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Poutine : du KGB à la famille Eltsine

Qui est le nouveau Chef de l'état russe? Les biographes qui se pencheront sur la question se retrouveront confrontés à un authentique casse-tête, tant les zones d'ombre sont nombreuses dans la carrière de Vladimir Poutine, agent très secret du KGB sorti de l'anonymat en seulement quelques mois pour devenir, à 47 ans, président par intérim de la deuxième puissance nucléaire de la planète.
Sitôt décroché son diplôme de droit et sa maîtrise (consacrée à la politique africaine des USA) à l'Université Lumumba de Moscou, Poutine entre dans le contre-espionnage soviétique en 1975. Il n'a que 23 ans. Sa première mission le conduira en Allemagne pendant une dizaine d'années. Impossible d'être plus précis sur la durée exacte de son mandat ou sur la nature de ses activités sur place: le dossier est classé secret-défense. Seule certitude, il parle aujourd'hui couramment la langue de Goethe. A son retour au pays, à la fin des années 80, le KGB lui trouve une couverture de prestige; il devient l'adjoint du recteur de l'université de Leningrad (Saint-Pétersbourg), sa ville natale.

C'est dans l'ancienne capitale impériale que débute son ascension. En 1990, son ancien professeur de droit, Anatoli Sobtchak, alors président du Soviet local, l'appelle à ses côtés. L'année suivante, ce dernier est élu maire de la ville. Il le restera jusqu'en juin 1996. Durant toute cette période, Vladimir Poutine -promu premier adjoint en 1994- est l'éminence grise de l'équipe municipale de Saint-Pétersbourg. Il échappera pourtant à l'enquête criminelle ouverte contre son ancien mentor pour corruption, une affaire parsemée de scandales financiers et d'assassinats politiques. Durant l'été 96, alors que Sobtchak se réfugie à Paris pour échapper aux poursuites judiciaires, Poutine s'envole pour Moscou. Le libéral Anatoli Tchoubaïs, père du programme des privatisations, lui ouvre les portes du Kremlin.

Dans l'entourage de Eltsine, l'ancien agent du KGB poursuit son ascension à une vitesse folle. Adjoint du directeur des affaires du président, puis vice-responsable de l'administration présidentielle, il finit par prendre la tête du FSB, le service de sécurité héritier du KGB. Fidèle parmi les fidèles, Vladimir Poutine se charge discrètement de protéger la famille Eltsine, menacée par les enquêtes financières du procureur Skouratov. Grâce à son intervention, le procureur est inculpé pour abus de pouvoir, le dossier est enterré. Dans le même temps, le FSB exhume des informations compromettantes pour les adversaires politiques de Eltsine, parmi lesquels Loujkov, le maire de Moscou. Nommé premier ministre en août 1999 et président par intérim en décembre, l'ambitieux Poutine voit sa fidélité récompensée au-delà de ses plus folles espérances.

Article publié le 10/07/2000