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Deux camps, deux bibliothèques

C'est un vrai clivage. D'un côté, les europhiles: ils se disent modernes, tournés vers un avenir porteur de paix et de prospérité. Hors l'Europe, point de salut pour les nations du Vieux continent. De l'autre, les eurosceptiques: ils se veulent réalistes, patriotes, fidèles à l'idéal républicain. Hors la souveraineté des nations, point de salut pour l'Europe. Voici leurs livres de chevet.
Bibliothèque europhile


Jean-Paul Fitoussi (sous la direction de) Rapport sur l'état de l'Union européenne 2000 (Fayard/Presses de Sciences Po, 2000)

Europhilie réaliste, vigilante et rigoureuse dans cet ouvrage collectif qui établit un diagnostic largement partagé: l'Europe est en panne depuis l'arrivée de l'euro, en janvier 1999. Les dysfonctionnements institutionnels, alliés au manque de projet politique, font craindre l'avènement d'une "Europe espace" sans consistance. Selon ce rapport, les déséquilibres actuels peuvent, paradoxalement, servir de moteur à des réformes qui, à force de volonté, conduiront vers une véritable "Europe puissance".

Alain Duhamel
L'Europe, une ambition française (Plon, 1999)

Un livre salué par la critique (prix du Livre politique 1999). La France, estime Alain Duhamel, n'a d'avenir que dans la construction européenne. L'Europe lui offre la chance d'acquérir une "nouvelle influence, de se forger une nouvelle ambition", et d'imprimer sa marque à une Europe unie.


Christine Ockrent L'Europe racontée à mon fils. De Jules César à l'euro (Robert Laffont, 1999)

L'ancienne présentatrice du journal télévisé dévoile à son fils Alexandre pourquoi les "grognons, les eurosceptiques, les nostalgiques d'une France imaginaire" se trompent. L'Europe, selon elle, existait bien avant les nations qui la composent. "L'Europe, c'est à la fois nos racines et notre prochaine frontière, notre utopie, notre réalité, notre romantisme".

Pierre Moscovici
Au c£ur de l'Europe (Le pré aux clercs, 1999)

Dans ce livre d'entretiens, le ministre français délégué aux Affaires européennes tente de décrypter cette nébuleuse européenne dans laquelle les citoyens ont du mal à se reconnaître. Il montre la nécessité d'une Europe de la Défense et d'une nouvelle définition du projet politique européen

Hubert Vedrine Les cartes de la France à l'heure de la mondialisation (Fayard, 2000)

Autre ministre, autre livre d'entretien. Le ministre des Affaires étrangères, qualifié généralement d'"euroréaliste", estime que pour dépasser les désaccords entre Etats membres sur l'avenir de l'Europe," la réponse la plus ingénieuse, efficace et réaliste est celle des géométries variables: les pays qui veulent aller ensemble au delà des politiques communes le font". Hubert Védrine estime que l'Union européenne doit devenir une "Europe puissance", mais il pense que la France doit conserver une politique étrangère nationale.


Pierre-Yves Monette Europe, état d'urgence (Desclée de Brouwer, 1997)

L'auteur est Médiateur fédéral de Belgique. Il lance un cri d'alarme: si la construction européenne continue à traîner en longueur, le risque est considérable que les replis identitaires ne provoquent "un éclatement de fait de cette Europe, à l'image de pays comme l'Italie ou la Belgique", dont les pouvoirs centraux semblent perdre un peu plus de leur poids à chaque difficulté rencontrée.


Pierre-Yves Monette Les Etats-Unis d'Europe (Nauwelaerts, 1992)

Un plaidoyer pour une Europe fédérale, dans la lignée de Jean Monnet, et bien avant le discours du ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer. L'auteur met face à face "Les Etats-Unis d'Europe ou l'Europe de demain, et L'Europe confédérale ou l'Europe du court terme".

Andreas Wilkens et Gérard Bossuat Jean Monnet: l'Europe et les chemins de la paix (Publications de la Sorbonne, 1999)

Vue par deux spécialistes de l'Europe, l'itinéraire de Jean Monnet: ce "père fondateur" a toujours poursuivi un but: la paix et l'union des Européens, fondées sur le rapprochement entre la France et l'Allemagne. Ses moyens: dépasser les antagonismes, fusionner les souverainetés, donner une identité à l'Europe.



Bibliothèque eurosceptique



Jean-Jacques Rosa
L'erreur européenne (Grasset, 1998).

L'auteur, professeur d'économie à l'Institut d'études politiques de Paris (IEP), est un adversaire de la monnaie unique. Partisan d'un souverainisme libéral alliant souveraineté des Etats et libéralisme économique, il estime que l'euro n'est pas viable. Selon lui, une monnaie unique plaquée sur des modèles et des conjonctures différents ne peut conduire qu'à des tensions économiques d'abord, politiques ensuite, et donc à la désintégration de l'euro.


Henri Guaino-Daniel Cohn-Bendit
La France est-elle soluble dans l'Europe? (Albin Michel/ Fondation Marc Bloch, 1999).

Un débat entre un ancien Commissaire au plan, eurosceptique, et la tête de liste des Verts aux dernières élections européennes. La verve fédéraliste de Daniel Cohn-Bendit face aux convictions souverainistes d'un proche de Philippe Séguin.

Christophe Réveillard Sur quelques mythes de l'Europe communautaire (F.X.de Guibert, 1998).

L'auteur, professeur à la Sorbonne, passe en revue ce qu'il appelle les "mythes européistes": mythe des pères fondateurs, mythe de la nation européenne, mythe du sens de l'histoire qui imposerait une inéluctable Europe fédérale. Selon lui, ce n'est pas la construction européenne qui a permis la paix, mais l'inverse.

Alain Griotteray Une idée certaine de la France (France-Empire, 1998).

Cet eurosceptique, qui fut l'un des fondateurs de l'UDF, a demandé à douze personnalités d'âges et d'horizons différents (magistrats, essayistes, chercheurs, journalistes, etc.), ce que représente la France à leurs yeux.

Paul-Marie Couteaux L'Europe vers la guerre (Michalon, 1997).

La Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), loin de garantir la paix en Europe, est au contraire lourde de menaces: c'est la thèse de cet essai signé d'un député européen (RPF), ancien collaborateur de Jean-Pierre Chevènement. L'auteur développe la formule d'André Malraux: "Votre Europe, si elle voit le jour, commencera par une guerre de sécession".

Régis Debray
Le code et le glaive. (Albin Michel/ Fondation Marc Bloch, 1999)

Le célèbre essayiste, ancien révolutionnaire devenu gaulliste, pose la question: "Après l'Europe, la nation?". Il voit dans la construction européenne, à vocation fédérale, une impasse. L'avenir ne peut se passer de la nation, qui en France est synonyme de République.

Roland Hureaux Les hauteurs béantes de l'Europe (F.-X. de Guibert, 1999)

Une analyse de la construction européenne comme idéologie. Selon cet ancien conseiller de Philippe Séguin, la construction européenne, projet légitime dans son principe, connaît depuis 1985, et sous une forme tempérée, une dérive idéologique où l'on retrouve la plupart des caractères du phénomène idéologique : "ambition sublime, conceptions abstraites à prétention scientifique, volonté d'abolir les différences inscrites dans la nature (hier les différences sociales, aujourd'hui les différences nationales), dimension universaliste, langue de bois, bureaucratie".

Article publié le 29/06/2000