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Proche-Orient

Incidents à Jérusalem

La visite du chef du Likoud Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est a provoqué de violents incidents entre les forces de sécurité israéliennes et des manifestants palestiniens.
Pour Ariel Sharon, sa visite sur l'Esplanade des Mosquée, troisième lieu saint de l'islam, était un «message de paix». Mais les Palestiniens l'ont ressenti comme une provocation, ce qui n'est guère surprenant au moment où le statut de Jérusalem est la principale cause de blocage du processus de paix. D'autant qu'il y a des précédents. Voici quelques années, Ariel Sharon, «simple citoyen», avait acheté un appartement au beau milieu de la vieille ville de Jérusalem, donnant ainsi un encouragement décisif aux militants juifs qui tentaient de s'implanter dans la ville arabe.

Les incidents se sont produits après le départ du leader du Likoud, qui était accompagné d'un imposant dispositif de sécurité. Les Palestiniens, massés sur l'Esplanade où se trouvent la mosquée Al Aqsa et le Dôme du Rocher, ont alors commencé à lancer des pierres sur les forces de police. Ces dernières ont riposté en faisant usage de balles caoutchoutées, faisant plusieurs blessés.

Le président Arafat a aussitôt réagi en condamnant cette «démarche dangereuse qui porte atteinte aux lieux saints de l'islam» et il a appelé le monde arabe et islamique à «se mobiliser contre de tels agissements».

Deux capitales côte à côte

Pour sa part, le ministre de la Justice, Yossi Beilin, tout en estimant «légitime de visiter le Mont du Temple», estime qu'Ariel Sharon a «réussi à transformer en provocation ce qui est légitime». Depuis l'échec des négociations de Camp David en juillet, les Palestiniens sont restés intransigeants en ce qui concerne leur exigence de souveraineté sur l'Esplanade des Mosquées, et ses soubassements. Or, pour les juifs, il s'agit du Mont du Temple, où s'élevait le second Temple juif détruit par les Romains en l'an 70, dont il ne subsiste plus que le mur occidental (le Mur des Lamentations). Cette intransigeance palestinienne a été encouragée par les pays musulmans, au premier rang desquels l'Arabie Saoudite et l'Egypte.

Sans céder sur le fond, Ehoud Barak et son équipe ont considérablement assoupli leur position initiale. Dans un entretien à paraître vendredi 29 septembre, le premier ministre israélien a déclaré pour la première fois que «Yeroushalaïm» et «al Qods» (les noms juif et arabe de Jérusalem) seront les deux capitales «côte à côte» d'Israël et de Palestine. Jamais Ehoud Barak n'était allé aussi loin, même s'il prend soin de préciser que toutes les implantations juives et les quartiers juifs de l'agglomération de Jérusalem feront partie de la capitale israélienne.

De là à penser que la visite d'Ariel Sharon dans ce lieu sensible n'avait d'autre but que de provoquer de nouveaux affrontements destinés à torpiller les ultimes efforts d'un Premier ministre sans majorité pour parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens, il n'y a qu'un pas, déjà franchi par de nombreux observateurs en Israël.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 28/09/2000