Sida
Afrique du Sud: pourquoi Thabo Mbeki<br><br> consterne les scientifiques
Le président sud-africain a atterré la majorité des scientifiques au printemps dernier en mettant en doute l'origine virale du sida. Face au tollé soulevé par ses déclarations, Thabo Mbeki s'est fait beaucoup plus discret sur la question.
Ils ne sont qu'une poignée, un groupe ultra minoritaire de chercheurs qui soutiennent, contre toute évidence scientifique, que le sida n'est pas lié au virus VIH. Et ils ont trouvé un porte-parole de poids en la personne de Thabo Mbeki. Au mois d'avril dernier, le président sud-africain s'interroge sur l'origine de la maladie dans une lettre adressée à Bill Clinton et Kofi Annan. Et il ajoute quelques semaines plus tard qu'il n'existe pas de "vérité biblique" en la matière. Ces propos sont immédiatement dénoncés par la communauté scientifique qui rappelle que le virus est constamment mis en évidence chez les malades et que les médicaments antirétroviraux sont efficaces. Mais le 3 juillet, le porte-parole du président sud-africain déclare que la "déclaration de Durban", signée par 5000 scientifiques et experts internationaux contre les thèses "révisionnistes" sur le sida, est tout simplement "bonne à mettre à la poubelle".
Pour sa part, et depuis sa visite officielle aux Etats-Unis à la fin mai, Thabo Mbeki a cessé de s'exprimer directement sur le Sida. Outre-Atlantique, il a pu constater l'ampleur des dégâts causés sur sa propre image par ce que le monde entier a pris pour des prises de positions personnelles. En formant un panel de trente experts internationaux, censés conseiller son gouvernement sur la meilleure façon de lutter contre la pandémie, Thabo Mbeki a mis les pieds dans le plat. Ce panel a été composé à égalité de scientifiques "orthodoxes" et "dissidents", ces derniers remettant en cause le virus VIH comme cause unique du sida, affirmant que la pauvreté, la malnutrition et les maladies tropicales pouvaient causer en Afrique les mêmes types de déficiences immunitaires. Pour Thabo Mbeki, l'affaire se sera soldée par une sévère leçon de communication. S'il a défendu, au cours d'un entretien avec Bill Clinton, le 22 mai, ses positions sur un approvisionnement moins cher de l'Afrique du Sud en médicaments contre le Sida, il a formellement démenti avoir jamais déclaré "que le Sida n'existait pas".
Dans le plan de cinq ans mis au point en juin dernier par les autorités, l'accent est mis sur la prévention, sans exclure la question sensible des médicaments. Manto Tshabalala-Msimang, la ministre de la Santé, explique que ces traitements seront d'abord apportés aux maladies opportunistes liées à la faiblesse des défenses immunitaires (tuberculose, diarrhées, méningite cryptocoque). En clair: des médicaments contre toutes ces maladies, mais d'AZT, point. Le gouvernement attend que des études sur les effets secondaires du produit aient été achevées pour faire aboutir ses négociations avec plusieurs compagnies pharmaceutiques. Glaxo Wellcome a proposé d'importants rabais au gouvernement pour un approvisionnement en AZT. Pfizer a proposé la gratuité pour le Fluconazole, un médicament contre la méningite. Aucune réponse ne leur a jamais été donnée.
Deux arguments justifient l'indécision du gouvernement: le premier porte sur un principe, l'accès universel aux traitements. Autrement dit, si les médicaments ne peuvent être donnés à tous et en toute équité, ils ne seront administrés à personne. La seconde justification tient aux coûts des médicaments, qui ne se limite pas à leur prix. Les traitements contre le Sida nécessitent un suivi médical régulier, qui ne va pas sans les infrastructures de santé publique appropriées. Celles-ci font cruellement défaut. En attendant les médicaments, les 4,2 millions de Sud-Africains porteurs du virus VIH (sur une population de 40 millions de personnes) pourront toujours, à l'occasion de la XIIIe conférence internationale sur le Sida, à Durban, suivre les débats.
Pour sa part, et depuis sa visite officielle aux Etats-Unis à la fin mai, Thabo Mbeki a cessé de s'exprimer directement sur le Sida. Outre-Atlantique, il a pu constater l'ampleur des dégâts causés sur sa propre image par ce que le monde entier a pris pour des prises de positions personnelles. En formant un panel de trente experts internationaux, censés conseiller son gouvernement sur la meilleure façon de lutter contre la pandémie, Thabo Mbeki a mis les pieds dans le plat. Ce panel a été composé à égalité de scientifiques "orthodoxes" et "dissidents", ces derniers remettant en cause le virus VIH comme cause unique du sida, affirmant que la pauvreté, la malnutrition et les maladies tropicales pouvaient causer en Afrique les mêmes types de déficiences immunitaires. Pour Thabo Mbeki, l'affaire se sera soldée par une sévère leçon de communication. S'il a défendu, au cours d'un entretien avec Bill Clinton, le 22 mai, ses positions sur un approvisionnement moins cher de l'Afrique du Sud en médicaments contre le Sida, il a formellement démenti avoir jamais déclaré "que le Sida n'existait pas".
Dans le plan de cinq ans mis au point en juin dernier par les autorités, l'accent est mis sur la prévention, sans exclure la question sensible des médicaments. Manto Tshabalala-Msimang, la ministre de la Santé, explique que ces traitements seront d'abord apportés aux maladies opportunistes liées à la faiblesse des défenses immunitaires (tuberculose, diarrhées, méningite cryptocoque). En clair: des médicaments contre toutes ces maladies, mais d'AZT, point. Le gouvernement attend que des études sur les effets secondaires du produit aient été achevées pour faire aboutir ses négociations avec plusieurs compagnies pharmaceutiques. Glaxo Wellcome a proposé d'importants rabais au gouvernement pour un approvisionnement en AZT. Pfizer a proposé la gratuité pour le Fluconazole, un médicament contre la méningite. Aucune réponse ne leur a jamais été donnée.
Deux arguments justifient l'indécision du gouvernement: le premier porte sur un principe, l'accès universel aux traitements. Autrement dit, si les médicaments ne peuvent être donnés à tous et en toute équité, ils ne seront administrés à personne. La seconde justification tient aux coûts des médicaments, qui ne se limite pas à leur prix. Les traitements contre le Sida nécessitent un suivi médical régulier, qui ne va pas sans les infrastructures de santé publique appropriées. Celles-ci font cruellement défaut. En attendant les médicaments, les 4,2 millions de Sud-Africains porteurs du virus VIH (sur une population de 40 millions de personnes) pourront toujours, à l'occasion de la XIIIe conférence internationale sur le Sida, à Durban, suivre les débats.
Article publié le 07/07/2000