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Economie solidaire

Economie populaire au Sud : un temps d'avance

En matière d'économie solidaire, les pays en développement ont beaucoup à apprendre aux pays du Nord.Car ils ont toujours su pallier au manque de structures étatiques.
Solidarités villageoises ou de quartier, micro-crédit ou tontines, les pays en développement connaissent depuis longtemps l'adage universel "aide-toi et le ciel t'aidera". Et, de fait, une bonne partie de l'économie dite informelle dans ces pays répond à la définition de l'économie solidaire ou populaire. En l'absence d'infrastructures, de services sociaux, sanitaires ou d'éducation, des collectivités qui bénéficient d'une base culturelle plus solide que les pays du Nord, plus individualistes, ont appris à ne pas tout attendre de l'Etat. Dans les villages ou les quartiers, des associations de résidents financent l'installation et gèrent des bornes-fontaines, des moulins, des dispensaires, sur le système de la récupération des coûts. Des parents d'élèves se regroupent pour construire une école et l'aménager, à charge pour l'Etat de fournir l'instituteur. Bien souvent les mêmes locaux servent, en dehors des heures de classes, à l'alphabétisation des adultes.
Les plus déshérités et ceux auxquels l'accès à l'économie moderne est difficile voire impossible, doivent se créer eux-mêmes une activité génératrice de revenus. Avec quel apport de fonds initial ? Les banques classiques ne prêtent pas sans garanties et les usuriers pratiquent des taux d'intérêts exorbitants. Le micro-crédit ou le crédit mutuel répondent à ces besoins : crédit solidaire entre personnes qui se regroupent librement, caisses villageoises autogérées ou coopératives d'épargne et de crédit. On évalue à environ 9 millions le nombre des bénéficiaires de micro-crédits dans le monde, grâce à 7 000 institutions prêtant en moyenne 850 FF, pour une courte durée, les intérêts couvrant les coûts de fonctionnement. Les femmes sont la cible privilégiée du micro-crédit. La fameuse Grameen Bank, la banque des pauvres au Bangladesh, qui a joué les précurseurs à la fin des années 70, ne compte que 6% d'hommes parmi ses "clients". La formule se répand : en Guinée, le micro-crédit introduit en 1988 a déjà 100 000 bénéficiaires. Au Bénin, au Burkina-Faso des organismes d'appui à la création de micro-entreprises favorisent les projets des jeunes et réinsèrent tout en les formant, les chômeurs marginalisés.
Initié par les ONG, le système présente suffisamment d'avantages pour que les institutions financières internationales s'y intéressent et l'appuient. Un sommet sur le micro-crédit s'est même tenu en 1997 à Washington.



par Francine  Quentin

Article publié le 12/07/2000