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Côte d''Ivoire

Un nouveau complot?

Alors que le débat sur les candidatures à l'élection présidentielle est loin d'être clos, Abidjan bruisse à nouveau de rumeurs de complot contre le général Gueï. Six membres de sa garde rapprochée, soupçonnés d'atteinte à la sûreté de l'Etat, ont été arrêtés vendredi et transférés dans une prison militaire.
Le chef de la junte ivoirienne vient-il d'échapper à un nouveau complot? La question se pose une fois encore en Côte d'Ivoire, après l'arrestation vendredi de plusieurs membres de sa sécurité rapprochée. On est loin des chaudes journées des 4 et 5 juillet derniers, où l'on avait assisté à une mutinerie de grande ampleur qui avait semé la panique à Abidjan et Bouaké. Cette fois, pas de vaste déploiement militaire dans les artères de la capitale économique. En revanche, la personnalité des soldats interpellés et les accusations «d'atteinte à la sûreté de l'Etat», voire selon nos sources de tentative d'assassinat contre le général Gueï, qui pèsent sur eux, alourdissent l'atmosphère en Côte d'Ivoire, dans l'attente de la publication de la liste des candidats à l'élection présidentielle du 22 octobre.

Les six caporaux détenus dans une prison militaire seraient, en effet, des proches du sergent chef «I.B», alias Ibrahim Coulibaly, un des principaux chefs de la garde personnelle du général Gueï, qui passe aussi pour un proche du leader du RDR Alassane Ouattara. Originaire du nord, comme ce dernier, «I.B» aurait été son garde du corps, du temps où il était premier ministre, entre 1990 et 1993. Il a activement participé au coup d'Etat de Noël 1999. Mais il est également l'un de ceux qui avaient constitué ces fameux groupes de mutins - le sien étant baptisé «Cosa Nostra» - érigés en justiciers aux méthodes expéditives, au point de terroriser les Abidjanais, avant d'être rappelés à l'ordre par le pouvoir. Son nom avait en outre été cité lors de mouvements de troupes autour de la Radio télévision ivoirienne (RTI), le 22 juin dernier, attribués à une lutte d'influence entre unités chargées de la sécurité de Robert Gueï.

Selon le commandant en chef de la gendarmerie, le colonel George Déon, interrogé par l'Agence France Presse (AFP), le sergent-chef Coulibaly, envoyé la semaine dernière «en stage» à l'ambassade de Côte d'Ivoire au Canada, est introuvable. Mais des armes de guerre auraient été trouvées aux domiciles des six caporaux interpellés vendredi. De leur côté les soldats proches d' «I.B» rejettent ces accusations, affirmant que tout cela n'est qu'un faux complot visant à écarter des membres de la garde jugés suspects.

Les rapports entre les ex-mutins et le chef de la junte sont houleux depuis plusieurs mois. Le soulèvement intervenu début juillet avait été réglé in extremis avec des promesses financières aux soldats mécontents. Mais il avait prouvé la fragilité de la position du général Gueï. Visiblement échaudé, il s'appuie depuis davantage sur la gendarmerie, qui avait alors choisi de le soutenir, pour sa sécurité rapprochée, que sur des ex-mutins difficilement contrôlables.



par Christophe  Champin

Article publié le 06/09/2000