Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Union européenne

De quinze à vingt-huit<br> <br>

La France, lors de sa présidence à l'Union européenne, a l'ambition de parvenir, avant le Conseil européen de Nice en décembre prochain, à une "vue d'ensemble" des prochains candidats à l'adhésion et de définir une méthode pour la suite des discussions sur l'élargissement de l'Europe. Mais il ne sera guère aisé de parvenir à un accord entre les Quinze.
Le ton a été donné à Feira, au Portugal: l'élargissement de l'Union est une priorité mais selon les conclusions du sommet européen, aucune date n'a été fixée pour l'adhésion des pays les plus avancés dans les négociations. Douze pays sont actuellement candidats: la première vague composée par Chypre, la Hongrie, la Pologne, l'Estonie, la République Tchèque et la Slovénie a déjà clos la moitié des quelques trente chapitres de négociations, quant aux six autres candidats dits "d'Helsinki": la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Roumanie et la Slovaquie, ils progressent à des rythmes différents dans des pourparlers qui ont débuté en février 2000. Concernant l'adhésion à terme de la Turquie, envisagée depuis 1963 et maintes fois reportée, les Quinze ont donné leur accord de principe, mais à certaines conditions: ils attendent notamment d'elle des progrès concrets dans les domaines des droits de l'Homme, de l'Etat de droit et du système judiciaire.

Si un tel élargissement (treize pays au total) est effectivement mis en application, l'Europe changerait de nature et passerait à terme de quinze à vingt-huit Etats.

Certes, le processus d'élargissement est une priorité pour l'Europe, mais pour être prêts à l'adhésion, les Etats candidats doivent fournir des efforts importants pour poursuivre leurs réformes internes (notamment les ex-pays de l'Est) et transposer les règles communautaires dans leur législation nationale. Ce qui n'est pas gagné d'avance! "Tous les candidats seront jugés selon leurs mérites propres" ont averti les Quinze.

Joschka Fisher relance le débat

Le 12 mai dernier, Joschka Fisher, le ministre allemand des Affaires étrangères, lors d'un discours, s'est interrogé sur la façon dont une Europe à vingt-huit pouvait fonctionner. Il a ainsi rappelé aux pays membres les dangers mortels que l'élargissement pourrait faire courir au projet européen lui-même: une petite trentaine de pays sont-ils capables d'accepter le partage de souveraineté, d'avoir les mêmes buts, bref de réussir à mêler leurs ambitions ? Vaste sujet qui va échoir à la France, lors de sa présidence à l'Union européenne du 1er juillet au 31 décembre 2000. Elle devra également gérer, entre autres, le chapitre agricole et celui sur la libre circulation des travailleurs (deux des trente chapitres que comptent les négociations à l'élargissement) avec les Etats candidats. Concernant le dossier agricole, considéré comme le plus difficile, la discussion n'est actuellement qu'esquissée, faute de véritable position commune des Quinze. Quant à la libre circulation des travailleurs, les Etats membres n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur une position précise. De leur côté, les chefs négociateurs des candidats à l'UE ont récemment déclaré que quelle que soit leur date d'adhésion, ils seraient prêts à réaliser l'intégralité des critères liés à la convention de Schengen sur l'espace de liberté et de sécurité européen. Aujourd'hui, tout porte à croire que sur ces sujets sensibles, les négociations devront se faire davantage entre les Quinze qu'avec les pays candidats.

Le porte-parole du commissaire européen à l'élargissement, Guenter Verheugen a déclaré qu'il était "peu probable" de fixer une date indicative d'intégration des pays candidats les plus avancés au sommet de Nice, alors que ceux-ci tablaient jusqu'ici sur début 2003 comme date de leur entrée dans l'UE.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 29/06/2000