Tchétchénie
Affaire Babitski: des révélations <br> sur les "camps de filtration"
Le journaliste russe Andreï Babitski qui avait disparu depuis plus de 40 jours, a été ramené à Moscou le 29 février, où il est assigné à résidence sous l'inculpation de participation à une bande armée et détention de faux passeport. A peine arrivé à Moscou, Andreï Babitski, journaliste de 35 ans qui couvrait la guerre du côté des indépendantistes tchétchènes pour Radio Svoboda, l'antenne russe de Radio Free Europe (subventionnée par Washington), a levé le voile sur les exactions russes commises en Tchétchénie, en donnant plusieurs interviews à la presse.
Arrêté le 16 janvier par les forces fédérales russes à la sortie de Grozny, avant d'être "échangé", selon Moscou de son plein gré, le 3 février et livré à des Tchétchènes contre des soldats russes, Babitski a en réalité séjourné deux semaines dans le "camp de filtration" de Tchernokosovo. Le journaliste a tenu à témoigner sur les massacres russes perpétrés en Tchétchénie : "J'ai été livré à des sadiques, qui m'ont retenu dans ce camp. J'ai subi le traitement que reçoivent tous ceux, sans exception, qui passent par cet endroit. C'est-à-dire quelques dizaines de coups de matraque" a-t-il déclaré sur Radio Svoboda. "Le centre de détention de Tchernokosovo est exactement pareil à tout ce que nous avons lu sur les camps de concentration sous Staline, à tout ce que nous savons sur les camps allemands".
Après sa détention dans ce "camp de filtration", il aurait été livré à des Tchétchènes inconnus durant trois semaines pendant lesquelles il aurait subi des pressions physiques et psychologiques. Le journaliste a réapparu le 25 février au Daghestan, puis interpellé et incarcéré le 27 février à Makhatchkala, la capitale, par la police, parce qu'il était en possession d'un faux passeport, avant d'être de retour le 29 février à Moscou.
"J'ai l'intention de faire savoir à l'opinion publique ce qui s'est passé avec moi, ce qui se passe en Tchétchénie et ce que j'ai vu. J'estime qu'il s'agit là non seulement d'une garantie de sécurité pour ma famille et pour moi, mais aussi d'une certaine manière un moyen d'agir sur l'arbitraire épouvantable et le cauchemar qui règnent en Tchétchénie" a-t-il renchérit. Alors que Babitski est revenu saint et sauf de l'enfer tchétchène, la justice russe poursuit son enquête afin de vérifier s' il a eu des liens avec les groupes armés tchétchènes. Babitski, dont les reportages irritaient le pouvoir russe car ils contredisaient la propagande officielle, risque cinq ans de prison s'il est reconnu coupable de participation à une bande armée.
L'affaire Babitski, comme la presse internationale l'a surnommée, a provoqué beaucoup de remous, notamment en Russie, lors de la disparition du journaliste. Cette campagne médiatique a-t-elle pesé dans le dénouement de l'affaire ? On ne peut l'exclure. Mais il est aussi très probable que Vladimir Poutine gagne quelques points supplémentaires dans les sondages, à la veille des élections présidentielles du 26 mars, à la suite de ses soi-disant interventions en faveur de la libération de Babitski. Notons également que cette libération est intervenue au moment où Alvaro Gil-Robles, commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, était en visite dans la région.
Quoiqu'il arrive, le journaliste russe pourrait bientôt donner des éclaircissements nouveaux et supplémentaires sur plusieurs points toujours obscurs de sa disparition et de sa réapparition. Une détention qui, selon toutes vraisemblances, a été orchestrée par le FSB (ex KGB).
Après sa détention dans ce "camp de filtration", il aurait été livré à des Tchétchènes inconnus durant trois semaines pendant lesquelles il aurait subi des pressions physiques et psychologiques. Le journaliste a réapparu le 25 février au Daghestan, puis interpellé et incarcéré le 27 février à Makhatchkala, la capitale, par la police, parce qu'il était en possession d'un faux passeport, avant d'être de retour le 29 février à Moscou.
"J'ai l'intention de faire savoir à l'opinion publique ce qui s'est passé avec moi, ce qui se passe en Tchétchénie et ce que j'ai vu. J'estime qu'il s'agit là non seulement d'une garantie de sécurité pour ma famille et pour moi, mais aussi d'une certaine manière un moyen d'agir sur l'arbitraire épouvantable et le cauchemar qui règnent en Tchétchénie" a-t-il renchérit. Alors que Babitski est revenu saint et sauf de l'enfer tchétchène, la justice russe poursuit son enquête afin de vérifier s' il a eu des liens avec les groupes armés tchétchènes. Babitski, dont les reportages irritaient le pouvoir russe car ils contredisaient la propagande officielle, risque cinq ans de prison s'il est reconnu coupable de participation à une bande armée.
L'affaire Babitski, comme la presse internationale l'a surnommée, a provoqué beaucoup de remous, notamment en Russie, lors de la disparition du journaliste. Cette campagne médiatique a-t-elle pesé dans le dénouement de l'affaire ? On ne peut l'exclure. Mais il est aussi très probable que Vladimir Poutine gagne quelques points supplémentaires dans les sondages, à la veille des élections présidentielles du 26 mars, à la suite de ses soi-disant interventions en faveur de la libération de Babitski. Notons également que cette libération est intervenue au moment où Alvaro Gil-Robles, commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, était en visite dans la région.
Quoiqu'il arrive, le journaliste russe pourrait bientôt donner des éclaircissements nouveaux et supplémentaires sur plusieurs points toujours obscurs de sa disparition et de sa réapparition. Une détention qui, selon toutes vraisemblances, a été orchestrée par le FSB (ex KGB).
par Clarisse Vernhes
Article publié le 27/03/2000