Tourisme à risque
Les voyagistes se mobilisent<br><br> pour le développement
Avec près de 670 millions d'arrivées enregistrées par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) en 1999, l'industrie touristique génère un chiffre d'affaires de l'ordre de 439 milliards de dollars, dont profitent surtout les pays industrialisés ou l'Asie du Sud-Est. Le tourisme représente une source de revenus importante pour les pays en développement puisqu'il y a généré 63 milliards de dollars en 1997, à comparer aux 50 milliards versés au titre de l'aide publique au développement en 1998.
Les incidents récents impliquant des touristes en Namibie et au Yémen rappellent que dans des pays où une grande partie de la population vit dans des conditions misérables, les touristes peuvent aussi constituer une monnaie d'échange. «Combien de touristes morts, enlevés ou dévalisés faudra-t-il pour que l'industrie touristique se mobilise et comprenne qu'elle doit directement s'investir dans la lutte contre la misère dans les pays récepteurs¯?» demande Mustapha El Gendy, fondateur de l'association internationale Tourism For Development (TFD) en 1997. Ce patron égyptien, propriétaire de deux bateaux croisières, considère que les recettes du tourisme ne doivent pas uniquement bénéficier aux personnes qui travaillent pour cette industrie. Il a imaginé que les hôteliers d'un pays récepteur reversent 1 % du montant des nuitées perçues à un fonds national destiné à financer des projets de développement local. Modestement, les projets en question se limiteront aux besoins de base de tout être humain : un toit, de l'eau et de la nourriture.
«En Egypte, les fonds collectés annuellement grâce à ce système représenteraient un flux de prés de 30 millions de dollars» précise le président de TFD. Pas question ici de charité mais de redistribution nationale car la fourniture des besoins de base est principalement du ressort des gouvernements. Mais c'est en grande partie sur la mobilisation des consommateurs, les touristes, que repose la stratégie de TFD, sans pour autant les faire payer davantage. L'exotisme reste au même prix puisque le rôle des consommateurs se borne à signer la «Charte des voyageurs» par laquelle ils exigent, au moment de réserver leur voyage dans une agence ou le bureau d'un tour opérateur, qu'une partie des sommes qu'ils dépensent soit redistribuée via les hôtels labellisés TFD.
En France, 2000 agences
Simple sur le papier, la mise en place du projet de TFD connaît certains atermoiements, malgré le soutien juridique du cabinet d'audit international KPMG. Si les premiers fonds nationaux doivent voir le jour cette année en Egypte, Ouganda, Tanzanie, Ethiopie, Mauritanie, au Kenya, Mali ainsi qu'à Madagascar, les animateurs de TFD se heurtent encore aux lenteurs administratives de ces pays et aux réticences de l'industrie touristique. La France constitue à ce titre un laboratoire. Prés de 2 000 agences de voyages arborent déjà le label TFD et certains tours opérateurs se sont associés à la démarche, mais les poids lourds du secteur traînent encore les pieds.
Pour accélérer le processus, TFD n'a d'autre choix que de continuer à toucher les voyageurs européens en se rapprochant notamment des comités d'entreprises qui pèsent aussi lourd sur le marché touristique que les consommateurs «individuels». D'autant que la France demeure avec un million de personnes, le premier pays émetteur de touristes vers l'Afrique. Pourtant, la démarche de TFD pourrait bien ne générer que des ressources relativement peu abondantes et surtout irrégulières. Les statistiques de l'OMT montrent en effet que la part des arrivées mondiales captées par l'Afrique a relativement peu augmenté sur la période 1970-1998, passant de 1,5 % à 3,9 % du total mondial et celle des recettes a régressé de 2,7 à 2,2 %. Sur le continent africain, l'apport du tourisme reste faible et instable.
«En Egypte, les fonds collectés annuellement grâce à ce système représenteraient un flux de prés de 30 millions de dollars» précise le président de TFD. Pas question ici de charité mais de redistribution nationale car la fourniture des besoins de base est principalement du ressort des gouvernements. Mais c'est en grande partie sur la mobilisation des consommateurs, les touristes, que repose la stratégie de TFD, sans pour autant les faire payer davantage. L'exotisme reste au même prix puisque le rôle des consommateurs se borne à signer la «Charte des voyageurs» par laquelle ils exigent, au moment de réserver leur voyage dans une agence ou le bureau d'un tour opérateur, qu'une partie des sommes qu'ils dépensent soit redistribuée via les hôtels labellisés TFD.
En France, 2000 agences
Simple sur le papier, la mise en place du projet de TFD connaît certains atermoiements, malgré le soutien juridique du cabinet d'audit international KPMG. Si les premiers fonds nationaux doivent voir le jour cette année en Egypte, Ouganda, Tanzanie, Ethiopie, Mauritanie, au Kenya, Mali ainsi qu'à Madagascar, les animateurs de TFD se heurtent encore aux lenteurs administratives de ces pays et aux réticences de l'industrie touristique. La France constitue à ce titre un laboratoire. Prés de 2 000 agences de voyages arborent déjà le label TFD et certains tours opérateurs se sont associés à la démarche, mais les poids lourds du secteur traînent encore les pieds.
Pour accélérer le processus, TFD n'a d'autre choix que de continuer à toucher les voyageurs européens en se rapprochant notamment des comités d'entreprises qui pèsent aussi lourd sur le marché touristique que les consommateurs «individuels». D'autant que la France demeure avec un million de personnes, le premier pays émetteur de touristes vers l'Afrique. Pourtant, la démarche de TFD pourrait bien ne générer que des ressources relativement peu abondantes et surtout irrégulières. Les statistiques de l'OMT montrent en effet que la part des arrivées mondiales captées par l'Afrique a relativement peu augmenté sur la période 1970-1998, passant de 1,5 % à 3,9 % du total mondial et celle des recettes a régressé de 2,7 à 2,2 %. Sur le continent africain, l'apport du tourisme reste faible et instable.
par Emmanuel CHICON
Article publié le 01/08/2000