédération Internationale des Ligues de Droits de l'Homme) et Mémorial (l'organisation russe de défense des droits de l'Homme) rendaient public un rapport réalisé par une mission internationale d'enquête qui s'était rendue du 5 au 13 février 2000 en Ingouchie, où elle a recueilli plusieurs dizaines de témoignages de Tchétchènes.

La FIDH et Mémorial ont insisté en premier lieu sur la responsabilité de Boris Eltsine, de Vladimir Poutine et des chefs des opérations russes quant aux massacres perpétrés en Tchétchénie. "Ils doivent être tenus pour les principaux responsables tout le moins au regard des fonctions qu'ils occupaient, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité perpétrés en Tchétchénie par les forces russes" ont souligné Patrick Baudouin, président de la FIDH et Alexandre Tcherkassov, membre de la direction de Mémorial.

Les deux organisations ont formulé vingt cinq recommandations adressées aux autorités russes, aux autorités tchétchènes, à la communauté internationale et aux institutions financières. Outre la création d'un tribunal pénal ad hoc û sur le modèle de ceux sur le génocide rwandais et les crimes de guerre en ex-Yougoslavie û la FIDH et Mémorial préconisent le gel des aides financières internationales tant que les opérations militaires russes n'auront pas cessé. Ils proposent aussi de geler des avoirs privés détenus dans les banques occidentales par les responsables présumés des graves violations de droits de l'Homme commises en Tchétchénie.

Selon les représentants des deux organisations, il existe encore plusieurs moyens de faire pression sur la Russie : en demandant sa suspension du Conseil de l'Europe qui l'a admise en 1996 en pleine première guerre de Tchétchénie, et en créant une commission d'enquête des Nations Unies.

De plus, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, dont une session a débuté le 3 avril à Strasbourg, a de nouveau fait pression sur la Russie pour qu'elle mette un terme à sa campagne militaire en Tchétchénie. Un projet de rapport, présenté le 4 avril à la commission politique du Conseil, devrait être soumis au vote le 6 avril. Ce rapport devrait, selon toutes vraisemblances, engager d'ici juin prochain, une procédure de suspension de la Russie, l'enjoignant à respecter les critères du Conseil de l'Europe.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 27/03/2000