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Tchétchénie

Dana Fleutiaux : " <i>Il n'y a pas eu de demande de rançon</i>".<br>

Brice Fleutiaux, photographe indépendant français, enlevé au cours d'un reportage en Tchétchénie le 1er octobre 1999 (date de l'entrée des troupes russes dans la république indépendantiste caucasienne), reste toujours introuvable. Jusqu'à aujourd'hui, deux messages écrits et deux cassettes vidéo sont parvenus à sa famille par le biais des autorités françaises. Ni le lieu de sa détention, ni l'identité de ses ravisseurs ne sont, jusqu'à présent, connus. Eclairage sur cet enlèvement avec sa femme, Dana Fleutiaux.
RFI : Depuis l'annonce, le 7 janvier de la libération de votre mari, par des responsables tchétchènes, avez-vous eu d'autres nouvelles ?
Dana Fleutiaux : Je n'ai pas eu de nouvelles depuis cette annonce du 7 janvier si ce n'est un message que j'ai reçu et qui disait qu'il était en vie. Depuis, rien ! Je ne sais pas où se trouve Brice mais le Ministère des Affaires étrangères m'a affirmé qu'il était en bonne santé. Sur la deuxième cassette vidéo que j'ai pu visionner au mois de janvier, j'ai pu constater de moi-même qu'il était mieux traité qu'auparavant. Je ne sais pas qui le détient ni où il se trouve et je crois que nous ne le saurons jamais. Selon toutes vraisemblances, Brice a changé d'endroit de détention, entre la première cassette et la seconde, mais je n'en suis pas sûre. En tout cas, dans la dernière, il a l'air plus rassuré, il paraît bien nourri et cela m'a beaucoup rassuré.

RFI : Pourquoi, selon vous, a-t-il été enlevé ?

DF : Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit enlevé, j'ai été très surprise. Au début, selon les autorités françaises, il aurait été enlevé pour des raisons crapuleuses et maintenant il s'agirait plutôt d'une question politique. Il n'y a pas eu de demande de rançon mais une demande d'arrangement politique.

RFI : Savez-vous quelles sont actuellement les démarches des autorités françaises ?
DF : Je sais simplement que le ministère des Affaires étrangères est en contact permanent avec l'ambassade de France à Moscou qui elle-même travaille avec le FSB (ex-KGB). Ce sont les services secrets russes présents sur le terrain qui gèrent les négociations. Apparemment, il y aurait plusieurs pistes, mais le détail, je ne le connais pas. Je ne sais pas exactement quelles sont les tractations mais je suis en contact permanent avec le quai d'Orsay. Dès que j'ai une question, je peux appeler une personne au ministère, mais je n'ai pas le détail de leurs interventions en faveur de Brice. Il y a des choses que l'on ne me dit pas.

RFI : Pensez-vous que, si votre mari avait fait partie d'une grande rédaction nationale, la mobilisation et la réaction des autorités françaises auraient été plus rapides ?
DF : Ca, j'en suis persuadée. Brice a énormément travaillé à l'étranger comme photographe indépendant, il a vécu en Asie du Sud-Est pendant quatre ans, ensuite en Roumanie pendant trois ans, ces photos ont été publiées dans la presse nationale et internationale mais il n'était pas très connu en France. S'il avait fait partie d'une grande rédaction française, les médias et les autorités françaises auraient réagi plus rapidement, ça c'est certain.

Pour en savoir plus :


Comité de soutien à Brice Fleutiaux http://fleutiaux.brice.free.fr

Reporters Sans Frontières http://www.rsf.fr



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 27/03/2000