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Chili

Baltasar Garzon,<br><br> un épris de justice

Baltasar Garzon: un nom andalou qui claque comme un coup de fouet. Depuis la spectaculaire arrestation d'un certain Augusto Pinochet en octobre 1998, la simple évocation de ce patronyme devrait suffire à faire grimacer les criminels de guerre en cavale ou les dictateurs retraités.
Et pour cause: au tableau de chasse de ce juge espagnol, on trouve pêle-mêle des terroristes, des trafiquants de drogue ou d'anciens ministres. Incorruptible, «monsieur mains propres» du barreau, à 43 ans Baltasar Garzon est tout un symbole pour une justice soucieuse d'impartialité. Bien avant l'affaire Pinochet, il fait souvent la une de la presse espagnole. Bête noire de l'organisation indépendantiste basque ETA, le juge Garzon met sous les verrous de nombreux activistes accusés de «terrorisme d'Etat». Et c'est avec la même implacable détermination qu'il part en guerre contre les mafias, responsables de trafic de drogue.

Sa réputation lui vaut aussi de sérieuses inimitiés. Son combat sans relâche le pousse à franchir le pas politique : en 1993, il est élu député sur les listes socialistes. Felipe Gonzalez, à l'époque chef du gouvernement, le nomme secrétaire d'Etat pour la lutte anti-drogue. Il démissionne quelque neuf mois plus tard, déçu du peu de moyens dont il dispose pour mener à bien sa croisade. Ses détracteurs affirment qu'il a jeté l'éponge parce qu'on lui a refusé un poste de ministre. Il revient à l'Audience nationale, l'instance pénale espagnole à Madrid, où il rouvre le brûlant dossier des GAL, les Groupes anti-terroristes de libération, les commandos anti-séparatistes basques. Au terme d'une enquête difficile qui éclabousse le gouvernement Gonzalez, l'ancien ministre de l'Intérieur socialiste, Jose Barrionuevo, est condamné à dix ans de prison en 1998. Son ex-bras droit, le secrétaire d'Etat à la Sécurité, tombe lui aussi sous le couperet Garzon.

Deux ans plus tôt, le juge andalou, avec sept autres collègues européens, avait lancé l'appel de Genève " : il dénonçait la responsabilité, voire la complicité des gouvernements européens pour que n'aboutissent pas les affaires liées au blanchiment d'argent.Alors qui se cache derrière le masque de Zorro ? Garzon avoue un penchant pour la corrida, le football et le théâtre de Brecht. Rien ne prédisposait le jeune Baltasar à incarner le super justicier. D'origine très modeste, il a longtemps hésité avant de se lancer dans la magistrature. Après avoir passé six ans dans des séminaires d'Andalousie, il a finalement renoncé à devenir prêtreà pour un autre sacerdoce.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 09/08/2000