Proche-Orient
Huis clos à Camp David
Bill Clinton, Ehoud Barak et Yasser Arafat ont entamé mardi leurs négociations. Avant que les caméras et appareils photos ne soient bannis de la résidence d'été du président américain, les trois leaders se sont montrés souriants et ont fait assaut d'amabilité. Mais une fois les portes refermées, les discussions sérieuses ont commencé.
L'atmosphère est bonne et les discussions sérieuses. On n'en saura pas davantage, du moins officiellement. Comme lors des négociations précédentes à Shepherdstown (Israël-Syrie) ou à Wye Plantation (Israël-Palestine), les autorités américaines ont imposé un strict huis clos aux négociateurs. Officiellement, seuls Ehoud Barak et Yasser Arafat sont autorisés à se servir du téléphone et «les téléphones portables ne fonctionnent pas à Camp David». On saura juste qu'Arafat a dormi dans le lit qu'avait occupé 22 ans auparavant son ennemi juré, le premier ministre israélien Menahem Begin.
Le parti pris des dirigeants de Washington est de limiter autant que possible les fuites afin de favoriser les conditions d'un accord. Comment Palestiniens et Israéliens pourraient-ils, en effet, parvenir à surmonter des obstacles aussi considérables que le statut de Jérusalem ou la question des réfugiés palestiniens en étant simultanément, à chaque étape de leur négociation, sous la pression des médias et de leur opinion publique? L'entourage de Clinton espère en tout cas être mieux entendu, cette fois, que lors des négociations israélo-palestiniennes de Wye Plantation à l'automne 1998. A l'époque, les délégations israélienne et palestinienne avaient rapidement fait voler en éclat la discrétion exigée par les Américains, prenant à témoin l'opinion publique au moyen des téléphones portables, pourtant théoriquement prohibés.
Mais si l'information ne parvient pas à filtrer à Camp David, auprès de la presse internationale parquée dans le Maryland, elle arrive toujours à faire surface par des voies détournées. Le leader palestinien et le premier ministre israélien sont en contact avec leurs ministres et leurs conseillers restés au pays. C'est ainsi qu'en Israël, le ministre des affaires étrangères David Lévy (qui a refusé d'accompagner M. Barak aux Etats-Unis) juge qu'il sera «très difficile de parvenir à un accord» et qu'il «n'est pas question de faire la paix à tout prix». Mais un autre membre du gouvernement, Haïm Ramon, a pour sa part indiqué qu'Israël était prêt à échanger avec les Palestiniens des terres à l'intérieur de ses frontières contre des zones se trouvant en Cisjordanie. Enfin, toujours en Israël, l'un des deux grands rabbins de l'Etat juif, Elyahou Bakshi-Doron (sépharade) a dit qu'il n'était pas opposé à un transfert aux Palestiniens du contrôle de lieux saints juifs de Cisjordanie, mais qu'à Jérusalem-Est, Israël devait «conserver la souveraineté» sur l'Esplanade des mosquées.
Du côté palestinien, le Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, a décrété l'état d'alerte parmi ses membres pour la première fois depuis quatre ans tandis que son mouvement de jeunesse, la Chabiba, lance des sessions d'entraînement militaire afin de préparer les Palestiniens à une éventuelle confrontation armée avec l'armée israélienne en cas d'échec des négociations de Camp David. Gesticulation destinée à impressionner l'adversaire pendant la négociation? Sans doute. Mais aussi le rappel qu'au Proche-Orient, la situation peut toujours se dégrader brusquement, et déraper de façon incontrôlée.
Le parti pris des dirigeants de Washington est de limiter autant que possible les fuites afin de favoriser les conditions d'un accord. Comment Palestiniens et Israéliens pourraient-ils, en effet, parvenir à surmonter des obstacles aussi considérables que le statut de Jérusalem ou la question des réfugiés palestiniens en étant simultanément, à chaque étape de leur négociation, sous la pression des médias et de leur opinion publique? L'entourage de Clinton espère en tout cas être mieux entendu, cette fois, que lors des négociations israélo-palestiniennes de Wye Plantation à l'automne 1998. A l'époque, les délégations israélienne et palestinienne avaient rapidement fait voler en éclat la discrétion exigée par les Américains, prenant à témoin l'opinion publique au moyen des téléphones portables, pourtant théoriquement prohibés.
Mais si l'information ne parvient pas à filtrer à Camp David, auprès de la presse internationale parquée dans le Maryland, elle arrive toujours à faire surface par des voies détournées. Le leader palestinien et le premier ministre israélien sont en contact avec leurs ministres et leurs conseillers restés au pays. C'est ainsi qu'en Israël, le ministre des affaires étrangères David Lévy (qui a refusé d'accompagner M. Barak aux Etats-Unis) juge qu'il sera «très difficile de parvenir à un accord» et qu'il «n'est pas question de faire la paix à tout prix». Mais un autre membre du gouvernement, Haïm Ramon, a pour sa part indiqué qu'Israël était prêt à échanger avec les Palestiniens des terres à l'intérieur de ses frontières contre des zones se trouvant en Cisjordanie. Enfin, toujours en Israël, l'un des deux grands rabbins de l'Etat juif, Elyahou Bakshi-Doron (sépharade) a dit qu'il n'était pas opposé à un transfert aux Palestiniens du contrôle de lieux saints juifs de Cisjordanie, mais qu'à Jérusalem-Est, Israël devait «conserver la souveraineté» sur l'Esplanade des mosquées.
Du côté palestinien, le Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, a décrété l'état d'alerte parmi ses membres pour la première fois depuis quatre ans tandis que son mouvement de jeunesse, la Chabiba, lance des sessions d'entraînement militaire afin de préparer les Palestiniens à une éventuelle confrontation armée avec l'armée israélienne en cas d'échec des négociations de Camp David. Gesticulation destinée à impressionner l'adversaire pendant la négociation? Sans doute. Mais aussi le rappel qu'au Proche-Orient, la situation peut toujours se dégrader brusquement, et déraper de façon incontrôlée.
par Olivier Da Lage
Article publié le 12/07/2000